La prostitution est légale au Sénégal. Mais sa pratique se heurte à la loi qui ne la favorise pas. A cela s’ajoutent la tradition, la religion et la coutume qui la condamnent sans appel. Plongée dans les réalités du plus vieux métier du monde !
Être en conformité avec la loi ne suffit pas, entend-on proclamer dans le milieu des professionnels du sexe (Ps). Les prostituées se disent souvent obligées de collaborer, contre leur gré, avec les forces de police et de gendarmerie. Parmi celles qu’elles appellent «les proies», S.S. se distingue. Elle dirige une association qui encadre les Ps et milite dans plusieurs organisations de défense des droits humains.
«Les besoins de survie dans le milieu sont tellement forts que même si on a les armes pour se défendre, on préfère se soumettre aux chantages ou pour ne pas perdre du temps dans les commissariats ou pour ne pas se retrouver en prison. Aujourd’hui nos trois camarades ont bénéficié du doute, mais elles ont perdu au moins une semaine derrière les grilles avant de faire face au tribunal. Pour des responsables qui font vivre leurs familles par leur travail, c’est une perte importante », dénonce-t-elle.
Après analyse de ces tracasseries policières dont les Ps sont victimes, le constat ne souffre plus d’aucune ambiguïté. « La loi ne milite pas en notre faveur alors que nous avons des droits en tant qu’êtres humains. Les policiers doivent faire preuve de tolérance et ne pas abuser de leur position. On ne peut pas représenter la loi et faire subir l’injustice à des citoyens », lâche-t-elle au sortir d’un procès de flagrant délit pour racolage et prostitution.
Au Sénégal, la prostitution est tolérée et réglementée, mais l’activité s’exerce dans le noir du fait d’un cadre juridique totalement inapproprié. En effet, la répression du proxénétisme, prévue aux articles 323 et 325 du Code pénal, empêche les prostituées d’exercer leurs activités dans les hôtels, les maisons, etc. Au bout du compte, elle (la prostituée) ne peut le faire que dans la rue. Là encore, la réglementation l’en empêche en prévoyant deux types de sanction. La première est une infraction de droit commun, car relative à l’outrage public à la pudeur. La seconde est l’incrimination de la prostitution par le biais du racolage.
Juriste consultant, Jérôme Bougazelli estime, dans plusieurs de ses écrits, qu’il est important pour les agents comme pour les prostituées de se familiariser avec les textes. «L’Etat qui réprime doit organiser des formations ou inciter les structures spécialisées à donner la bonne information. Mieux, il lui revient de mettre en place des politiques de prévention et de réinsertion des prostitué(e)s, mais aussi de veiller à une révision de l’ensemble des textes en vigueur en tenant compte de l’adhésion du Sénégal à la Convention pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui, approuvée par l’Assemblée générale des Nations Unies », analyse-t-il.
Une étude sur le cadre légal de la prostitution, réalisée par l’ONG Africa Consultants International dans le contexte de l’épidémie du sida au Sénégal démontre «la nécessité de revoir les politiques et textes qui régissent la prostitution au Sénégal dont les plus récents datent de 1969». Des textes dont le caractère reste ambigu, voire obsolète et inapproprié.
«Aucune famille au Sénégal, ne peut se prévaloir de ne connaître une personne qui s’adonne à la prostitution. Il y a dans ce milieu de nombreuses femmes qui vivent dans la souffrance. Le législateur et les pouvoirs publics ne peuvent rester insensibles à cette situation. Ils doivent mener une réflexion sur la question», constate M. Bougazelli.
Lire aussi : [DOSSIER] (2/2) Prostitution au Sénégal: « La législation n’a pas évolué depuis 1966 » (Me Ibrahima Diop);
Quand la loi expose les mineures
Pour être prostituée au Sénégal, il faut avoir 21 ans. Or, on ne compte plus les jeunes filles qui s’adonnent à cette pratique. L’exerçant dans la clandestinité, elles s’exposent à des risques sanitaires sans pouvoir accéder à des centres de prise en charge des infections sexuellement transmissibles (Ist). C’est dire que la prostitution des mineures pose d’énormes problèmes de santé publique mais également des problèmes d’ordre juridique. A ce propos, révèle le juriste : «quand une fille est interpellée pour prostitution, le juge, sachant que l’article 327 bis du Code pénal pose un problème d’application, sanctionne la prostituée mineure en se référant au vagabondage alors que la prostituée majeure doit répondre du délit de prostitution».
Ces contraintes juridiques ont un effet boomerang du fait qu’elles favorisent la clandestinité de tous les dangers ! Empêcher les mineures de s’inscrire au fichier sanitaire, c’est augmenter le nombre de clandestines et mettre en danger la population car elles ne bénéficient d’aucun des avantages qu’offrent les centres IST.
Que dit la loi sur la prostitution ?
Pour s’inscrire au fichier sanitaire et social, il faut être âgé de 21 ans au moins et présenter une carte d’identité ou un passeport pour les étrangers. La loi notifie que l’inscription est volontaire. Il faut, par conséquent, se munir de 4 photos. Une fois inscrite, un carnet sanitaire est délivré à la prostituée. Elle est soumise à d’autres obligations telles que des visites médicales de contrôle gynécologiques tous les quinze jours et à la présentation du carnet sanitaire lors des interpellations de police ou de gendarmerie.
Au registre des sanctions, la prostituée inscrite peut être poursuivie pour racolage sur la voie publique, non-présentation du carnet sanitaire lors de l’interpellation par la police ou la gendarmerie, non-respect de la date de visite médicale. Par contre, lorsqu’elle n’est pas inscrite, elle tombe sous le coup du délit de non-inscription au fichier sanitaire.
Pour ce qui est du racolage, le Code pénal distingue deux infractions : le racolage « actif » et « passif ». Pour le premier (racolage actif), il s’agit de ceux qui par geste, parole, écrit ou par tous moyens « procéderaient publiquement au racolage des personnes de l’un ou l’autre sexe, en vue de les provoquer à la débauche». Et le racolage « passif » est défini comme une attitude sur la voie publique de nature à provoquer la débauche. L’un comme l’autre sont strictement punis par la loi.
9 Commentaires
Édouard
En Novembre, 2021 (13:43 PM)Le sujet c'est de criminaliser cette pratique dégradante et la traquer sous toutes ses autres formes déguisées, traquer les prostitués du net, ceux et celles de tik-tok et Instagram !
J'ai même vu une page facebook où des mecs sans vergogne proposent des forfaits avec chambre de passe comprise dans le pack ! Si moi je l'ai vu la police ne peut pas ne pas avoir vu ça. Faut arrêter tout ça parce que les maladies prolifèrent.
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En Novembre, 2021 (14:51 PM)Siradjou Ba
En Novembre, 2021 (14:13 PM)Le colon et son auxiliaire madjouss qui l'avaient légalisé sont partis, pourquoi les taalibés des confréries continuent de laisser la prostitution légale dans un pays où ils sont majoritaires et tiennent le pouvoir ???
Qqchose m'échappe
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En Novembre, 2021 (14:37 PM)Vire et laisser vivre. Ces filles de la nuit ne font meme pas parti du top 10 des maux de ce pays.
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En Novembre, 2021 (17:57 PM)Reply_author
En Mai, 2024 (02:24 AM)Noosphere
En Novembre, 2021 (14:25 PM)J'aimerai attirer l'attention des sénégalais sur l'attitude de nos jeunes femmes ici au SÉNÉGALCela fait près d'une décennie que nous assistons à des phénomènes inconnues dont les auteurs sont pour la plupart des jeunes femmes.Elles des comportement qui déshonorent le pays, humilie leur famille et hypothèque leur avenir.Et cela touche toute les classes de la sociétés. Certaines sont très cultivé d'autre sont issues de familles très puritaine. Il y a aussi celle qui viennent de conditions difficiles ou de la classe moyenne. Cependant elles toutes la même ambition qui est d'être riche et célèbre. En d'autre terme de changer de condition de vie. Ainsi la chanteur Diéneba Balde de diop iseg, la danseuse Mbathio Ndiaye, la masseuse Adji Sarr, la jetsetteuse Rangou, l'épouse pyromane Aida mbacké, l'étudiante Diary Sow, la tik tokeuse Nabou Dash, l'animatrice Sophia de lirou diane ont voulu changer de vie ou conserver les avantages dont elles jouissaient.Il est temps que la société, je dirai même, que la famille s'interroge sur les valeurs de la tradition face au poids de l'argent. La place de l'homme et le rôle de la femme. Et surtout mettre l'accent sur l'éducation de nos enfants pour savoir comment se comporter faces aux nouveaux paradigme que sont les vices de l'argent facile, les vices du sexe sur le net et les vices des mensonges en politique
Nationaliste
En Novembre, 2021 (14:32 PM)Bon bref la prostition y est et restera dans notre sociéte autant donner des cartes à ses filles pour leurs suivi medicales comme que péxé amoul pour eradiquer ce mal.
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