L'ASBEF pour l’introduction de la santé parmi les secteurs prioritaires du 11ème FED

L’Association sénégalaise pour le bien-être familial (ASBEF) a choisi de mener le plaidoyer pour l’introduction de la santé parmi les secteurs prioritaires identifiés dans le cadre du 11ème Fonds européen de développement (FED), en vue de ‘’contribuer aux changements de politiques qui donnent la priorité aux besoins et droits des populations en matière de santé sexuelle et reproductive au sein du système national de santé’’.‘’L’ASBEF a décidé mener un processus de plaidoyer pour identifier des passerelles qui existent entre les secteurs clés retenus notamment l’eau, l’assainissement, la gouvernance et la sécurité alimentaire et le secteur de la santé’’, a expliqué Lamine Sarr du Conseil des ONG d’appui au développement (CONGAD). M. Sarr s'exprimait, mardi à Dakar, lors d’une rencontre des organisations de la société civile engagées dans le Document stratégique pays (DSP). 

Cette rencontre organisée par l’ASBEF, membre du CONGAD entre dans le cadre d’un processus de plaidoyer, parce qu’il a été constaté qu’à la fin du 10ème FED, l’Etat du Sénégal est en train de négocier le 11ème FED dont le processus de financement est en cours, a-t-il ajouté. ‘’Dans les priorités retenues dans ce 11ème Fonds, la santé n’en fait pas partie. Il s’agit également de continuer le processus de plaidoyer pour une prise en compte du secteur de la santé dans les domaines prioritaires du 11ème FED’’, a souligné Lamine Sarr.

 L’ASBEF est en train ainsi de développer des stratégies pour identifier des projets clés qui seront liés à ces secteurs et à la santé. Le processus est en cours et les organisations membres de la société civile ont décidé de partager la réflexion à travers une série de rencontres. Dans le domaine de l’eau et l’assainissement, l’ASBEF a identifié des problèmes liés à l’accès à et la qualité de l’eau. L’idée c’est d’essayer de développer des projets santé ayant trait à ces secteurs. 

Par exemple sur la qualité de l’eau, il a été retenu de dérouler un projet de déminéralisation et de désalinisation de l’eau dans la zone centre où il existe une eau salée qui peut avoir un impact sur la santé des populations comme l’hypertension artérielle. Un projet de mise en place de postes médicaux avancés dans les zones inondées en période hivernal est également prévu, selon M. Sarr. A la fin de la réflexion sur ces différents projets qui peuvent constituer des passerelles entre les secteurs retenus et la santé, l’ASBEF va partager les résultats avec les responsables du ministère de l’Hydraulique, de la Santé et de l’Action sociale, le Parlement, la Primature, l’Union Européenne pour attirer leur attention sur la non prise en charge du domaine de la santé dans le 11ème FED. 

La représentante du directeur exécutif de l’ASBEF, Aida Diop Soumaré a rappelé que l’objectif est de contribuer aux changements de politiques qui donnent la priorité aux besoins et droits des populations en matière de santé sexuelle et reproductive au sein du système de santé national sénégalais. ‘’Il s’agit de partager la situation de la santé de la reproduction et de la planification familiale avec les organisations de la société civile, de présenter les liens entre les trois secteurs prioritaires retenus dans le 11ème FED et la SR et d’identifier les actions de plaidoyer à mener auprès des partenaires techniques et financiers et des décideurs pour l’augmentation du budget de la SR au Sénégal’’, a-t-elle ajouté. 

L’ASBEF a reçu, sous l’égide de l’IPPF, un financement du Réseau européen pour contribuer à l’amélioration des droits de la santé maternelle, néonatale et infantile. Or dans le 11ème FED, la santé n’est pas retenue parmi les priorités nationales. Face à cette situation, l’ASBEF envisage de joindre tous les acteurs clés autour de la question pour identifier les passerelles entre les secteurs retenus dans le DSP et la santé de la reproduction. Le 10ème FED, doté d'une enveloppe de 190 milliards de francs CFA, est arrivé à terme en 2013. 

Les préparatifs pour l'élaboration du 11ème FED (2014-2020) sont en cours. Au Sénégal, il résulte du rapport de l’Enquête démographique en santé (EDS 5 ) que la mortalité maternelle est de 392 décès maternels/100.000 naissances vivantes, soit une baisse de 9 points de 2005 à 2011. Cette situation s’explique entre autres par l’insuffisance dans l’accessibilité, la disponibilité et la qualité des services. Aussi 1.720 femmes meurent chaque année en donnant la vie soit 5 décès/jour. Cette même source révèle que la mortalité infanto-juvénile a baissé de 48 points de 2005 à 2011. 

La mortalité néonatale a stagné avec un recul de 6 points durant la même période et la mortalité infantile a connu une baisse de 14 points. Or, l’Objectif du millénaire pour le développement (OMD4) vise respectivement pour les deux indicateurs précités des taux de 44/1000 et 16/1000 en 2015. Selon les acteurs de la société civile, ‘’ force est de constater que l’atteinte des OMD est hypothéquée’’. ADL/AD