Dans les années 1960, le lobby du sucre aurait influencé durablement la recherche américaine sur la santé dentaire, plus particulièrement sur les caries. Le but ? Eviter une réduction de la consommation de sucre, notamment chez les enfants.
Dans les années 1960, le sucre n'était pas mauvais pour les dents…
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C'est une révélation qui fait grand bruit. Une étude américaine publiée dans la revue scientifique PLOS Medicine ce 10 mars révèle que l'industrie du sucre s'est vivement mobilisée dans les années 60 aux Etats-Unis afin d'influencer la recherche sur les caries dentaires des enfants.
Les trois chercheurs de l'Université de San Francisco ont analysé 319 documents internes de l'industrie datant de 1959 à 1971 et provenant d'archives publiques.
Parallèlement, ils ont aussi épluché les données de l'Institut national américain de la recherche dentaire (NIDR).
C'est ainsi que l'équipe de recherche a découvert que le groupement professionnel de l'industrie sucrière avait reconnu dès le début des années 1950 que le sucre était bien responsable des caries des enfants. Le lobby avait également constaté que les autorités médicales cherchaient déjà à réduire la consommation en sucre pour contrôler ce problème de santé dentaire.
Des tactiques similaires à celles de l'industrie du tabac à la même époque
Au vu de cette menace, les industriels ont développé une stratégie pour détourner l'attention des autorités et de la population sur la consommation de sucre. Pour cela, le lobby a financé des recherches visant à développer des enzymes capables d'éliminer en partie la plaque dentaire, ainsi qu'un vaccin contre les bactéries responsables des caries. Autant d'initiatives menées tout en cultivant des relations étroites, et peut-être même payantes, avec les responsables du NIDR.
Ainsi, les trois quarts du contenu d'un rapport présenté par l'industrie sucrière au NIDR ont été directement incorporés dans la première proposition d'étude sur le problème des caries, dans le cadre du programme national de prévention des caries, rapporte l'AFP.
Parallèlement et sans surprise, les études susceptibles de nuire au lobby du sucre ont été ignorées.
Pour Stanton Glantz, co-auteur de l'étude, « ces tactiques sont vraiment similaires à celles de l'industrie du tabac à la même époque. » Il ajoute par ailleurs que ces révélations sur le lobby du sucre « devraient alarmer les responsables gouvernementaux chargés de protéger la santé publique ainsi que les associations de défense des consommateurs pour comprendre que l'industrie sucrière, comme celle du tabac, cherche avant tout à préserver ses intérêts. »
Selon les chercheurs, les autorités ne devraient pas tolérer l'opposition de l'industrie du sucre face aux propositions actuelles des autorités sanitaires pour diminuer la consommation de sucre. « Il existe désormais de solides indications liant une consommation excessive de sucre aux maladies cardiaques, hépatiques et au diabète, sans oublier aux caries dentaires », a souligné Laura Schmidt, une des auteurs de l'étude.
Début mars, l'Organisation mondiale de la santé a d'ailleurs appelé à réduire la consommation de sucre à moins de 10% de l'apport énergétique quotidien, soit l'équivalent de 50g de sucre par jour pour un adulte.
1 Commentaires
Marcus Garvey Rigth
En Mars, 2015 (00:34 AM)Participer à la Discussion