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Coronavirus : des formes plus graves chez les plus de 60 ans, mais les plus jeunes ne sont pas à l’abri

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Coronavirus : des formes plus graves chez les plus de 60 ans, mais les plus jeunes ne sont pas à l’abri
L’étude la plus complète réalisée à ce jour par une équipe chinoise montre clairement une augmentation avec l’âge du risque de décès pour un individu infecté par le SARS-CoV-2.

Le SARS-CoV-2 épargne-t-il les sujets jeunes ? Le nouveau coronavirus responsable du Covid-19 paraît bien avoir une prédilection pour les sujets âgés, chez qui il entraîne davantage de formes graves, comme le montre une étude d’une équipe chinoise (Fei Zhou et coll.) parue le 9 mars. Le rapport de la mission conjointe menée en Chine par des experts mandatés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le gouvernement chinois allait dans le même sens : les individus présentant le risque le plus élevé de maladie sévère et de décès sont ceux âgés de plus de 60 ans et ceux présentant une pathologie pré-existante telle qu’une hypertension, un diabète, une maladie cardiovasculaire ou un cancer. Dans ce second cas, ces affections peuvent aussi toucher des sujets moins âgés, mais elles sont plus fréquentes dans les tranches d’âge supérieures.

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Il semble établi, trois mois après le début de l’épidémie, que les jeunes enfants et adolescents sont moins enclins à développer des formes sévères de Covid-19 et présentent une mortalité très inférieure que leurs aînés, si l’on en croît les données disponibles. L’étude la plus large réalisée à ce jour a été menée par le centre de contrôle des maladies chinois (CCDC) et publiée le 17 février. Portant sur près de 45 000 cas confirmés, elle montre clairement une augmentation avec l’âge du risque de décès pour un individu infecté par le SARS-CoV-2. Cette probabilité passe de 3,6 % pour les 60-69 ans, à 8 % chez les 70-79 ans, et à 14,8 % chez les personnes âgées de 80 ans et plus. Les quinquagénaires sont moins touchés (1,3 %) et le risque descend nettement en dessous de 50 ans : 0,4 % chez les quadragénaires et 0,2 % tant pour les trentenaires, les 20-29 ans et les 10-19 ans. Aucun décès n’a été constaté chez les enfants de moins de 10 ans.

Enfants et jeunes pas forcément plus contagieux

Pourtant, les sujets jeunes sont bel et bien infectés par le nouveau coronavirus. La revue Nature Medicine a publié, le 13 mars, une communication d’une équipe chinoise résultant du dépistage chez 745 enfants soit ayant été en contact étroit avec des cas confirmés, soit appartenant à une famille touchée par l’épidémie. Parmi eux, 10 (six garçons et quatre filles, âgés de 2 mois à 15 ans) ont eu un test montrant la présence du matériel génétique du SARS-CoV-2 dans les prélèvements effectués dans leurs narines. Ils avaient des manifestations cliniques modérées, et leurs radiographies pulmonaires ne montraient pas de signe clair de pneumonie. L’un des dix enfants ne présentait aucun symptôme.

La possibilité de transmission à partir des selles n’est pas démontrée

De nouveaux prélèvements, cette fois dans le nez, la gorge et le rectum, ont été ultérieurement effectués et analysés. Chez huit enfants, la présence du virus a été retrouvée dans les échantillons rectaux, alors même qu’il n’y avait plus trace du virus dans le nez ou la gorge. Son élimination semble donc plus tardive, mais la possibilité de transmission à partir des selles n’est pas pour autant démontrée.

De même, il n’y a pas encore de données établissant de manière certaine que les enfants et les jeunes seraient plus contagieux que les adultes. Cette notion est connue dans le cas des virus grippaux, qui sont beaucoup plus transmissibles par les enfants d’âge scolaire que par les sujets adultes. Elle est moins solidement démontrée pour les coronavirus humains.

Si les plus de 60 ans paraissent plus vulnérables, les sujets plus jeunes ne sont pas à l’abri de l’épidémie. Dans son adresse aux Français, jeudi 12 mars, le président de la République y a fait explicitement référence : « Ce qui risque de se passer, c’est que la maladie touchera d’abord les personnes les plus vulnérables. Beaucoup d’entre eux auront besoin de soins adaptés à l’hôpital, souvent d’assistance respiratoire. (…) C’est aussi de se préparer à une possible deuxième vague qui touchera un peu plus tard, en nombre beaucoup plus réduit, des personnes plus jeunes, a priori moins exposées à la maladie, mais qu’il faudra soigner également. »

Une « deuxième vague » attendue chez les jeunes

Cette allusion à une deuxième vague ne fait pas référence aux pics successifs que peuvent connaître des pandémies, tel que cela a été le cas avec la grippe A (H1N1) en 2009-2010 ou lors de la grippe espagnole de 1918-1919, ou aux rebonds possibles de l’épidémie lorsque les efforts de distanciation sociale, poursuivis pendant plusieurs semaines, se relâchent.

Emmanuel Macron faisait plus certainement allusion aux retours de terrain des formes cliniques de Covid-19 observées dans les services de réanimation. Dans un premier temps, c’est bien chez des malades âgés et présentant des pathologies pré-existantes qu’ont été observées les formes graves, quasiment foudroyantes, de la maladie, comme on le constate avec la grippe. L’infection évolue très vite vers une insuffisance respiratoire aiguë, éventuellement fatale.

Chez des adultes plus jeunes, l’évolution vers une forme sévère se fait plus tardivement – d’où la « deuxième vague » –, à un intervalle de sept à dix-neuf jours après l’apparition des symptômes. A pu être observé chez certains sujets un emballement du système immunitaire avec une décompensation due à ce qu’on appelle un « orage de cytokines » : ces substances produites par le système immunitaire servent de signaux pour diverses cellules qu’elles activent pour combattre l’infection. L’orage se produit lorsqu’elles ne régulent plus correctement, ce qui provoque une réaction immunitaire excessive, responsable d’un choc souvent fatal. Les jeunes adultes ne sont donc pas à l’abri et le système de soins doit pouvoir faire face à ce deuxième défi.  


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