Le Sénégal a élaboré et mis en œuvre divers plans et programmes qui ont permis d'enregistrer d'importants progrès dans le domaine de la santé maternelle. Malgré ces efforts et ces progrès des défis persistent encore. L’objectif fixé dans le court et long terme reste encore suspendu à des contraintes dans la mise en œuvre. Les chiffres dans le domaine de la santé maternelle sont donc mitigés. Exposé sur les données et les défis.
Dans le décret relatif aux attributions du Ministre de la Santé et de l'Action sociale signé par le Chef de l’Etat et rendu public quelques temps après sa prise de pouvoir, Bassirou Diomaye Faye, a invité le ministre de la Santé et de l’Action sociale à lutter activement contre la mortalité maternelle et infantile, avec pour objectif d'aligner le Sénégal sur les meilleurs standards régionaux et mondiaux en matière de santé maternelle.
Au Sénégal, les données concernant la santé maternelle sont encourageants même si les chiffres des enquêtes dans le domaine (EDS) laissent entrevoir des défis à relever. En effet, le ratio de mortalité maternelle est passé de 392 décès/100 000 naissances vivantes (NV) en 2012 à 236/100 000 naissances vivantes en 2017. La mortalité néonatale est passée, elle, de 26 à 21 pour 1 000 naissances vivantes, entre 2012 et 2019. La mortalité infantile juvénile est passée de 65 à 37 pour 1 000 naissances vivantes, entre 2012 et 2019. Il faut noter que le Sénégal continue de faire face à des défis pour la santé maternelle, néonatale et infantile à l'atteinte des Objectifs de développement durable de 2030 fixés à moins de 70 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes de 12 décès néonatals pour 1 000 naissances vivantes et de 25 décès d'enfants de moins de 5 ans pour 1 000 naissances vivantes. « En dépit des efforts substantiels consentis par notre pays, l'équité dans l'accès aux soins continue de retenir l'attention de notre département et du gouvernement du Sénégal ».
Baisse de la fécondité au Sénégal, de 5,3 en 2005 a 4,0 en 2023 :
Au Sénégal, des efforts remarquables ont été consentis par toutes les parties prenantes pour améliorer ces indicateurs de santé mère-enfant. Le taux de mortalité maternelle est estimé à 236/100 000 Naissances Vivantes, et le taux de mortalité néonatale à 28/1000 naissances vivantes. Si environ 26% des femmes en âge de reproduction utilisent une méthode moderne de contraception, les besoins non satisfaits en matière de planification familiale sont de 22 %. Enfin, 10% des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition. « La situation de la région en matière de santé maternelle et néonatale reste donc préoccupante et nous appelle à plus d'efforts pour accélérer les progrès afin de réaliser nos engagements d'une couverture universelle en Soins de Santé Primaires essentiels et d'atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD) en 2030 » a expliqué le directeur de cabinet du ministère de la santé et de l’action sociale.
Mortalité maternelle, un taux élevé malgré la tendance baissière:
Le taux de mortalité maternelle est un indice statistique de la mort maternelle. Il exprime le nombre de femmes décédées à la suite de conséquences obstétricales directes ou indirectes pendant leur grossesse ou lors des 40 jours après l'accouchement. Il faut noter que la problématique de la mortalité maternelle reste un défi majeur à relever au Sénégal. Dans son dernier recensement en 2024, l’agence nationale de la statique et de la démographie (ANSD) fait état d'une mortalité maternelle élevée, ce malgré la tendance baissière observée depuis quelques années.
Le rapport de l’ANSD sur la mortalité maternelle révèle qu’il y a 213 décès par an pour 100.000 naissances vivantes. En effet, Il ressort de l'analyse des résultats que les décès maternels sont plus élevés en milieu urbain avec 220 décès contre 207 décès pour 100 000 naissances vivantes en milieu rural. A l’échelle, nationale, le taux de mortalité maternelle est plus élevé dans les régions de Kédougou qui totalise 340 décès maternels par an pour 100.000 naissances vivantes suivi de Kolda où on recense 317 décès, Saint Louis 312 et Ziguinchor 309 décès maternels par an pour 100.000 naissances vivantes. Toutefois, le taux de décès maternel est plus faible dans les régions de Thiès et de Dakar avec respectivement 16 et 17 décès maternels pour 100.000 femmes âgées entre 15 et 49 ans. Les résultats renseignent que le risque de décès maternel chez les femmes en âge de procréer, âgées de 15 à 49 ans est estimé à 26 décès maternels par an pour 1000 femmes à l'échelle nationale.
Selon les chiffres tirés de l’enquête de l'EDS, réalisée en collaboration avec l’ANSD, cette situation est particulièrement inquiétante chez les femmes âgées entre 45 et 49 ans avec 374 décès sur 100.000 naissances et les femmes âgées entre 40 et 44 ans où on recense 290 décès. « L’ambition, c'est d'arriver au moins à 110 décès maternels en 2030, mais aussi de diminuer la mortalité infantile à 20%. En réalité, il s'agit de contribuer significativement à l'amélioration de la santé de la mère, de l'enfant, et du nouveau-né » selon le docteur Doucouré.
Baisse du taux de mortalité infantile et néonatale :
En ce qui concerne la mortalité infantile et néonatale, les chiffres issues du recensement général de l’ANSD montrent une réduction significative de la mortalité. La mort des enfants de moins de cinq ans est passée de 121% en 2005 à 40% en 2023. La mortalité des enfants de moins d'un an a également chuté drastiquement de 61% à 31%, et celle des nouveau-nés (moins de 28 jours) est passée de 35% à 23%. En réalité, ces progrès témoignent des efforts considérables consentis pour améliorer les conditions de vie et les soins de santé des enfants au Sénégal notamment dans les programmes de vaccination et le suivi sanitaire des enfants.
Hausse du taux de mortalité infanto-juvénile :
La mortalité infanto-juvénile est une statistique correspondant à la mortalité des enfants de moins de cinq ans. Elle ne doit pas être confondue avec la mortalité infantile, une mort qui intervient avant l'âge d'un an, ni avec la mortalité juvénile, une mort qui intervient entre 1 et 5 ans. Au Sénégal, l'enquête de l’ANSD fait part que sur 1000 enfants nés vivants, les 48 n'atteignent pas leur premier anniversaire et 66 décèdent avant de souffler leur cinquième bougie.
En comparaison avec l’Afrique de L'ouest, le taux de mortalité infanto-juvénile connaît une hausse préoccupante ces dernières années. Dans cette région, une femme meurt toutes les quatre minutes de causes évitables et un enfant perd la vie toutes les 17 secondes. « En 2022, près d'un million neuf cent mille enfants sont morts avant l'âge de 5 ans en Afrique de l'Ouest » a indiqué le directeur régional de l'Unicef pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, Gilles Fagninou qui s'exprimait en marge d’une cérémonie de consultation régionale tenue à Dakar du 19 au 22 novembre. D’ailleurs, le ministère de la santé du Sénégal qui avait pris part à cette rencontre attestait que si le pays continue dans sa dynamique, il peut encore faire des pas importants et être probablement à moins de 70 décès pour 100.000 naissances vivantes d'ici six ans. A noter que les taux élevés de mortalité maternelle et infantile en Afrique de l'Ouest et au Sénégal ont été identifiés comme largement liés aux problèmes des systèmes de santé en particulier aux effectifs des personnels de santé insuffisants, au manque d'accès aux médicaments essentiels et à la faible qualité des soins. Il faut noter que les autorités sénégalaises ne restent pas derrière dans cet élan de relever les défis liés à la santé maternelle. Intervenant au cours d’un atelier de validation politique du Plan stratégique de la santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile, de l'adolescent et de la nutrition 2024-2028 et du Plan d'action national budgétisé de planification familiale 2024-2028, le ministre de la Santé et de l'Action sociale, Ibrahima Sy, a évoqué la nécessité de poursuivre et d'intensifier les efforts afin de mettre en œuvre des interventions efficaces en faveur de la santé maternelle et néonatale.
L’État entre contraintes et réalisations :
La problématique pour atteindre ces objectifs résulte de la difficulté du recrutement pour une ressource humaine suffisante. Elle émane aussi de la rétention des spécialistes dans les zones périphériques et éloignées, la persistance des diverses barrières socioéconomiques et culturelles qui empêchent les femmes d'avoir accès aux SONU pendant la grossesse et l'accouchement, la redynamisation des soins de santé primaires avec renforcement des programmes relatifs aux agents de santé communautaire pour réduire les inégalités.
Cependant, des actes ont été aussi posés dans le domaine de la santé de la reproduction. Il s’agit, entre autres, de la décentralisation de la formation des agents de santé dans les régions, l'amélioration de la disponibilité des ressources humaines dédiées à la prise en charge de la santé du couple mère enfant par le recrutement dans la Fonction publique et la contractualisation de plus de 2 000 sages-femmes d'État, d'Infirmiers et de médecins. S’y ajoute la priorisation de la spécialisation des médecins en gynécologie-obstétrique, pédiatrie, anesthésie réanimation, l'amélioration de la disponibilité des produits et intrants d'importance vitale pour la santé de la mère et de l'enfant, jusqu'au dernier kilomètre.
Le docteur Doucouré, patron de la division de la santé de la mère et de l’enfant (DSME) note aussi, le renforcement des soins obstétricaux et néonatals d'urgence pour une meilleure accessibilité de la prise en charge des complications obstétricales, l'intensification de la prise en charge intégrée des maladies de l'enfant au niveau clinique et communautaire, le renforcement de la couverture sanitaire universelle avec la gratuité de la césarienne et des soins chez les enfants de moins de 5 ans, le renforcement du programme élargi de vaccination qui passe de six à 12 antigènes, avec l'introduction de nouveaux vaccins comme l'hépatite B, le rotavirus, le pneumocoque, l'Haemophilus Influenzae et l'Human, Papilloma Virus.
Des progrès en chiffre :
L’enquête EDS réalisée en 2023, démontre des progrès remarquables dans l'amélioration des soins de santé maternelle et infantile au Sénégal. Le rapport a révélé que 83% des femmes ont reçu des soins postnataux dans les deux jours suivant l'accouchement dans les établissements de santé. Les projecteurs mettent la lumière sur une amélioration notable de l'accès aux soins maternels.
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