Peter Piot, le médecin louvaniste qui a découvert le virus Ebola en 1976 au Zaïre, estime la nouvelle percée du virus en Afrique "hors de contrôle". "C'est sans précédent", a-t-il confié à la chaîne américaine CNN, redoutant que l'épidémie ne s'étende à plus de pays et que le bilan mortel ne s'alourdisse encore.L'épidémie d'Ebola qui frappe actuellement l'Afrique de l'ouest a déjà causé la mort d'au moins 467 personnes sur les 759 cas (ceux recensés, ndlr) en Guinée, au Sierra Leone et au Liberia.
Une première à trois niveaux
Peter Piot, le médecin belge qui a découvert le virus à Yambuku il y a près de quarante ans, semble effrayé par la recrudescence de la maladie. Ancien directeur d'ONUSIDA et directeur actuel de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, le docteur Piot qualifie l'épidémie d'inédite et la juge incontrôlable. "Tout d'abord, une telle épidémie n'a jamais eu lieu en Afrique de l'ouest", analyse-t-il dans une interview accordée à la présentatrice Christiane Amanpour pour CNN. "En second lieu, c'est la première fois qu'une épidémie touche trois pays en même temps. Troisièmement, c'est également une première de voir le virus apparaître dans des capitales". Le virus avait en effet jusqu'ici toujours concerné des zones rurales très isolées.
90% de décès
Le développement de la maladie est soudain et très impressionnant. Les premiers symptômes s'apparentent à une simple grippe: maux de tête, fièvre et éventuellement une légère diarrhée. "Puis soudain, le sujet souffre d'hémorragies. Rapidement, elles deviennent incontrôlables. Et c'est de cela que les gens meurent", explique le médecin. Le macabre bilan d'Ebola risque d'augmenter encore très sérieusement, craint le professeur. Le risque mortel est en effet extrêmement élevé: nonante pour cent des personnes atteintes par le virus en meurent. "C'est extrêmement mortel", confirme Peter Piot. Or le virus ne fait que gagner du terrain.
B.a.-ba de l'hygiène
Pourtant, en théorie, Ebola est aisé à contenir en recourant à des mesures d'hygiène et de sécurité très basiques: utiliser des gants, se laver les mains au savon, ne jamais utiliser deux fois du matériel d'injection. Des règles sanitaires évidentes mais visiblement trop peu respectées. "C'est une maladie typiquement liée à un problème dans le système de santé d'un pays. Preuve en sont les premières victimes. Qui meurt en premier? Les infirmières, les médecins...", explique le médecin.
Hommage risqué
Une deuxième vague de contamination a lieu lors du décès du malade. "Les moments de préparation du corps, lorsqu'il est lavé, puis des funérailles, où il est touché par les connaissances, sont très dangereux car la dépouille est infestée par le virus", regrette le médecin. "C'est extrêmement vicieux". Toute personne dissimulant un proche décédé à cause du virus sera condamnée, ont d'ailleurs déclaré les autorités libériennes. Par contre, le risque de contamination est nul par les voies respiratoires. La population ne craint rien en cas de contact dans un bus, par exemple.
Anonymat de la ville
Le problème de la contamination dans les grandes villes est cependant très inquiétant car les malades sont beaucoup plus difficiles à localiser que dans les zones reculées où tous les habitants se connaissent et peuvent signaler une personne atteinte. Dans l'anonymat des métropoles, les individus échappent à la vigilance des autorités sanitaires et le virus continue à s'étendre. Peter Piot affirme craindre que le virus ne s'étende encore massivement, vers les pays voisins comme le Sénégal et le Mali en raison des frontières très poreuses entre états, notamment à cause du commerce. "C'est excessivement inquiétant. Cela pourrait évoluer vers une crise sanitaire grave, à mes yeux l'état d'urgence doit être décrété", résume-t-il encore.
7 Commentaires
Qsd
En Juillet, 2014 (21:49 PM)Eb
En Juillet, 2014 (21:59 PM)Monkey
En Juillet, 2014 (22:02 PM)Stopper Ebola
En Juillet, 2014 (23:20 PM)Momo
En Juillet, 2014 (02:08 AM)Yambuku
En Juillet, 2014 (08:44 AM)Pharoah
En Juillet, 2014 (08:47 AM)Participer à la Discussion