Le tollé né de la proposition de deux chercheurs français d’expérimenter le vaccin du Bcg en Afrique pour traiter les malades du coronavirus a-t-il sa raison d’être ? Si la méthode a choqué en terre africaine et au-delà, certains spécialistes de la santé relativisent, tout en refusant que le continent noir serve de cobaye à des expérimentations. Dans un entretien publié dans le quotidien national Le Soleil, Pr Tandakha Ndiaye Dièye, immunologue martèle : « un vaccin ne peut pas être expérimenté au Sénégal sans l’aval du comité national de l’éthique ».
En effet, devant la course pour la fabrication du vaccin contre le coronavirus, « L’Afrique ne doit pas rester en dehors du système mondial. Si le vaccin produit marche et qu’il est testé ailleurs, ce n’est pas sûr qu’il soit efficace en Afrique, soutient-il.
En revanche, précise Pr Ndiaye Dièye, « Nous aurions souhaité être des concepteurs, réaliser des essais chez nous. Nous ne défendons personne. Nous ne voulons pas être des cobayes. Mais je n’ai pas eu, à ma connaissance, un essai vaccinal sans le consentement du comité éthique », souligne l'enseignant chercheur à la Faculté de médecine de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Spécialiste de l’immunologie et membre de l’observatoire Covid-19 du ministère de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, Pr Dièye a travaillé sur plusieurs essais vaccinaux au Sénégal et dans le monde. Et le Bcg, rappelle-t-il, « protège partiellement contre les infections respiratoires, car il n’a pas été fabriqué contre toutes ces infections, mais contre la tuberculose. Par conséquent, les gens ont émis l’hypothèse selon laquelle, si l’on venait à vacciner les personnes, cela pourrait réduire la progression de 20 à 30%. Déjà, il y a 4000 personnes qui ont été enrôlées en Australie, 1.000 aux Pays-Bas, on n’a pas pensé à l’Afrique. Malheureusement, ces scientifiques n’ont pas bien expliqué, ils se sont tiré une balle dans le pied », regrette le chercheur.
0 Commentaires
Participer à la Discussion