Pour éviter les grossesses non désirées, la contraception d’urgence doit être davantage vulgarisée auprès des filles. Mais, elle ne doit pas être considérée comme une méthode régulière de planification familiale.
La contraception d’urgence (Cu) est un moyen sûr et efficace pour prévenir une grossesse après un rapport sexuel non ou mal protégé. Elle empêche l’ovulation ou la rencontre d’un ovule et d’un spermatozoïde. Mieux, elle ne provoque pas un avortement et n’interrompt pas une grossesse en cours. Ces assurances ont été données lors d’une journée de dialogue sur la contraception d’urgence organisée par le Population council et ses partenaires. Les participants à cette rencontre ont débattu des bienfaits de cette méthode et ont plaidé pour qu’elle soit davantage vulgarisée.
La directrice de Population council au Sénégal, Nafissatou Diop, a révélé que les résultats des études réalisées sur la contraception d’urgence (Cu) montrent que les populations, notamment les femmes e les filles et même des prestataires de santé, n’ont pas un bon niveau de connaissance de cette méthode, souhaitant ainsi qu’elle soit connue par cette couche sociale. « Il est important que les ministères de la Santé, de la Famille et de la Jeunesse, ainsi que le Population council se mettent ensemble pour rédiger un plan d’actions afin de mieux vulgariser cette méthode pour qu’elle soit connue », a estimé Mme Diop. Elle a ajouté qu’il faut s’assurer que la méthode soit à la disposition des populations. « C’est pour cette raison que nous souhaitons la vulgarisation de la méthode, afin qu’elle puisse être utilisée de la meilleure façon possible par les femmes en cas de besoin », a indiqué Nafissatou Diop.
Contraception régulière
Le ministère de la Santé a mis la contraception d’urgence dans le Plan national de planification familiale. C’est la preuve, selon plusieurs intervenants, que l’autorité sanitaire reconnaît l’efficacité de cette méthode. Cependant, il faut s’assurer qu’elle soit utilisée par des femmes, en particulier celles victimes de viol.
Dr Bocar Mamadou Daff de la Direction de la santé de la reproduction et de la Survie de l’enfant (Dsr/Se) au ministère de la Santé a révélé que des études ont montré que, bien que la contraception d’urgence soit largement disponible dans les officines et les structures de santé publique, elle n’est pas suffisamment vulgarisée. Pourtant, a-t-il informé, la Cu est autorisée. Mieux, elle est intégrée dans le Plan national de planification familiale (Pnpf). « Sa classification du tableau A des produits nécessitant une prescription et son autorisation dans le cadre des soins post-viol/inceste doivent faire l’objet de débat à large échelle », a estimé Dr Daff.
Selon Dr Marie Jésus Buabey Chede, chef du service jeunes et adolescents à la Dsr/Se, la contraception d’urgence doit être utilisée dans des cas exceptionnels, à savoir le viol. « Sur ce plan, l’utilisation de la Cu s’impose pour éviter la grossesse non désirée, parce que les conséquences peuvent aboutir à un avortement qui n’est pas encore légalisé au Sénégal », a-t-elle expliqué. Toutefois, « nous invitons les adolescentes à l’abstinence, qui est la première méthode de contraception. Il peut arriver qu’elles soient victimes de viol. Dans ce cas, nous leur conseillons d’utiliser la Cu », a suggéré Dr Chede. Elle a aussi invité les couples à privilégier les contraceptions régulières de planification familiale.
Abondant dans le même sens, Babacar Mané, chargé de programmes au Population council Sénégal, a rappelé que la Cu n’est pas une méthode régulière de planification familiale. Mais, elle permet de répondre à des besoins ponctuels. « Nous sommes pour la vulgarisation de la Cu à cause du degré de violence sexuelle dans nos familles. Il faut que les femmes disposent d’informations en sachant qu’après un viol, elles doivent se procurer la Cu afin d’éviter une grossesse non désirée, a plaidé Dr Marie Jésus Buabey Chede. Selon elle, en faisant la promotion de la Cu, il est important de rappeler aussi la prévention des infections sexuellement transmissibles, notamment le Vih, car la Cu ne protège pas contre les Ist et le Vih. Au Sénégal, la prévalence du Vih chez les jeunes filles âgées de 15 à 24 ans en état de grossesse est de 1,4 %.
L’utilisation répétée est sans effet sur la santé de la femme
L’utilisation répétée de la contraception d’urgence est sûre, a déclaré Sarah Rich, chargée de programme au Consortium de contraception (Family Care international). Mieux, a-t-elle soutenu, la fiche d’informations de 2012 de l’Organisation mondiale de la santé sur les pilules de contraception d’urgence a indiqué que l’utilisation répétée ne pose pas de risques connus sur la santé de la femme. Elles sont sûres, même lorsque les femmes les prennent plus d’une fois dans un même cycle menstruel, a fait savoir Mme Sarah Rich. Dans le document remis aux participants, il est indiqué que la Cu ne provoque pas d’avortement. Elle n’a pas d’effets nocifs sur la fécondité future.
Babacar Mané de Population council a confirmé cette information en soulignant qu’au plan scientifique, les recherches menées à travers le monde ont démontré qu’une utilisation répétée de la Cu n’a pas d’effet majeure sur la santé de la femme.
Par contre, du côté du ministère de la Santé et de l’Action sociale, l’utilisation répétée de la contraception d’urgence est déconseillée. Selon Dr Chede, le département n’encourage pas l’utilisation répétée de la Cu. Elle ne doit être utilisée qu’en cas d’urgence, parce que ce n’est pas une méthode régulière de planification familiale. Dr Marie Jésus Buabey a rappelé qu’une fille ou femme sexuellement active doit recourir aux méthodes contraceptives régulières, comme le Diu et le Jadelle. « La Cu est une méthode de rattrapage, surtout en cas de viol ou d’inceste », a-t-elle précisé. De l’avis du Dr Bocar Mamadou Daff, la Cu ne peut pas servir de méthode contraceptive régulière, mais elle contribue à l’atteinte des Objectifs 4 et 5 du millénaire pour le développement.
Au Sénégal, 9 femmes sur 10 ignorent la contraception d’urgence
La dernière Enquête démographique et de santé (Eds) a révélé qu’au Sénégal, seule une femme sur 10 connaît la contraception d’urgence. Pareil pour les hommes qui ont aussi un très faible niveau de connaissance de la Cu. « Nous avons le devoir de faire connaître cette méthode par toutes les couches de la population », a déclaré Babacar Mané. Au Sénégal, beaucoup de personnes, a-t-il expliqué, pensent que la Cu est un moyen d’avortement, alors que le contraire a été démontré. Cependant, elle est un moyen de lutte contre les grossesses précoces.
4 Commentaires
Téte De Con
En Juillet, 2013 (17:06 PM)Rissa
En Juillet, 2013 (18:19 PM)Toccc
En Juillet, 2013 (19:23 PM)Il est vraiment nécessaire de sensibiliser toutes les jeunes sénégalaises, cela permettra de lutter contre les avortements clandestins qui ont des conséquences dramatiques.
Poste N°2, il faut peser le pour et le contre! quoiqu'on dise cette politique de vulgariser la Cu fait parti du plan de lutte contre la Mortalité Maternelle qui demeurre un très fléau mondial.
Doxondem
En Juillet, 2013 (21:17 PM)Participer à la Discussion