Imbroglio général. Sanofi servira les États-Unis en premier s’il trouve un vaccin contre le nouveau coronavirus, puisque le pays “partage le risque” des recherches menées à travers un partenariat. Voilà ce qu’a dit le directeur général monde du laboratoire français Paul Hudson à l’agence Bloomberg, mercredi 13 mai.
Le gouvernement américain “a le droit aux plus grosses pré-commandes”, a expliqué Paul Hudson, en raison de sa prise de risque dans la recherche d’un vaccin aux côtés du géant pharmaceutique. Ils “obtiendront les vaccins en premier”, a poursuivi Paul Hudson, car “ils ont investi pour essayer de protéger leur population”. Une avance qui sera de quelques jours ou quelques semaines sur le reste du monde, a-t-il précisé.
Or cette annonce a déclenché un tollé en France, et en particulier du côté du Parti socialiste, au point que le laboratoire a dû préciser sa conduite. Ce jeudi 14 mai au matin, sur LCI, c’est le patron de Sanofi France, Olivier Bogillot qui s’exprimait à ce propos, assurant que, ”évidemment”, les Français auraient également accès au vaccin s’il était mis au point par le groupe.
“Lorsqu’on aura un vaccin efficace contre le covid-19, il sera accessible à tous les pays et en particulier aux Français”, a-t-il déclaré. “Je tiens à rassurer les Français: une voix que le vaccin sera accessible, il le sera pour les Français.” Une intervention qui vise à rassurer le public alors qu’Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, a rappelé qu’il serait “inacceptable” que Sanofi serve en premier les Américains.#Sanofi : le vaccin d'abord pour les Américains ?
— LCI (@LCI) May 14, 2020
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"Quand on aura un vaccin efficace, il sera accessible à tous les pays et en particulier aux Français"
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Un vaccin accessible à tous, mais plus tard
“Sanofi dispose d’un ancrage industriel diversifié et international. Nous avons des capacités de production aux États-Unis, en Europe, notamment en France et ailleurs dans le monde. La production sur le sol américain sera principalement dédiée aux États-Unis et le reste de nos capacités de production sera alloué à l’Europe, à la France et au reste du monde”, avait précisé Sanofi la veille dans un communiqué en soirée. “Nous nous sommes toujours engagés à ce que dans ces circonstances sans précédent, notre vaccin soit accessible à tous”, a ajouté le laboratoire.
“La coopération mise en place avec Barda (Autorité pour la recherche et développement avancée dans le domaine biomédical) aux États-Unis permet de démarrer la production du vaccin aussi rapidement que possible en parallèle du développement et de l’enregistrement du vaccin”, selon le laboratoire qui salue “des avancées encourageantes depuis plusieurs semaines par la mobilisation de la commission européenne pour envisager des mesures similaires et accélérer le développement des vaccins et la mise à disposition des citoyens européens”.
“Nous avons des discussions très constructives avec les institutions européennes ainsi qu’avec les gouvernements français et allemand”, a-t-il précisé.
Dans un communiqué publié mercredi dans la soirée, le Parti socialise avait donc jugé “scandaleuse” l’éventuelle décision. “Sanofi est une entreprise française dont l’activité de recherche est financée au titre du Crédit d’impôt recherche (CIR) -un crédit d’impôt annuel de 150 millions d‘euros- et du Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) -13 millions en 2013, passé à 24 millions en 2018. Le gouvernement doit agir avec la plus grande fermeté pour empêcher cette décision”, insistait le Premier secrétaire Olivier Faure.
“L’engagement des Français pour développer un champion dans la filière de la santé ne peut pas aboutir à le voir préférer d’autres marchés pour lancer ses vaccins. Il ne peut pas y avoir des gains systématiquement privatisés et des pertes ou des investissements systématiquement reportés sur l’effort collectif des français. Nous ne pouvons pas dépendre de la Chine pour les masques et voir notre propre production de vaccins partir aux États-Unis”, s’était indigné le Premier secrétaire du PS.
Sanofi, l’un des plus grands spécialistes des vaccins au monde, s’est lancé dans la course contre le nouveau coronavirus mi-février. Le laboratoire devait utiliser sa technologie de recombinaison de l’ADN pour “accélérer la mise au point d’un vaccin potentiel contre le covid-19”, indiquait-il alors. À cet effet, le groupe s’est allié avec le britannique GSK, à travers une collaboration dont les deux laboratoires espèrent obtenir un résultat d’ici 2021. Par ailleurs, le laboratoire français collabore également avec Translate Bio, une biotech américaine, qui développe des médicaments à base d’ARN messager, dans le but de mettre au point un autre type de vaccin contre le Covid-19.
Dans le monde plus de 100 projets de vaccins sont actuellement à l’étude, avec une dizaine d’essais cliniques déjà en cours.
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