Plus d’allergies, d’asthme, de maladies respiratoires et infectieuses, de gastro-entérites, de décès... L’impact du changement climatique sur la santé est complexe et encore peu étudié. Il dépend aussi de facteurs individuels et socio-économiques mais les risques commencent à être bien repérés. Et sous nos latitudes, ils ne concernent pas que les moustiques…
Le réchauffement climatique a des effets réels sur la santé
Le changement climatique est devenu une réalité préoccupante pour la santé. Depuis 25 ans, la température ambiante augmente de plus de 0,18°C tous les dix ans dans le monde contre 0,85°C en cent ans auparavant. Non seulement, le phénomène s’accélère mais, pour Sylvie Joussaume, directrice de recherche au CNRS et climatologue, il est sans équivoque : « Le réchauffement climatique va se poursuivre même si on le réduit fortement ».
Si pour l’heure, les conséquences sur la santé « ne sont pas suffisamment mises en avant », selon le Pr Robert Barouki, toxicologue à l’Inserm, elles sont réelles. L’Organisation mondiale de la santé estime qu’entre 2030 et 2050, l’impact du climat sur les diarrhées, la chaleur, le paludisme et la malnutrition des enfants provoqueront 250 000 décès supplémentaires par an.
Changement climatique : canicules et surmortalité
« On va avoir de plus en plus de phénomènes extrêmes et fréquents comme les canicules et les inondations », souligne Sylvie Joussaume.
Or, les températures élevées contribuent à accroître directement la surmortalité par maladies cardiovasculaires et respiratoires, notamment chez les personnes âgées. En Europe, la canicule de l’été 2003 a fait 70 000 morts de plus que d’habitude, 15 000 en France. C’est encore pire en cas de pic de pollution atmosphérique. « Les particules fines pénètrent profondément dans les poumons. Le problème est que le réchauffement climatique favorise encore leur concentration », avertit Isabella Annesi-Maesano, spécialiste des maladies allergiques et respiratoires à l’Inserm.
Le réchauffement climatique, c’est d’avantage de pollen et d’allergies
Le nombre d’allergies a triplé en 25 ans, il pourrait quadrupler d’ici 2050. En effet, le réchauffement climatique favorise la production de pollen par les plantes et allonge la durée de la saison pollinique. Une étude anglaise indique qu’elle dure cinq jours de plus qu’avant.
Pour Isabella Annesi-Maesano, « Les pollens pourraient devenir plus allergisants aussi au contact de certains polluants qui ont la capacité de les fragmenter, ce qui leur permet de rentrer facilement dans les bronches, déclenchant des crises d’asthme. Sinon, ils restent dans la sphère ORL et on a des rhinites allergiques ».
Le fait d’habiter en zone urbaine aggrave les risques : les Anglais ont calculé qu’ils auront sept fois plus de pollens d’ambroisie, une plante répandue hautement allergisante, en ville qu’à la campagne.
Le spectre des maladies infectieuses renforcé par le changement climatique
Les variations climatiques risquent d’influer sur les vecteurs de maladies infectieuses.
Le virus de poliomyélite se réplique mieux à 37°C, la durée d’incubation du virus de la dengue passe de 12 à 7 jours quand la température passe de 30°C à 35°C... « Les moustiques peuvent devenir infectieux beaucoup plus rapidement avec le réchauffement climatique, affirme Cyril Caminade, chercheur à l’université de Liverpool. On commence à avoir des cas de chikungunya et de dengue dans le sud de la France. Pour autant, le risque de transmission de ces maladies vient essentiellement aujourd’hui de l’augmentation de la population mondiale, de sa mobilité et de la globalisation ».
Autrement dit, si le moustique tigre se retrouve à Lyon, c’est surtout à cause de l’homme qui le transporte lors de ses déplacements. Par ailleurs, il n’est pas sûr que le paludisme s’accroisse en Afrique comme on a tendance à le penser : une étude récente montre qu’une élévation de la température de 4°C à 5°C pourrait nuire à la reproduction du cycle parasitaire.
Le réchauffement climatique sur les coquillages, c’est plus de gastro-entérites
Pour le Pr Jean-François Guégan, spécialiste des maladies infectieuses à l’Institut de recherche pour le développement, le risque le plus important en France et dans l’hémisphère nord pourrait venir non pas des moustiques mais d’infections transmises par l’alimentation : « Le changement climatique s’accompagne de fortes pluies, c’est là un de ses effets majeurs… La décharge d’eau douce dans la mer due à ces pluies violentes engendre une baisse de la salinité et facilite la multiplication de virus et de bactéries comme les vibrios vivant dans les eaux côtières ». Ils peuvent se retrouver dans la chaîne alimentaire via les huîtres, les palourdes, les coquillages... et provoquer des gastro-entérites. Le problème reste limité sous nos latitudes mais il y a déjà eu des cas d’intoxication en méditerranée et en Vendée.
« On a besoin de mieux comprendre les liens entre le réchauffement climatique et la santé car on en est qu’au début, précise le Pr Guégan. Néanmoins, il faut arrêter de crier au loup ici car les épidémies de maladies infectieuses viennent principalement de la pauvreté, de la malnutrition et de l’absence de système de soins ».
Des paramètres qui concernent avant tout les pays en développement et qui feront d’eux… les premières victimes du réchauffement climatique.
2 Commentaires
Anonyme
En Septembre, 2016 (23:33 PM)Anonyme
En Septembre, 2016 (10:10 AM)Participer à la Discussion