La petite Fatou Faye s’avance à tâtons, avalant péniblement les marches des escaliers du Groupe Futurs Médias. Guidée par sa mère, la petite, 10 ans, fourrée dans une robe noire sur un bas du même ton, un foulard recouvrant totalement sa face défigurée, ne verra peut-être plus jamais la lumière. La nuit a recouvert d’un voile sombre l’innocence de sa vie un soir de fraîcheur. En ce 26 du mois de janvier 2012, Fatou pique, pour la première fois de son existence, une crise d’épilepsie. Elle ne s’en relèvera jamais. Transférée au district sanitaire de Ngaparou, puis à l’hôpital de Grand-Mbour, un pédiatre prescrira à ses parents une ordonnance composée d’injections et de comprimés de Gardénal. Malheureusement pour elle, après une prise prolongée, les effets indésirables du médicament feront leur apparition sur son frêle corps de pubère. Des boutons envahissent son visage et ses yeux perdent, jour après jour, la lumière. Fatou deviendra aveugle. Aujourd’hui, ses études sont hypothéquées et sa vue est suspendue à une intervention en Europe. Désœuvrés, ses parents, qui rechignent à ester en justice contre la structure sanitaire indexée, en appellent à l’aide des bonnes volontés pour faire recouvrer la vue à leur petite Fatou.
«Je m’appelle Oumy Ndiaye. J’ai 39 ans et je suis ménagère. Je suis la maman de Yaye Fatou Faye qui est âgée de 10 ans et qui est élève en classe de Ce1. J’ai 4 enfants et Fatou est la 3e. Ma famille et moi habitons à Ngaparou, dans le département de Mbour. Le 26 janvier 2012, ma fille a piqué une crise, nous l’avons acheminée au district sanitaire de Ngaparou. Les médecins, face à leur impuissance à soulager sa crise, l’ont convoyée à l’hôpital de Grand-Mbour. Une fois eu Centre hospitalier de Mbour, un pédiatre lui a prescrit du Gardénal (médicament recommandé pour le traitement des épilepsies partielles et généralisées) après une hospitalisation qui a duré 3 jours. Selon le médecin, ma fille souffrait de crise d’épilepsie. Elle est sortie de l’hôpital le 28 janvier. Sur ces ordonnances, le médecin nous recommandait de lui faire prendre du Gardénal en comprimés, une fois par jour.
«Deux semaines après sa crise, ma fille a commencé à avoir des boutons sur le visage et à se plaindre de douleurs aux yeux»
Ma fille n’a jamais piqué de crise d’épilepsie de sa vie. Et dans notre famille, il n’y a jamais eu d’antécédent de ce genre. C’était la première fois. Ce jour-là, Fatou revenait de l’école et on lui avait demandé de balayer la cour de la maison mais, elle avait opposé un refus catégorique. Quand je suis rentrée du travail, ma famille m’a expliqué ce qui s’était passé. Je l’ai trouvée dans la chambre pour lui remonter les bretelles. Une fois dans la chambre, je l’ai trouvée dans une position statique, les yeux figés sur un point invisible de la chambre. Je lui ai demandé les raisons de son refus quand on lui a demandé de balayer, elle n’a rien dit. Devant mon insistance, elle a observé un mutisme troublant. J’ai interpellé mes sœurs pour leur demander ce qui se passait, elles m’ont juste rétorqué que Fatou était une petite fille très vivante qui aimait faire des simagrées. Son comportement m’intriguait. Je l’ai ramenée de nouveau dans la chambre de ma mère pour discuter seule avec elle. Face à mes questions, elle répondait par un babillage incompréhensible et continuait de regarder le vide. Inquiète, je lui ai appliqué sur le visage de l’eau bénite, mais elle continuait toujours à fixer un point invisible à l’horizon. Quelques minutes plus tard, elle a commencé à piquer une crise. On l’a allongée sur le lit. Elle avait les yeux révulsés et de la bave à la bouche. Une fois à l’hôpital de Grand-Mbour et après 3 jours d’hospitalisation, nous sommes rentrés à la maison avec ma fille. Nous lui donnions, comme recommandé, chaque jour un comprimé de Gardénal. Nous étions loin de nous douter qu’elle était allergique à ce médicament. Je pense qu’en plus des comprimés, on lui a fait trois injections de Gardénal lorsqu’elle était hospitalisée. Je n’en suis pas trop sûre, mais sur les ordonnances, il était prescrit 4 injections de Gardénal et quand on sortait, il n’en restait plus qu’une. Elle ne prenait que ce médicament. Et je pense qu’elle était allergique à ce médicament. C’est le samedi 18 février que ma fille a commencé à se plaindre. Nous étions allés à une fête organisée par mes employeurs. Le dimanche, ma fille est venue vers moi pour me dire qu’elle avait des douleurs aux yeux. Sur son visage, apparaissaient de petits boutons. Elle refusait de s’alimenter. Le lundi, en partant au travail, j’ai demandé à ma mère de l’amener dans la journée au district sanitaire du coin. Vers 14 heures, j’ai appelé à la maison pour savoir ce qu’il en était, ma mère m’a dit qu’une fois au district sanitaire, les médecins ont décidé de la maintenir en observation. J’ai rappliqué derechef au district sanitaire et là, les médecins m’ont donné un bon d’évacuation pour une hospitalisation à l’hôpital de Grand-Mbour. Ma fille y a passé la nuit en compagnie de ma mère. Moi, je suis retournée à la maison pour chercher de l’argent. Au matin, ma mère m’a appelée pour me dire qu’on allait évacuer ma fille sur Dakar, précisément à l’hôpital Aristide Le Dantec. Au début, elle était réticente à me l’avouer mais, c’est par la suite qu’elle a consenti à me le dire. Les médecins ont jugé que son cas s’était aggravé et qu’il fallait l’évacuer d’urgence sur Dakar. Pour vous dire que même à Ngaparou, les médecins ont refusé de la toucher sous prétexte qu’on a attendu que son cas s’aggrave pour l’acheminer au district. J’ai juré aux médecins que ces boutons ne sont apparus sur son visage que la veille, dans la soirée et le matin, nous l’avons acheminée le plus tôt possible au district. Une fois admise au service dermatologique de l’hôpital Aristide Le Dantec, elle y a été hospitalisée pendant 2 mois avant que les médecins ne constatent un léger mieux du point de vue dermatologique. Par la suite, elle a été orientée au service Ophtalmologique du même hôpital. Elle avait rendez-vous tous les vendredis à l’hôpital, mais, cela m’est devenu très pénible aujourd’hui, car la distance Mbour – Dakar n’est pas toujours évidente et ce n’est pas toutes les semaines que je peux avoir de l’argent pour notre transport. J’ai épuisé toutes mes économies pour les soins de ma fille. Il m’arrive même de demander des avances sur salaire pour pouvoir assurer ses frais de transport et ses soins à l’hôpital. Les médecins m’ont dit que pour ce qui concerne ses problèmes dermatologiques, cela pouvait se soigner ici. Mais, pour ce qui est de ses yeux, il fallait des soins à l’étranger. Parce qu’aujourd’hui, ma fille ne voit plus. Je fais tout pour elle. Lors de notre première rencontre, le médecin m’a dit qu’il fallait qu’on lui fasse des analyses d’abord pour pouvoir diagnostiquer son mal. Un professeur l’a consultée une fois et a nettoyé ses yeux avant de nous mettre en rapport avec un autre professionnel de la santé qui doit lui faire faire des analyses.
«Ma fille passe ses journées enfermée dans la chambre, sous le ventilateur»
Je ne pense pas que je vais porter plainte contre la structure sanitaire qui lui a prescrit du Gardénal. Ce sera un vain combat. Je veux juste soigner ma fille. Si je porte plainte contre l’hôpital, nous allons traîner dans des procédures longues et coûteuses et je ne suis même pas sûre qu’on sortira gagnant de cette procédure. Pendant tout ce temps, ma fille vivra avec son mal et peut-être même que sa maladie va empirer. Aujourd’hui, elle mange et boit normalement mais, elle a perdu tous ses cheveux, ses ongles et ses paupières demeurent obstinément closes. En plus de cela, elle ne supporte plus la chaleur. Elle passe ses journées enfermée dans la chambre, sous le ventilateur. Son père et moi sommes désespérés. Son père est un pêcheur qui passe le plus clair de son temps en haute mer. Nous en appelons à l’aide des bonnes volontés pour pouvoir sauver les yeux de ma fille. Ses études sont en suspens. Elle ne va plus en classe depuis janvier. Avant, elle ne dormait pas la nuit, mais maintenant, elle y arrive. Je pense qu’elle n’est pas encore consciente de ce qui lui arrive. Elle est insouciante et vit plutôt bien sa cécité. C’est moi qui souffre le plus de voir la vie de ma fille ainsi hypothéquée. C’est très douloureux pour une maman de voir la vie de sa fille réduite à du néant par la faute d’une «négligence» médicale.»
12 Commentaires
Mestyui
En Juin, 2012 (20:09 PM)Vii
En Juin, 2012 (20:15 PM)-d'abord il y a une affection neurologique.
-et puis tout médicament peut avoir des effets secondaires,en particulier le Gardénal.
K
En Juin, 2012 (20:17 PM)Dommage
En Juin, 2012 (20:24 PM)Vladimir Putin
En Juin, 2012 (20:25 PM)Thiessois
En Juin, 2012 (20:27 PM)Senegal Ndiaye
En Juin, 2012 (21:06 PM)Moi
En Juin, 2012 (22:45 PM)Chez l'adulte
• Soit en monothérapie,
• Soit en association à un autre traitement antiépileptique :
o Traitement des épilepsies généralisées : crises cloniques, toniques, tonico-cloniques.
o Traitement des épilepsies partielles : crises partielles avec ou sans généralisation secondaire.
Chez l'enfant
• Soit en monothérapie,
• Soit en association à un autre traitement antiépileptique :
o Traitement des épilepsies généralisées : crises cloniques, toniques, tonico-cloniques.
o Traitement des épilepsies partielles : crises partielles avec ou sans généralisation secondaire.
Effets indésirables
- somnolence en début de journée,
- réveil difficile avec parfois difficultés pour articuler,
- troubles de la coordination et de l'équilibre,
- rarement des vertiges avec céphalées,
- réactions cutanées le plus souvent sous forme d'éruptions maculopapuleuses morbilliformes ou scarlatiniformes,
- possibilité de réactions cutanées graves incluant de très rares cas de syndrome de Lyell, syndrome de Stevens-Johnson,
- effets hépatiques
- arthralgies (syndrome épaule-main ou rhumatisme gardénalique),
- troubles de l'humeur,
- anémie mégaloblastique par carence d'acide folique,
- la prise prolongée de phénobarbital (100 mg par jour pendant 3 mois) peut entraîner l'apparition d'un syndrome de dépendance,
- des cas de rétraction de l'aponévrose palmaire (maladie de Dupuytren), de l'aponévrose plantaire (maladie de Ledderhose) et des cas d'induration des corps caverneux (maladie de la Peyronie) ont été rapportés.
Les effets graves intéressant les systèmes hépatique et/ou dermatologique ainsi que les réactions d'hypersensibilité imposent l'arrêt du traitement.
Nana
En Juin, 2012 (02:15 AM)Dallnama
En Juin, 2012 (08:51 AM)Gaidebi
En Juin, 2012 (10:23 AM)?
En Août, 2012 (15:41 PM)Mon seul problème est k dans ces genre de situation comment les gens qui veulent faire ne serait Kun petitt geste pourront les contacter.
Participer à la Discussion