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Même guéris, certains malades du coronavirus garderont des séquelles "à vie"

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Même guéris, certains malades du coronavirus garderont des séquelles "à vie"
Alors que le nombre de cas confirmés de Covid-19 ne cesse d'augmenter dans le monde, le nombre de guérisons est heureusement largement supérieur à celui des décès. Mais des experts médicaux interrogés par France 24 avancent que le Covid-19 peut affecter sur le long terme les poumons, le cœur, le cerveau et d’autres organes. Pour certains patients, les séquelles de la maladie peuvent être irrémédiables.

Cela pourrait constituer une deuxième phase de la pandémie de coronavirus. Alors que plus d'un million de cas de coronavirus confirmés dans le monde étaient dénombrés le 3 avril, des médecins ont signalé que certains malades, guéris du Covid-19 avaient développé un syndrome de détresse respiratoire aigüe (SDRA), une pathologie grave pouvant gêner les patients les plus atteints le reste de leur vie.

Le doyen de la revue médicale The Lancet a été l’un des premiers à tirer la sonnette d’alarme en publiant en février un article démontrant que 29 % d’un groupe de patients de Wuhan, suivis par des chercheurs entre la mi-décembre et le début du mois de janvier, avaient développé un SDRA.

Un article similaire, réalisé par la British Faculty of Intensive Care Medicine et publié le 15 mars dans le Sunday Times, mettait en lumière que 17 % des patients admis en soins intensifs, dont le traitement a été analysé, ont développé ce syndrome. Quelques jours avant la publication des résultats de l’étude menée par les médecins britanniques, des chercheurs de Hong Kong ont découvert que sur 12 patients ayant quitté l’hôpital après avoir été guéris du coronavirus, deux ou trois avaient une fonction respiratoire diminuée.

Les dommages peuvent durer "à vie"

Le coronavirus a été traité "comme si c'était une question de vie ou de mort - si vous recevez les soins médicaux adaptés, vous pouvez survivre - mais certains anciens malades ont des problèmes qui persistent", note Lynn Goldman, doyenne de l’Institut Milken à l’école de santé publique de l’université George-Washington, aux États-Unis. "En fonction de la gravité du SDRA que vous pouvez avoir, les séquelles peuvent rester à vie."

"Un grand nombre de malades guéris du SDRA ne peuvent pas retourner au travail", ajoute Onjen Gajic, pneumologue et spécialiste des soins intensifs à la clinique Mayo de Rochester, dans le Minnesota.

Le SDRA n’est pas un phénomène nouveau, il a été décrit pour la première fois en 1967. Les causes les plus courantes de ce syndrome sont la pneumonie, les septicémies et les cas les plus graves de grippes. La liste des symptômes qu’il provoque comprend un essoufflement extrême ainsi qu’une impression d'épuisement et de confusion. En plus du système respiratoire et cardiovasculaire, le SDRA peut également affecter d’autres organes vitaux en empêchant les poumons de les alimenter suffisamment en oxygène.

Le coronavirus peut provoquer chez les patients "une inflammation et la création de liquide dans une grande partie des poumons, limitant leur capacité à oxygéner suffisamment leur sang pour permettre le fonctionnement normal des organes", explique Julie Fischer, professeure chargée de recherches en microbiologie et immunologie à l'université de Georgetown, à Washington DC.

"Les patients les plus gravement atteints ont besoin d’une respiration artificielle pour que leurs tissus restent oxygénés jusqu’à ce que l’inflammation diminue", ajoute la scientifique. "L’inflammation, tout comme la respiration artificielle nécessaire pour aider le patient à survivre, peut endommager les tissus fragiles des poumons qui sont impliqués dans le transfert d’oxygène. Cela peut affecter le fonctionnement des poumons même après que le patient a guéri d’une forme sévère du Covid-19."

"Survivre au virus n’est qu’un début pour les malades"

Dans les cas graves de Covid-19, "la pneumonie virale [provoquée par le virus] se transforme en SDRA plus souvent que chez les patients atteints de la grippe", observe, de son côté, Onjen Gajic.

Sur le moyen ou le long terme, "le déclin des fonctions respiratoires en elles-mêmes sont moins prononcées que d’autres conséquences" chez les personnes souffrant de SDRA, précise le pneumologue. Les conséquences les plus graves sont "un déclin de l'état physique et fonctionnel, des changements dans les fonctions cognitives et des effets psychologiques", affirme-t-il.

Une bonne part des dommages causés sur d’autres organes que les poumons tient aux effets secondaires des traitements nécessaires mais invasifs qui sont administrés aux patients en soins intensifs, explique Panagis Galiatsatos, pneumologue et maître de conférence à l’école de médecin de l’université Johns-Hopkins, à Baltimore. "La difficulté en soins intensifs, c’est que les deux organes sur lesquels nous nous concentrons sont le cœur et les poumons. Et, quand nous déployons tant de moyens pour essayer de les protéger, nous savons que cela aura des conséquences sur d’autres organes."

"Les reins, par exemple, peuvent commencer à se dégrader. Il est courant que des patients sous respiration artificielle aient besoin de dialyse. Par ailleurs, l’utilisation de médicaments pour plonger les patients dans un coma artificiel peut provoquer certains degrés de délire qu’il sera difficile de soigner", ajoute-t-il.

Panagis Galiatsatos estime, comme Lynn Goldman, que, pour certains malades guéris du Covid-19, les effets du SDRA provoqué par le virus pourraient être irrémédiables. "Certains patient se remettront en trois mois mais d’autres auront des séquelles à vie."

Pour le pneumologue, la gravité et la durée de ces séquelles dépendront de trois facteurs. Premièrement, de "l’état dans lequel sont vos poumons. Si vous avez respiré un air sain au cours de votre vie, vous avez plus de chances de vous rétablir rapidement". Deuxièmement, "de la gravité du SDRA dont vous avez été atteint". Troisièmement, puisque les a peuvent eux-mêmes endommager les poumons, "du fait que vous ayez eu besoin [ou non] d’une de ces machines".

"Survivre au virus n’est qu’un début pour les malades", souligne Panagis Galiatsatos. "Plus nous reconnaîtrons que [les séquelles de certains patients vont] être le prochain chapitre de cette pandémie, mieux ce sera."  


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