Côté Pandémie, 2021 était une année fatale pour le Sénégal. Des morts, des scandales mais surtout des variants.
2021 a été également une année totalement pandémique. Le Sénégal à l’égard du monde vivait déjà avec le coronavirus. Le Sénégal a connu la première vague du Covid. Une deuxième vague plus douloureuse puis l’accalmie. Pratiquement plus de cas. Les décès de Covid n’existaient plus et le relâchement était aussitôt noté. Partout, les autorités administratives et politiques se passent le relais. Après ce qu’il convient d’appeler l’affaire Sonko Adji Sarr et les émeutes qui ont coûté la vie à plus d’une dizaine de Sénégalais, les meetings de Bby ont pris place. Des rassemblements aux allures de démonstrations de force au moment où le virus est toujours présent chez nous. Même le ministre de la santé oublie les gestes barrières en enfilant son manteau d’homme politique. Alerte sur alerte, les masques tombent, les bus se remplissent, les cérémonies familiales reprennent de plus belle. L’accalmie ne durera pas longtemps. Place à la troisième vague avec un nouveau variant dénommé Delta provenant de l'Inde. Cruel, il a touché le pays à plein fouet. Des centaines de morts alors que jusque-là, la pandémie avait été un peu « clémente » avec le Sénégal. On surnommait déjà le ministre de la Santé le général de la lutte contre le coronavirus.
Abandon des CTE, Vente clandestine du matériel médical…
Le constat était général. Les centres de traitement épidémiologique n’étaient plus fonctionnels pendant l’accalmie. Sans doute, le Sénégal croyait déjà avoir vaincu la pandémie de Covid-19. Mais dans la foulée, personne ne pouvait imaginer que le matériel sur place avait été ‘’vendu’’ à des privés. Pourtant, des révélations du Professeur Niang vont, tel un couperet, assommer le ministère. Au paravent des entités avaient alerté sur l’arrêt au niveau des CTE. C’est le cas de la plateforme Avenir Sénégal Bi Nu Begg qui avait invité le ministre de la Santé à s’expliquer publiquement sur les raisons de l’abandon prématuré des CTE alors que la pandémie n’était pas éteinte; les mécanismes mis en place pour la gestion et la sécurisation du matériel et des équipements médicaux achetés dans le cadre de la pandémie afin d’éviter les détournements. A ces revendications s’ajoutaient, l’existence d’un système de pantouflage par lequel des médecins du public orienteraient les malades vers les structures privées dont ils sont propriétaires ou associés, la fiabilité et la véracité des statistiques sur les contaminations, les tests, les décès, etc., qui ne semblent pas refléter l’évolution quotidienne de la maladie dans la communauté; et les raisons justifiant les difficultés des sénégalais à se faire tester et le délai anormalement long pour l’obtention des résultats.
Les révélations du Professeur Niang
Dans sa chronique du lundi 19 juillet, le Quotidien avait sonné l’alerte sur la vente du matériel du public aux structures sanitaires du privé. Les interrogations sans réponses, le journal en donne en saccade. Par exemple, le chroniqueur du journal Le Quotidien se demandait: «Où sont les centaines de lits d’hospitalisation acquis dans le Programme d’urgence de riposte contre le Covid-19 ? Où sont-ils passés ? Où sont passées les dizaines de respirateurs artificiels et les unités de production d’oxygène pour qu’on en arrive à devoir en commander à nouveau dans l’urgence ?».
«Ainsi, apprend-on que les Centres de traitement des épidémies (Cte) avaient été démontés alors que la pandémie n’était pas encore vaincue. Où sont passés les matériels démontés ?
Invité du «Jury du dimanche» d’Iradio, Dr Babacar Niang, le patron de Suma assistance et pionnier de la médecine privée, n’a pas mis de gants pour dénoncer ces pratiques en cours dans le pays. Ses révélations apportent des réponses aux questionnements du journal et depuis, de tous les Sénégalais. «Du matériel du public est vendu aux structures sanitaires du privé. La maison de… (Un grand entrepreneur) et d’autres revendeurs qui ont pignon sur rue te sortent tout le matériel que tu veux. Ce n’est pas normal. Tout ministre de la Santé qui vient, la première recommandation qu’on lui fait, c’est de ne pas soulever ce lièvre. On achète par des revendeurs qui sont agréés. Il y a d’autres même qu’on voit, ce sont des bricoleurs. Même eux, ils ont le formulaire. Pour les gants de protection, actuellement, si vous ne mettez pas 7 000 francs Cfa, vous n’avez pas une paire», déclare l’invité du «Jury du dimanche». Dr Niang, ramait ainsi à contre-courant de la bien-pensance. «Au ministère de la Santé, quand vous commencez à travailler là-bas, il y a une caisse, et vous recevez votre part tous les mois. Ça part de là-bas : On te fait une commande de deux milliards de francs Cfa, tu amènes 100 appareils, on t’en prend dix, on te rend les 90. Qu’est-ce que vous allez faire de ces 90 appareils». Révélations pour révélations, le docteur Niang ajoute que la gestion de cette troisième vague a révélé que bien des choses que l’on pouvait considérer comme acquises n’existaient que dans les discours et autres rapports officiels.
Et on découvre, pour reprendre les mots du professeur Niang, « que toutes les cliniques médicales privées de Dakar qui ne disposaient pas de matériels et autres appareils respiratoires ont pu s’en doter après le démantèlement des Cte. A l’en croire « une telle coïncidence est fort troublante, surtout qu’on assiste à la naissance d’un nouveau business, apparemment lucratif et qui se développe, avec des privés disposant d’appareils respiratoires qu’ils mettent à disposition de malades restés à domicile faute de places à l’hôpital ou ne pouvant bénéficier d’une assistance respiratoire au niveau des structures hospitalières.» L’article a également évoqué des arriérés de primes à payer aux personnels de santé qui sont accumulés, mais aussi aucun service de réanimation n’est aux normes dans la région de Dakar qui concentre plus de 86% des malades de la pandémie. C’est par ailleurs en fin décembre de l’année 2021 que le chef de l’Etat a décidé de mettre fin à cette prime de motivation des agents de première ligne dans la lutte contre la pandémie de covid-19.
Diouf Sarr saisit le procureur
Les accusations du docteur Niang sur la vente du matériel des CTE sont graves. Au point que le ministre de la santé et l’action sociale se sentent offensé. Diouf Sarr a en effet saisi le procureur. Nous sommes au mois d'août. Le Docteur Niang sera convoqué par la Brigade des affaires générales de la Division des investigations criminelles (Dic) au lendemain de la plainte du ministre de la Santé. Ce dernier a saisi le procureur de la République pour «propos diffamatoires de nature à porter le discrédit sur les efforts déployés dans le cadre de la lutte contre la pandémie au Sénégal».
900 mille Francs CFA pour l’oxygène
La troisième vague était aussi meurtrière que grave. Les cas graves étonnaient. La prise en charge un grand défi quasi-impossible face au manque criard d’oxygène. Des citoyens qui ont perdu leurs parents ont même dénoncé des ruptures. D’autres plus nantis voyaient du côté du privé ou l’oxygène était vendu plus de 900 000F CFA selon le professeur Niang. Le secteur privé n’a jamais été associé à la stratégie de riposte de l’Etat, Dr Niang soutient que les privés ont même été éloignés du centre de décisions. En plus, détaille-t-il, «il y a des malades qui payaient 900 mille francs CFA d’oxygène pendant leur hospitalisation. J’ai proposé que l’oxygène soit subventionné par l’Etat. Et la réponse a été sans équivoque. Tu es privé, tais-toi ! (D’abord), on n’a pas à te donner de l’oxygène pour tes malades». Il avait pourtant précisé que si l’Etat baissait ou subventionnait l’oxygène, les privés allaient baisser la facturation.
La polémique autour de la Centrale d’oxygène de Fann
Une polémique est née autour d’une panne de la centrale à oxygène du Cte de Fann. Des patients et accompagnants ont même expliqué qu’il y a eu des morts des suites de ladite panne. Interrogée sur la situation, le docteur Khardiata Diallo Mbaye nie les accusations. Seulement, «des pertes en vies humaines auraient pu être évitées», avait averti le Professeur Seydi dans un entretien accordé au journal Le Quotidien le 23 décembre dernier. «Nos hôpitaux sont souvent confrontés à des problèmes de panne et de qualité d’oxygène. Nous avons des problèmes au niveau des Cte. Et ça peut être fatal pour les malades. Je l’ai dit depuis plusieurs mois. Un Cte ne doit même pas avoir une seule centrale d’oxygène, il faut toujours deux. Nous, au niveau des maladies infectieuses de Fann, nous en avons mis trois, plus un back-up de bouteilles d’oxygène, parce qu’une centrale peut toujours tomber en panne. Et cela risque de nous amener à perdre des malades, une vie humaine qu’on pouvait sauver». «Il faut qu’on veille à cette qualité d’oxygène. Il y a très souvent et fréquemment des pannes d’oxygène. Ce n’est pas seulement à Fann. Je sais que c’est arrivé à Dalal Jamm et ailleurs. Il faut absolument qu’on règle de manière définitive ces problèmes d’oxygène qui peuvent exister durant la prise en charge», préconisait encore le Pr Seydi.
La Razzia de Delta
C’est pratiquement l’un des premiers variants qui ont confirmé la mutation du virus responsable du Covid-19. A son apparition, les spécialistes pensaient déjà qu’il sera le variant prédominant au niveau mondial dans les mois à venir. Comme il est très contagieux, ce variant est à l'origine de nouvelles épidémies dans certains pays, notamment chez les personnes non vaccinées.
Et de nombreux gouvernements ont dû imposer de nouvelles restrictions à leurs populations. Les virus mutent tout le temps et la plupart des changements sont sans conséquences.
L'une des principales raisons pour lesquelles le variant Delta a commencé à se propager rapidement est sa capacité à contourner les contrôles aux frontières et les mesures de quarantaine. Selon les experts, les symptômes classiques du Covid-19, qui comprennent la toux, la fièvre et la perte de l'odorat ou du goût, sont moins fréquents avec le variant Delta.
Au Sénégal, le variant Delta fait des ravages, étant à l'origine d'un grand nombre de contaminations et complications. 30% des infections à la Covid-19 enregistrées au Sénégal en juillet sont causées par le variant Delta (indien), selon le professeur Souleymane Mboup, directeur de l’Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation (Iressef).
Pendant la troisième vague, il est noté une disparition du variant Alpha, c’est le variant Delta qui prédomine. « Dans nos derniers échantillons, il constitue 30 % des nouvelles infections », avait indiqué le directeur de l’Iressef, s’exprimant en marge d’une réunion du comité national de gestion des épidémies (CNGE).
Il a rappelé que l’Iressef, un des deux centres de diagnostic du pays avec l’Institut Pasteur, effectue chaque semaine un tamisage ou un screening sur les cas positifs pour chercher des variants.
Durant tout le mois de juillet, le Sénégal a fait face à une explosion des cas liée à la propagation du variant Delta. À Dakar, le système de santé est sous forte tension alors que tous les lits d'hôpitaux dédiés aux patients atteints du Covid-19 sont occupés et que le personnel de santé est "au bord de la rupture". Les services de réanimation sont saturés, et accueillent des patients de plus en plus jeunes et non vaccinés. De cette manière, la presse nationale et internationale avait relayé l’information. Les autorités impuissantes face à cette propagation ont par ailleurs, renoué avec des mesures comme la restriction au niveau du secteur des transports, les mesures d’hygiène et surtout le confinement. Cette fois c’est Dakar et Thiès qui sont concernés. Le ministre sénégalais de la Santé a également suggéré aux services publics et privés de "privilégier le télétravail et de réduire le personnel dans les services". Les experts sénégalais regroupés au sein du CNGE ont recommandé aux populations "d'éviter tout rassemblement, de quelque nature que ce soit, d'éviter les déplacements et voyages ». Le Sénégal connaît sa troisième vague épidémique, avec un nombre de cas de contaminations multiplié par dix depuis le mois de juin. Les services de réanimation sont saturés, et accueillent des patients de plus en plus jeunes et non vaccinés. La stigmatisation autour des vaccins est passée par-là. La communication des gouvernants qui tantôt interdisent les rassemblements tantôt drainent des foules, est passée par là. Les fakes-news autour de Astra Zeneca pendant que les quelques doses de Sinopharm sentaient une connotation politique dans la distribution mis à part les professionnels de santé de première ligne.
Les chiffres de 2021….
1886 morts au Sénégal. Au mois de Mars déjà, on était à 930 morts. La courbe a pris l’ascendance et la barre des 1000 morts est franchie. Le Sénégal a enregistré 41 416 cas confirmés de COVID-19 dont 40 070 guéris et 1 139 décès. Un petit retour sur les chiffres de toute l’année renseigne plus sur la razzia de Delta qui a égrené un nombre important de morts. Au 1° janvier 2021, 19 511 cas ont été déclarés positifs dont 17 433 guéris, 416 décédés, et donc 1661 sous traitement. Au cours du mois, il y a eu 7 787 nouveaux cas et 222 décès, portant le nombre de cas à 26 927 dont 638 décès. En février, il y a 7 593 nouveaux cas et 234 décès, portant le nombre de cas à 34 520 dont 872 décès. Au 9 mars 2021, le Sénégal cumule 36 039 cas positifs dont 31 184 guéris, 930 décès et 3924 encore sous traitement. Au 4 avril 2021, le nombre total de cas est de 38 953, celui de guérisons de 37 614 et celui de décès de 1063. Le taux de mortalité est de 2,73 %, celui de guérison de 96,56 % et celui de personnes encore malades est de 0,71 %. Au 20 avril 2021, le Sénégal enregistre officiellement 39 664 contaminations et 1 087 décès depuis le début de la pandémie. En avril, il y a 1 562 nouveaux cas et 53 décès, portant le nombre de cas à 40 344 dont 1 107 décès. En mai, il y a 1 072 nouveaux cas et 32 décès, portant le nombre de cas à 41 416 dont 1 139 décès. En juin, il y avait 1 541 nouveaux cas et 27 décès, portant le nombre de cas à 42 957 dont 1 166 décès. En juillet, il y avait 19 333 nouveaux cas et 187 décès, portant le nombre de cas à 62 290 dont 1 353 décès. En août, 10 515 nouveaux cas et 412 décès, portant le nombre de cas à 72 805 dont 1 765 décès. En septembre, 970 nouveaux cas et 93 décès, portant le nombre de cas à 73 775 dont 1 858 décès. En octobre, 142 nouveaux cas et 20 décès, portant le nombre de cas à 73 917 dont 1 878 décès. En novembre, 73 nouveaux cas et sept décès, portant le nombre de cas à 73 990 dont 1 885 décès.
Delta a tué sans pitié, les cimetières submergés
À Yoff, le plus grand cimetière de la capitale, trois fois plus d'inhumations sont effectuées chaque jour. Et dans le cimetière chrétien, le ressenti est le même. Mais le nombre de décès dû au coronavirus serait encore sous-estimé.
Pour Habib Sagna, responsable du cimetière de Saint-Lazare, les ravages du Covid-19 se ressentent dans son travail. "Nous, en une semaine, on faisait six à sept enterrements. Actuellement, en une seule journée, on peut faire six à sept. Par rapport à la première vague, on ne l'a même pas senti ici. Avec tous les enterrements qu'on a faits ici, ceux qui sont Covid-19, on n'en n'avait même pas une dizaine. La deuxième vague, on en avait, mais pas tellement. Mais par rapport à cette troisième vague, on l'a subi vraiment de plein fouet. À l'échelle du pays, près de 60 000 cas de coronavirus ont été détectés depuis le début de la pandémie.
C’est un étonnement total que le gérant du cimetière de Pikine avait manifesté à nos confrères de Dakaractu qui se sont déplacés sur les lieux en pleine vague. « Depuis que je suis ici en 1993, on n'a jamais eu près de 20 enterrements dans la journée. La situation est alarmante!». Il a par ailleurs parlé de près de 14 enterrements par jour.
En novembre, le pays a connu zéro cas. L’accalmie est là mais un nouveau variant moins viril que Delta, nommé Omicron, a pris place. Dans les autres pays, la recrudescence des cas inquiète, alors qu’une stabilité est notée au Sénégal où le ministère invite au respect des mesures barrières et à la vaccination. Ce, à quelques semaines de la campagne électorale avec son lot de meetings tous azimuts se préparent….
2021 a été également une année totalement pandémique. Le Sénégal à l’égard du monde vivait déjà avec le coronavirus. Le Sénégal a connu la première vague du Covid. Une deuxième vague plus douloureuse puis l’accalmie. Pratiquement plus de cas. Les décès de Covid n’existaient plus et le relâchement était aussitôt noté. Partout, les autorités administratives et politiques se passent le relais. Après ce qu’il convient d’appeler l’affaire Sonko Adji Sarr et les émeutes qui ont coûté la vie à plus d’une dizaine de Sénégalais, les meetings de Bby ont pris place. Des rassemblements aux allures de démonstrations de force au moment où le virus est toujours présent chez nous. Même le ministre de la santé oublie les gestes barrières en enfilant son manteau d’homme politique. Alerte sur alerte, les masques tombent, les bus se remplissent, les cérémonies familiales reprennent de plus belle. L’accalmie ne durera pas longtemps. Place à la troisième vague avec un nouveau variant dénommé Delta provenant de l'Inde. Cruel, il a touché le pays à plein fouet. Des centaines de morts alors que jusque-là, la pandémie avait été un peu « clémente » avec le Sénégal. On surnommait déjà le ministre de la Santé le général de la lutte contre le coronavirus.
Abandon des CTE, Vente clandestine du matériel médical…
Le constat était général. Les centres de traitement épidémiologique n’étaient plus fonctionnels pendant l’accalmie. Sans doute, le Sénégal croyait déjà avoir vaincu la pandémie de Covid-19. Mais dans la foulée, personne ne pouvait imaginer que le matériel sur place avait été ‘’vendu’’ à des privés. Pourtant, des révélations du Professeur Niang vont, tel un couperet, assommer le ministère. Au paravent des entités avaient alerté sur l’arrêt au niveau des CTE. C’est le cas de la plateforme Avenir Sénégal Bi Nu Begg qui avait invité le ministre de la Santé à s’expliquer publiquement sur les raisons de l’abandon prématuré des CTE alors que la pandémie n’était pas éteinte; les mécanismes mis en place pour la gestion et la sécurisation du matériel et des équipements médicaux achetés dans le cadre de la pandémie afin d’éviter les détournements. A ces revendications s’ajoutaient, l’existence d’un système de pantouflage par lequel des médecins du public orienteraient les malades vers les structures privées dont ils sont propriétaires ou associés, la fiabilité et la véracité des statistiques sur les contaminations, les tests, les décès, etc., qui ne semblent pas refléter l’évolution quotidienne de la maladie dans la communauté; et les raisons justifiant les difficultés des sénégalais à se faire tester et le délai anormalement long pour l’obtention des résultats.
Les révélations du Professeur Niang
Dans sa chronique du lundi 19 juillet, le Quotidien avait sonné l’alerte sur la vente du matériel du public aux structures sanitaires du privé. Les interrogations sans réponses, le journal en donne en saccade. Par exemple, le chroniqueur du journal Le Quotidien se demandait: «Où sont les centaines de lits d’hospitalisation acquis dans le Programme d’urgence de riposte contre le Covid-19 ? Où sont-ils passés ? Où sont passées les dizaines de respirateurs artificiels et les unités de production d’oxygène pour qu’on en arrive à devoir en commander à nouveau dans l’urgence ?».
«Ainsi, apprend-on que les Centres de traitement des épidémies (Cte) avaient été démontés alors que la pandémie n’était pas encore vaincue. Où sont passés les matériels démontés ?
Invité du «Jury du dimanche» d’Iradio, Dr Babacar Niang, le patron de Suma assistance et pionnier de la médecine privée, n’a pas mis de gants pour dénoncer ces pratiques en cours dans le pays. Ses révélations apportent des réponses aux questionnements du journal et depuis, de tous les Sénégalais. «Du matériel du public est vendu aux structures sanitaires du privé. La maison de… (Un grand entrepreneur) et d’autres revendeurs qui ont pignon sur rue te sortent tout le matériel que tu veux. Ce n’est pas normal. Tout ministre de la Santé qui vient, la première recommandation qu’on lui fait, c’est de ne pas soulever ce lièvre. On achète par des revendeurs qui sont agréés. Il y a d’autres même qu’on voit, ce sont des bricoleurs. Même eux, ils ont le formulaire. Pour les gants de protection, actuellement, si vous ne mettez pas 7 000 francs Cfa, vous n’avez pas une paire», déclare l’invité du «Jury du dimanche». Dr Niang, ramait ainsi à contre-courant de la bien-pensance. «Au ministère de la Santé, quand vous commencez à travailler là-bas, il y a une caisse, et vous recevez votre part tous les mois. Ça part de là-bas : On te fait une commande de deux milliards de francs Cfa, tu amènes 100 appareils, on t’en prend dix, on te rend les 90. Qu’est-ce que vous allez faire de ces 90 appareils». Révélations pour révélations, le docteur Niang ajoute que la gestion de cette troisième vague a révélé que bien des choses que l’on pouvait considérer comme acquises n’existaient que dans les discours et autres rapports officiels.
Et on découvre, pour reprendre les mots du professeur Niang, « que toutes les cliniques médicales privées de Dakar qui ne disposaient pas de matériels et autres appareils respiratoires ont pu s’en doter après le démantèlement des Cte. A l’en croire « une telle coïncidence est fort troublante, surtout qu’on assiste à la naissance d’un nouveau business, apparemment lucratif et qui se développe, avec des privés disposant d’appareils respiratoires qu’ils mettent à disposition de malades restés à domicile faute de places à l’hôpital ou ne pouvant bénéficier d’une assistance respiratoire au niveau des structures hospitalières.» L’article a également évoqué des arriérés de primes à payer aux personnels de santé qui sont accumulés, mais aussi aucun service de réanimation n’est aux normes dans la région de Dakar qui concentre plus de 86% des malades de la pandémie. C’est par ailleurs en fin décembre de l’année 2021 que le chef de l’Etat a décidé de mettre fin à cette prime de motivation des agents de première ligne dans la lutte contre la pandémie de covid-19.
Diouf Sarr saisit le procureur
Les accusations du docteur Niang sur la vente du matériel des CTE sont graves. Au point que le ministre de la santé et l’action sociale se sentent offensé. Diouf Sarr a en effet saisi le procureur. Nous sommes au mois d'août. Le Docteur Niang sera convoqué par la Brigade des affaires générales de la Division des investigations criminelles (Dic) au lendemain de la plainte du ministre de la Santé. Ce dernier a saisi le procureur de la République pour «propos diffamatoires de nature à porter le discrédit sur les efforts déployés dans le cadre de la lutte contre la pandémie au Sénégal».
900 mille Francs CFA pour l’oxygène
La troisième vague était aussi meurtrière que grave. Les cas graves étonnaient. La prise en charge un grand défi quasi-impossible face au manque criard d’oxygène. Des citoyens qui ont perdu leurs parents ont même dénoncé des ruptures. D’autres plus nantis voyaient du côté du privé ou l’oxygène était vendu plus de 900 000F CFA selon le professeur Niang. Le secteur privé n’a jamais été associé à la stratégie de riposte de l’Etat, Dr Niang soutient que les privés ont même été éloignés du centre de décisions. En plus, détaille-t-il, «il y a des malades qui payaient 900 mille francs CFA d’oxygène pendant leur hospitalisation. J’ai proposé que l’oxygène soit subventionné par l’Etat. Et la réponse a été sans équivoque. Tu es privé, tais-toi ! (D’abord), on n’a pas à te donner de l’oxygène pour tes malades». Il avait pourtant précisé que si l’Etat baissait ou subventionnait l’oxygène, les privés allaient baisser la facturation.
La polémique autour de la Centrale d’oxygène de Fann
Une polémique est née autour d’une panne de la centrale à oxygène du Cte de Fann. Des patients et accompagnants ont même expliqué qu’il y a eu des morts des suites de ladite panne. Interrogée sur la situation, le docteur Khardiata Diallo Mbaye nie les accusations. Seulement, «des pertes en vies humaines auraient pu être évitées», avait averti le Professeur Seydi dans un entretien accordé au journal Le Quotidien le 23 décembre dernier. «Nos hôpitaux sont souvent confrontés à des problèmes de panne et de qualité d’oxygène. Nous avons des problèmes au niveau des Cte. Et ça peut être fatal pour les malades. Je l’ai dit depuis plusieurs mois. Un Cte ne doit même pas avoir une seule centrale d’oxygène, il faut toujours deux. Nous, au niveau des maladies infectieuses de Fann, nous en avons mis trois, plus un back-up de bouteilles d’oxygène, parce qu’une centrale peut toujours tomber en panne. Et cela risque de nous amener à perdre des malades, une vie humaine qu’on pouvait sauver». «Il faut qu’on veille à cette qualité d’oxygène. Il y a très souvent et fréquemment des pannes d’oxygène. Ce n’est pas seulement à Fann. Je sais que c’est arrivé à Dalal Jamm et ailleurs. Il faut absolument qu’on règle de manière définitive ces problèmes d’oxygène qui peuvent exister durant la prise en charge», préconisait encore le Pr Seydi.
La Razzia de Delta
C’est pratiquement l’un des premiers variants qui ont confirmé la mutation du virus responsable du Covid-19. A son apparition, les spécialistes pensaient déjà qu’il sera le variant prédominant au niveau mondial dans les mois à venir. Comme il est très contagieux, ce variant est à l'origine de nouvelles épidémies dans certains pays, notamment chez les personnes non vaccinées.
Et de nombreux gouvernements ont dû imposer de nouvelles restrictions à leurs populations. Les virus mutent tout le temps et la plupart des changements sont sans conséquences.
L'une des principales raisons pour lesquelles le variant Delta a commencé à se propager rapidement est sa capacité à contourner les contrôles aux frontières et les mesures de quarantaine. Selon les experts, les symptômes classiques du Covid-19, qui comprennent la toux, la fièvre et la perte de l'odorat ou du goût, sont moins fréquents avec le variant Delta.
Au Sénégal, le variant Delta fait des ravages, étant à l'origine d'un grand nombre de contaminations et complications. 30% des infections à la Covid-19 enregistrées au Sénégal en juillet sont causées par le variant Delta (indien), selon le professeur Souleymane Mboup, directeur de l’Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation (Iressef).
Pendant la troisième vague, il est noté une disparition du variant Alpha, c’est le variant Delta qui prédomine. « Dans nos derniers échantillons, il constitue 30 % des nouvelles infections », avait indiqué le directeur de l’Iressef, s’exprimant en marge d’une réunion du comité national de gestion des épidémies (CNGE).
Il a rappelé que l’Iressef, un des deux centres de diagnostic du pays avec l’Institut Pasteur, effectue chaque semaine un tamisage ou un screening sur les cas positifs pour chercher des variants.
Durant tout le mois de juillet, le Sénégal a fait face à une explosion des cas liée à la propagation du variant Delta. À Dakar, le système de santé est sous forte tension alors que tous les lits d'hôpitaux dédiés aux patients atteints du Covid-19 sont occupés et que le personnel de santé est "au bord de la rupture". Les services de réanimation sont saturés, et accueillent des patients de plus en plus jeunes et non vaccinés. De cette manière, la presse nationale et internationale avait relayé l’information. Les autorités impuissantes face à cette propagation ont par ailleurs, renoué avec des mesures comme la restriction au niveau du secteur des transports, les mesures d’hygiène et surtout le confinement. Cette fois c’est Dakar et Thiès qui sont concernés. Le ministre sénégalais de la Santé a également suggéré aux services publics et privés de "privilégier le télétravail et de réduire le personnel dans les services". Les experts sénégalais regroupés au sein du CNGE ont recommandé aux populations "d'éviter tout rassemblement, de quelque nature que ce soit, d'éviter les déplacements et voyages ». Le Sénégal connaît sa troisième vague épidémique, avec un nombre de cas de contaminations multiplié par dix depuis le mois de juin. Les services de réanimation sont saturés, et accueillent des patients de plus en plus jeunes et non vaccinés. La stigmatisation autour des vaccins est passée par-là. La communication des gouvernants qui tantôt interdisent les rassemblements tantôt drainent des foules, est passée par là. Les fakes-news autour de Astra Zeneca pendant que les quelques doses de Sinopharm sentaient une connotation politique dans la distribution mis à part les professionnels de santé de première ligne.
Les chiffres de 2021….
1886 morts au Sénégal. Au mois de Mars déjà, on était à 930 morts. La courbe a pris l’ascendance et la barre des 1000 morts est franchie. Le Sénégal a enregistré 41 416 cas confirmés de COVID-19 dont 40 070 guéris et 1 139 décès. Un petit retour sur les chiffres de toute l’année renseigne plus sur la razzia de Delta qui a égrené un nombre important de morts. Au 1° janvier 2021, 19 511 cas ont été déclarés positifs dont 17 433 guéris, 416 décédés, et donc 1661 sous traitement. Au cours du mois, il y a eu 7 787 nouveaux cas et 222 décès, portant le nombre de cas à 26 927 dont 638 décès. En février, il y a 7 593 nouveaux cas et 234 décès, portant le nombre de cas à 34 520 dont 872 décès. Au 9 mars 2021, le Sénégal cumule 36 039 cas positifs dont 31 184 guéris, 930 décès et 3924 encore sous traitement. Au 4 avril 2021, le nombre total de cas est de 38 953, celui de guérisons de 37 614 et celui de décès de 1063. Le taux de mortalité est de 2,73 %, celui de guérison de 96,56 % et celui de personnes encore malades est de 0,71 %. Au 20 avril 2021, le Sénégal enregistre officiellement 39 664 contaminations et 1 087 décès depuis le début de la pandémie. En avril, il y a 1 562 nouveaux cas et 53 décès, portant le nombre de cas à 40 344 dont 1 107 décès. En mai, il y a 1 072 nouveaux cas et 32 décès, portant le nombre de cas à 41 416 dont 1 139 décès. En juin, il y avait 1 541 nouveaux cas et 27 décès, portant le nombre de cas à 42 957 dont 1 166 décès. En juillet, il y avait 19 333 nouveaux cas et 187 décès, portant le nombre de cas à 62 290 dont 1 353 décès. En août, 10 515 nouveaux cas et 412 décès, portant le nombre de cas à 72 805 dont 1 765 décès. En septembre, 970 nouveaux cas et 93 décès, portant le nombre de cas à 73 775 dont 1 858 décès. En octobre, 142 nouveaux cas et 20 décès, portant le nombre de cas à 73 917 dont 1 878 décès. En novembre, 73 nouveaux cas et sept décès, portant le nombre de cas à 73 990 dont 1 885 décès.
Delta a tué sans pitié, les cimetières submergés
À Yoff, le plus grand cimetière de la capitale, trois fois plus d'inhumations sont effectuées chaque jour. Et dans le cimetière chrétien, le ressenti est le même. Mais le nombre de décès dû au coronavirus serait encore sous-estimé.
Pour Habib Sagna, responsable du cimetière de Saint-Lazare, les ravages du Covid-19 se ressentent dans son travail. "Nous, en une semaine, on faisait six à sept enterrements. Actuellement, en une seule journée, on peut faire six à sept. Par rapport à la première vague, on ne l'a même pas senti ici. Avec tous les enterrements qu'on a faits ici, ceux qui sont Covid-19, on n'en n'avait même pas une dizaine. La deuxième vague, on en avait, mais pas tellement. Mais par rapport à cette troisième vague, on l'a subi vraiment de plein fouet. À l'échelle du pays, près de 60 000 cas de coronavirus ont été détectés depuis le début de la pandémie.
C’est un étonnement total que le gérant du cimetière de Pikine avait manifesté à nos confrères de Dakaractu qui se sont déplacés sur les lieux en pleine vague. « Depuis que je suis ici en 1993, on n'a jamais eu près de 20 enterrements dans la journée. La situation est alarmante!». Il a par ailleurs parlé de près de 14 enterrements par jour.
En novembre, le pays a connu zéro cas. L’accalmie est là mais un nouveau variant moins viril que Delta, nommé Omicron, a pris place. Dans les autres pays, la recrudescence des cas inquiète, alors qu’une stabilité est notée au Sénégal où le ministère invite au respect des mesures barrières et à la vaccination. Ce, à quelques semaines de la campagne électorale avec son lot de meetings tous azimuts se préparent….
8 Commentaires
Défenseur
En Décembre, 2021 (14:45 PM)les sénégalais vivent dans le déni , ils meurent du virus mais leur certificat de décès signale : mort naturelle ou de maladie.
Pendant ce temps les gros bonnets s'enrichissent, font la bamboula , coupent les rubans inauguraux le tout sans masque ni distance sanitaire, pareil dans les rues et les marchés
Après avoir dénoncé le "scandale des pays riches" s'appropriant les vaccins, ils en reçoivent des millions qui finissent périmés et jetés.
Certain de chez certains appelle cela l'émergence ....
Misère
En Décembre, 2021 (15:08 PM)très douloureux à lire!
Va chercher autre chose pour meubler ton torchon. Ensuite la rédaction est digne d'un élève de CM2. Pauvres journalistes.
Seneweb Corrompu
En Décembre, 2021 (15:27 PM)Participer à la Discussion