Le débat autour de la consommation des cubes de bouillon est souvent réduit à la question de la teneur en sel des plats dont ils relèvent le goût. S’appuyant sur les résultats de ses recherches sur le sujet, le chimiste sénégalais Amadou Diop, chercheur à l’université du Québec à Trois-Rivières (Canada), estime que le problème est plus complexe que cela. Il a confié à Seneweb le document résumant ses travaux.
Ce chef de famille que nous appellerons Abdoulaye a transmis une consigne claire à son épouse à qui nous donnons le prénom de Nafi : pas de bouillon dans les repas de sa famille. Pourtant, sur le dos de son époux, cette dernière relève la saveur de ses plats avec les cubes qui chatouillent les papilles. Elle s’en excuse presque, mais ne semble pas pour autant près d’arrêter : «Je sais que ce n’est pas bien de passer outre les directives de mon mari, mais il est difficile de se passer des bouillons. Certains plats, surtout avec du poisson, risque d’être fades sans les cubes. Je prends le risque d’en mettre quelques fois. Il ne s’en rend même pas compte.»
Combien de chefs de famille au Sénégal subissent le même sort qu’Abdoulaye ? Ils doivent être nombreux au vu des sévères réquisitions qu’ils formulent contre les bouillons sans que la demande en bouillons baisse.
Les consommateurs de bouillons, avec la complicité des producteurs, ruinent-ils leur santé ? Pour donner une réponse à cette question mille balles, le chimiste sénégalais Amadou Diop, chercheur à l’université du Québec à Trois-Rivières (Canada), a mené des recherches sur les quatre cubes les plus utilisés au Sénégal. Objectif : collecter des informations utiles aux consommateurs.
Pour mener ses travaux Amadou Diop a employé deux méthodes (GC-MS/FID et SEM/EDX), mais il aurait pu en adopter d’autres. «Il existe une trentaine d’autres méthodes qui peuvent apporter des réponses claires à cette problématique, indique-t-il. C’est pour cette raison que je lance un appel à tous les scientifiques sénégalais de se pencher sur le sujet, car ils ont un devoir moral d’édifier la population sur cette problématique.»
Les bouillons en Afrique, c’est depuis la première Guerre
Les cubes de bouillon, qui sont des exhausteurs de goût, sont ajoutés aux aliments pour augmenter leurs propriétés gustatives. D’où la nécessité, pour le chercheur sénégalais, de rappeler qu’avant leur arrivée sur le continent, les Africains faisaient recours aux vertus et bienfaits des herbes et épices naturelles.
Ces dernières présentent quatre atouts majeurs : elles rehaussent les saveurs, augmentent le pouvoir nutritionnel de nos plats, contribuent à la guérison de certaines maladies (Ekpo et Jimmy, 2005, Solomon 2006) et donnent aux humains un certain niveau de stimulation dans l'activité de l'appareil digestif (Adeyeye et al. 2002).
Les bouillons, sous leurs formes actuelles, ont été introduits dans notre alimentation après la première Guerre mondiale. Les ingrédients qui peuvent être inclus dans la formulation d'une préparation de bouillon sont les sels (chlorure de sodium et glutamate monosodique), les huiles végétales hydrogénées et raffinées, les graisses animales, des extraits de viande, de poisson, de levure et de légumes (Caponio et al. 2003).
Au moins une substance toxique, voire cancérigène…
Quid du procédé de fabrication à l'échelle industrielle des cubes de bouillon ? Très simple, de l’avis d’Amadou Diop. «En général, détaille-t-il, tous les ingrédients secs sont d’abord mélangés ensemble, puis avec de la graisse fondue et d'agents colorants et d'arômes. L’ensemble est ensuite refroidi, façonné, enveloppé et conditionné (Gupta et Bongers, 2011). Aujourd’hui quelque 2 800 substances sont volontairement ajoutées dans nos plats, alors que 10000 autres composés indésirés peuvent se retrouver dans les aliments pendant la transformation, l'emballage ou le stockage. C’est cette dernière catégorie qui inquiète beaucoup la population sénégalaise.»
Le chimiste relève à ce propos, l’insouciance de nos acteurs politiques et économiques vis-à-vis de notre santé. Il cite les produits alimentaires non ou peu contrôlés, le tabagisme, la promotion des produits de dépigmentation, la vente de sachets d’eau dans les rues, le "Café Touba" vendu n’importe comment, l’introduction volontaire de produits toxiques dans le pays (scandale du gasoil), la vente d’huile impropre à la consommation (huile solide à température ambiante : plus proche de la graisse que d’huile, la prolifération des boissons énergisantes...
«En tant que chimiste, dit-il, j’ai voulu confronter la perception de la population sur les cubes de bouillon aux réalités scientifiques en déterminant la composition chimique des quatre cubes de bouillon les plus utilisés au Sénégal.» Et les résultats ont montré que chaque cube de bouillon contient au moins une substance toxique, voire cancérigène. La microanalyse de deux des quatre cubes de bouillon a révélé des teneurs d’aluminium entre 0,4 et 0,7%. Cet élément est un neurotoxique reconnu.
En 2006, le comité mixte FAO/OMS (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture/Organisation mondiale de la santé) d'experts des additifs alimentaires avait réévalué la toxicologie de l'aluminium. La dose hebdomadaire acceptable provisoire a été fixée à 7 mg par kilogramme de poids corporel. De ce fait, recommande le chercheur, «l’Etat doit quantifier l'exposition sénégalaise à l'aluminium afin de déterminer les risques de contamination. Des dispositions règlementaires relatives aux additifs alimentaires qui contiennent de l'aluminium doivent être mises en place, car à (sa) connaissance, il n’existe aucune règlementation sur cet élément».
Risques des maladies cardiovasculaires
Est-il utile de rappeler que le composant le plus perceptible des bouillons, est le sel ? L’ion sodium est un bon indicateur du taux de sel dans les échantillons. Les quantités de sel dans les quatre cubes de bouillon varient entre 11,7% et 40,7%. Le chlore indique la présence de NaCl et le reste du sodium constitue probablement le contre-ion du glutamate. D’après Amadou Diop, ces taux de sel élevés montrent la présence de quantités importantes de glutamate ou d’un autre type de sel dans les bouillons, car la part du sel de table dans les échantillons est très faible.
Le chimiste poursuit en expliquant que le sel, bien qu’il soit indispensable au bon fonctionnement de notre corps, ne pose aucun problème de carence dans notre pays. L’excès de sel est considéré par l’OMS comme l’un des principaux facteurs de risques des maladies «non transmissibles», comme les maladies cardio-vasculaires et l’hypertension.
Amadou Diop de soulever des inquiétudes liées à la dissimulation des quantités de glutamate (sel de l’acide glutamique) dans les cubes. C’est d’autant plus inquiétant que ce produit, insiste-t-il, est utilisé dans les laboratoires pour rendre les souris obèses afin d’observer l’effet de l’insuline. Certes, fait-il remarquer, il est autorisé dans presque tous les pays, mais son utilisation est très contrôlée à cause de la controverse liée à sa possible toxicité. Et ce n’est pas tout.
L’arsénite et la dioxine ont été aussi détectés dans un des cubes de bouillon, rapporte Amadou Diop. Ces deux substances sont considérées cancérogènes pour les humains. Comme l’arsenic constitue un contaminant naturel de l’eau, ses effets sur la santé humaine ont fait l’objet de nombreuses études. Celles-ci ont révélé que les effets toxiques de l’arsenic varient considérablement d’une espèce à l’autre et l’on ne peut donc se fier aux études réalisées chez les animaux pour formuler une recommandation et que la forme minérale est plus toxique que la forme organique.
Des traces de pesticides dans les bouillons
Quant aux dioxines, ils constituent un groupe de composés chimiquement apparentés qui sont très toxiques. Selon l’OMS, les dioxines peuvent provoquer des problèmes au niveau de la procréation, du développement, léser le système immunitaire, interférer avec le système hormonal et causer des cancers. Plus de 90% de l’exposition humaine passe par l’alimentation, principalement la viande, les produits laitiers, les poissons et les fruits de mer.
Les entreprises qui utilisent la viande, les poissons et les fruits de mer dans la fabrication des bouillons devraient particulièrement doubler de vigilance, suggère le chercheur selon qui, d’autres substances toxiques trouvées dans les cubes bouillons comme le perchlorobenzene, le triazine et le carbendazime, sont des polluants qui proviennent souvent des pesticides.
Pour régler ce problème, préconise le chimiste, l’État du Sénégal doit élaborer un programme de surveillance d’un panier de produits les plus à risque comme le font déjà beaucoup de pays. Le programme de surveillance, suggère-t-il, doit comprendre trois volets bien définis : un volet Enquête, qui sonde les aliments pour détecter une contamination possible; un volet Surveillance, qui permet de déterminer les problèmes associés à la contamination chimique et le volet Conformité, qui vise à obtenir le retrait d'un produit du marché en présence de violation des normes.
Cela suppose qu’un travail de mise en place d’une base légale de chaque substance toxique ou cancérigène, soit préalablement établi.
57 Commentaires
Anonyme
En Avril, 2017 (07:33 AM)Front National Sénégal Sunugal
En Avril, 2017 (07:34 AM)OUI ET LE CONSTAT DE CE MAL QUI
ICI DÉTRUIT NOTRE PEUPLE A PETIT
FEU EST ENCORE PLUS GRAVE QUE
LE MAL DE CES FEUX DE BROUSSE
SANGLANTS DE CE VIL D'AVRIL 2O17
OUI ET LE CONSTAT DE CE MAL QUI
ICI DÉTRUIT NOTRE PEUPLE A PETIT
FEU EST ENCORE PLUS GRAVE QUE
LE MAL DE CES FEUX DE BROUSSE
SANGLANTS DE CE VIL D'AVRIL 2O17
OUI ET LE CONSTAT DE CE MAL QUI
ICI DÉTRUIT NOTRE PEUPLE A PETIT
FEU EST ENCORE PLUS GRAVE QUE
LE MAL DE CES FEUX DE BROUSSE
SANGLANTS DE CE VIL D'AVRIL 2O17
Je Suis Fatigué
En Avril, 2017 (07:39 AM)Anonyme
En Avril, 2017 (07:39 AM)Anonyme
En Avril, 2017 (07:49 AM)Anonyme
En Avril, 2017 (07:55 AM)Am
En Avril, 2017 (07:57 AM)Anonyme
En Avril, 2017 (07:57 AM)Ces bouillons posent un véritable problème de santé public. Imaginez vous que c'est avec une quantité de ce produit que certains éleveurs parviennent à castrer leur bétail et pire il suffit d'en mettre quelques un dans une fosse sceptique pleine pour voir le niveau de l'eau baisser drastiquement.
Le plus inquiétant c'est que nos épouses refusent de s'en passer et l'utilisent toujours en cachette ou ouvertement
Yapoup
En Avril, 2017 (08:20 AM)Nar
En Avril, 2017 (08:49 AM)Femmes senegalaises cuisinées sans bouillons
Koy yép noy naniou ,éjaculation précoce ,avc,cancer y en a trop maintenant a jollof
Anonyme
En Avril, 2017 (09:04 AM)Les grandes societes qui fabrique les bouillons et qui refusent de tomber dans votre chantage,
Vous ecrivez!
Bandes de cons meme aux etats unis les bouillons du senegal rentre, en france aussi et en europe
Vous vous ne savait que racquetter, bandes de minables!
Cest vous le poison en us cousle consommé tous les jours jen suis sur!
Wasalam!
Liban
En Avril, 2017 (09:23 AM)Anonyme
En Avril, 2017 (09:31 AM)Y en a marre, y en a plein le Q de ce gros lard et de ce gras gus.
Anonyme
En Avril, 2017 (09:56 AM)Emigre
En Avril, 2017 (10:03 AM)Anonyme
En Avril, 2017 (10:07 AM)Anonyme
En Avril, 2017 (10:23 AM)Khalass
En Avril, 2017 (10:26 AM)Doul
En Avril, 2017 (10:51 AM)Clarté
En Avril, 2017 (10:57 AM)Anonyme
En Avril, 2017 (11:00 AM)Sidiq
En Avril, 2017 (11:05 AM)Anonyme
En Avril, 2017 (11:07 AM)Descartes
En Avril, 2017 (11:14 AM)Journalistes : si vous aviez ces dits résultats, il y longtemps que vous les auriez montré. Pour quoi ces bouillons sont vendu un peu partout en Afrique et aussi en Europe ou aux USA (oui, il y a en même au Canada).
Bref, ce sujet reviens à chaque fois avec une multitude de supposition ou questions sans pour autant apportez les VRAIES réponses...
Sam
En Avril, 2017 (11:57 AM)Anonymous
En Avril, 2017 (12:04 PM)Vent
En Avril, 2017 (12:07 PM)Anonyme
En Avril, 2017 (12:35 PM)Anonyme
En Avril, 2017 (12:54 PM)Arrêtez de bavardez inutilement ce travail un amorce mais il est imcpmplet. allez faire un doctorat de toxicologie avec ses résultats et venez conclure
wa sallam
Anonyme
En Avril, 2017 (13:04 PM)C'est surtout le sel qu'il faut eviter.
Manger naturel est un vain mot. A t'on vraiment besoin de ces produits ?
Anonyme
En Avril, 2017 (13:37 PM)Abdou Niankatang
En Avril, 2017 (13:47 PM)mann ak ki bindeu lii, ak gnikoyy komanté fii, doo niou meusseu déggueu niouy wax lii beuss bouné, digguanté midédemi-inheur, bougn niou taadialéé boolou penda mbaye!!!
Anonyme
En Avril, 2017 (13:51 PM)Anonyme
En Avril, 2017 (14:03 PM)Anonyme
En Avril, 2017 (14:12 PM)Anonyme
En Avril, 2017 (14:17 PM)Anonyme
En Avril, 2017 (14:36 PM)Anonyme
En Avril, 2017 (14:51 PM)Sam
En Avril, 2017 (15:17 PM)Je dis bravo a Seneweb,pour avoir soulevé un problème que je qualifie de probleme de sante national.Personne n'ose affirmer meme les travailleurs des societes produisant ces bouillons,que ces derniers ne sont pas nocifs et dangereux pour la sante humaine.En regardant l'augmentation des cas d'hypertension,de diabete et meme d'infertilité qui gagne de plus en plus la plus jeune génération sènègalaise aujourd'hui,on sait tres bien que cela est du principalement a notre alimentation empoisoinnée par ces cubes.Et l'etat devrait prendre ses responsabilités en interdisant tout simplement ces poisons dans le marché.Et qu'on ne vienne pas nous parler de suppressions d'emplois en le faisant,car ces bouillons tuent a petit feu nos populations qui sont devenues accros a ces bouillons.Et comparée a la facture médicale causée par la consommation de ces produits,l'écart est plus que grand.J'attend depuis longtemps un communiqué de la part du ministère de la santé pour dénoncer la dangérosité liée a la consommation de ces bouillons et l'interdiction par l'etat de toute publicité concernant ces produits car il y va du bien-être de notre population.
Anonyme
En Avril, 2017 (17:16 PM)Anonyme
En Avril, 2017 (17:52 PM)Anonyme
En Avril, 2017 (17:56 PM)Qu'il laisse son contacte et je l'invite à faire une communication à l'UCAD.
Il n'a qu'à se rapprocher du codex national et présenter ses résultats à ses collègues du pays...
Le danger principal des bouillons: c'est la forte teneur en sel (NaCl et glutamate monosodique). La solution c'est la prévention, la sensibilisation sur l'excès de sel et de gras dans l'alimentation sénégalaise.
Le reste est une question de sécurité sanitaire des aliments qui concerne TOUS les aliments consommés.
Un chimiste analyste intéressé par la question.
Wa salaam
Anonyme
En Avril, 2017 (18:33 PM)Anonyme
En Avril, 2017 (19:04 PM)Anonyme
En Avril, 2017 (19:17 PM)Modoubi
En Avril, 2017 (19:41 PM)Certains disent que ces bouillons sont consommés en Occident. Par qui? Mais par nos compatriotes, pardi! Les occidentaux ne consomment pas du tout "ces bouillons", mais bien d'autres moins toxiques, plus contrôlés, et en quantité modérée.
Pour finir, quand je viens au pays, je prends mes responsabilités: je veille moi-même à ce que je consomme, car personne ne peut s'occuper de ma santé à ma place; je fais aussi ce que je peux vis-à-vis de mes proches.
Anonyme
En Avril, 2017 (20:03 PM)Anonyme
En Avril, 2017 (20:07 PM)Alba
En Avril, 2017 (22:26 PM)Surement à discuter de stratégies électorales .
Anonyme
En Avril, 2017 (23:01 PM)Wassin
En Avril, 2017 (23:04 PM)Anonyme
En Avril, 2017 (00:04 AM)Anonyme
En Avril, 2017 (01:01 AM)Ce que je crains, c'est compromette les nombreux, je dis bien nombreux emplois qui existent dans ces industries. C'est très grave d'inquiéter les consommateurs sur la base de recherches non homologuées. Tous ces chercheurs consomment quotidiennement des aliments qui comportent des ingrédients dont l'abus n'est pas recommandé. Il s consomment aussi des bouillons comme nous tous. Ils ont peut être besoin de parler pour exhiber leur CV et trouver un emploi. Ils sont plus dangereux que les produits toxiques parce qu'il freine l'investissement et l'emploi.
Anonyme
En Avril, 2017 (02:10 AM)Ya pas de raison de tomber malade si on consomme naturel ce que la terre donne.
On vous dit que c'est bouillon cad soupe de legumes et de viande fabrique en usine avec rajout de substances de conservation. Pourquoi ne pas faire sa soi meme?
Emplois
En Avril, 2017 (09:33 AM)Anonyme
En Avril, 2017 (11:53 AM)omposants du bouillon
Anonyme
En Avril, 2017 (22:04 PM)Participer à la Discussion