La polémique enfle en France. En regard avec les chiffres des autres pays, on y vaccine très peu contre le Covid-19. Aux difficultés logistiques, s’ajoutent en effet les critiques contre la stratégie choisie. Explications.
516 Français vaccinés au 1er janvier contre le Covid-19. C’est peu, quand dans le même temps le Royaume-Uni a vacciné près d’un million de ses citoyens et l’Allemagne près de 250 000. La France dispose pourtant de stocks du vaccin de Pfizer-BioNtech : 500 000 sont disponibles et 500 000 autres doivent arriver chaque semaine.
Dès lors, pourquoi ce retard à l’allumage ? Il y a tout d’abord une part assumée – du moins dans les tout premiers jours de la campagne de vaccination. Une lenteur, voire une prudence, volontaire pour ne pas braquer les anti-vaccins, nombreux en France, et gagner petit à petit la confiance de la population. Mais très vite, le ton a changé dès que le jeu de la comparaison avec les pays voisins a commencé. « Je ne laisserai pas une lenteur injustifiée s’installer pour de mauvaises raisons », déclarait ainsi Emmanuel Macron lors de ses vœux du Nouvel An.
Consentement écrit
Une des causes de ce retard tient ainsi au protocole et la stratégie mis en place. L’objectif fixé est de vacciner plus d’un million de personne d’ici la fin du mois, principalement les plus vulnérables dans les Ehpad. Mais la France est le seul pays européen à leur demander un consentement écrit et des consultations de pré-vaccination. Au total, le processus peut durer jusqu’à 5 jours et constitue pour beaucoup la source de tous les maux.
Sur son site internet, le généticien et président de la Ligue contre le cancer, Axel Kahn écrivait ainsi : « Il faut évidemment respecter la règle du consentement […] le consentement est au centre de ma réflexion. Mais il ne faut pas exagérer ! »
Cette stratégie soulève également un autre écueil : ce n’est pas le patient qui va au vaccin, mais le vaccin qui vient à lui au sein des Ehpad. Autant de lieux différents, sur tout le territoire, où il faut acheminer un vaccin compliqué à transporter et qui provoque des problèmes logistiques pas encore résolus. Par ailleurs, tous ces établissements ne disposent pas forcément de médecins à même de réaliser les consultations pré-vaccinales.
Centres de vaccination
Une des pistes avancées pour sortir de l’ornière consisterait à mettre en place des « vaccinodromes », à l’image de ce que fait l’Allemagne dans ses länder. Ces centres de vaccination de grande taille seraient ainsi plus à même de gérer la logistique lourde. Cela imposerait cependant aux personnes souhaitant se faire vacciner de faire le déplacement.
Et ce n'est pas gagné. Lors de l’épidémie de H1N1 en 2009, la France avait déjà mis en place cette stratégie. Sans succès : les Français ne s’y étaient pas rendus. La polémique naissante sur le rythme de la vaccination en France pourrait cependant rebattre les cartes. Le gouvernement envisage ainsi d’ouvrir des centres de vaccination en ville au début du mois prochain.
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