A Makacoulibantang, l’espacement des naissances
n’est pas le plat favori des hommes. Dans ce village conservateur peuplé
de mandingues à 90 %, la planification familiale est l’affaire des…
autres. C’est la conviction de Makhtar et de Samba Bâ qui se soucient
peu de l’état de santé de leurs épouses prétextant que le Coran
encourage les multiples naissances, pour propager l’Islam. «Je n’y crois
pas trop ces choses. Mon épouse a 21 ans et elle a trois enfants.
Jusque-là, elle n’a jamais eu de problèmes de santé liés à sa
maternité. Et puis cette planification familiale est une affaire de
toubab (européens) qu’on veut nous imposer alors que c’est contraire
aux enseignements du Prophète (Psl)», explique Makhtar la quarantaine
bien sonnée. Cet homme au physique de type sahélien, paysan de son
état, ne semble pas prêt à baliser le chemin à son épouse qui lui a
exprimé le besoin d’espacer la naissance de ses naissances.
Itou
pour Samba qui n’a que très peu apprécié la question ! L’espacement
des naissances n’est pas manifestement son dada. Déjà père de quatre
enfants, tous d’une même femme, il est en voie d’être père une nouvelle
fois, malgré son jeune âge (27 ans). Egalement paysan dans le village de
Maka, l’homme d’une imposante taille, a la même conception de la
planification familiale que les milliers d’autres hommes de ce patelin.
Mais malgré tout, le sous-préfet de Maka, Oumar Dieng demeure
optimiste : «Ce n’est pas impossible, mais ce sera difficile d’impliquer
les hommes dans la planification familiale.» Avant d’ajouter entre deux
sourires : «C’est une zone conservatrice et réfractaire à ces
pratiques. Il y a surtout le facteur culturel qui bloque toutes les
initiatives des Ong qui interviennent dans la zone.»
En réalité, le
mal de Makacoulibantang réside dans l’analphabétisme de ses résidents.
Plus de 90% de la population ne savent pas lire encore moins écrire.
Surtout les femmes qui sont encore «esclaves» des caprices de leur mari.
Certaines d’entre elles, qui sont bien conscientes des dangers
qu’elles courent avec les naissances rapprochées, prennent le risque
d’adopter cette pratique. C’est le cas de Coumba Cissokho, vieille de
seulement 18 hivernages. «Je prends le risque de consommer des produits
contraceptifs à l’insu de mon mari, après avoir parlé avec «une bajjenu
goxx» (matrone de quartier). Je suis bien du fait des bienfaits de la
planification familiale mais mon mari ne veut rien savoir de ces choses.
Mais comme c’est de ma santé qu’il s’agit, j’ai pris mes
responsabilités.» Et Coumba n’est pas un cas isolé, nous confie Adja
Marème Kane. Avec son statut de bajjenu goxx, Mme Kane n’a de cesse
essayer de sensibiliser les hommes sur la Pf, toujours sans succès. Mais
elle dit réussir tant mieux que mal à convaincre certains hommes à
aider leurs épouses en ce sens. Avant de révéler que beaucoup de femmes
sont répudiées dans ces villages parce que leur mari ont appris qu’elles
espaçaient en cachette les naissances de leurs enfants.
0 Commentaires
Participer à la Discussion