Cancer du sein à 33 ans, elle raconte son combat

Élise Dagron, 34 ans, a appris qu’elle avait un cancer du sein il y a un an. Cette Normande d’Alençon nous raconte le choc, son combat, ses projets. À l’occasion d’Octobre Rose, mois de mobilisation contre la maladie, la jeune femme participera dimanche à la course des Elles, organisée dans l’Orne.

« J’ai passé la biopsie l’an dernier, au lendemain de la course des Elles de l’Orne, le 12 octobre 2015. J’y avais participé, avec ma mère. Quelques jours avant, en prenant ma douche, j’avais senti quelque chose au sein gauche, qui n’était pas à sa place. Mais c’est le soir, en me couchant, que je me suis rendu compte que ça me gênait. On était en octobre. J’ai grandi avec Octobre Rose… Et puis le sixième sens, sans doute. J’ai pris rendez-vous dès le lendemain avec ma gynéco.

Elle m’a confirmé qu’elle sentait quelque chose : deux petites boules. Mais que ça pouvait être n’importe quoi, à mon âge, 33 ans. Là, on a le trouillomètre à zéro. En moins de dix jours, j’ai passé mammographie, échographie, biopsie… C’était donc le 12 octobre. Une semaine plus tard, j’avais rendez-vous à 9 h pour les résultats. J’étais avec ma mère. À 9 h 02, c’était plié : deux petites tumeurs cancéreuses dans le sein gauche.

Après, on entre dans un tourbillon. Vous êtes sur l’autoroute des examens. Le 3 novembre, j’ai subi une mastectomie.

Cette année, plus de 3 400 femmes se sont inscrites à la course des Elles de l’Orne. Départ dimanche 9 octobre, à 10 h 30, au pôle universitaire d’Alençon-Damigny. (Photo : Ouest-France)

« Le cancer n’aura pas ma peau »

À l’annonce du cancer, de l’opération, c’est un semi-remorque en pleine figure. J’étais abasourdie. J’ai eu un mouvement de recul. Du déni même pendant quelques minutes. Après, je suis rentrée chez moi. J’ai appelé mon père. Mon conjoint. Je ne sais même pas comment j’ai trouvé les mots. J’étais dans un état second. Je m’inquiétais pour mon travail : je bosse dans une banque, à Caen.

Et puis, dès le lendemain matin, je me suis dit : bon, on enfile les gants de boxe et on y va ! Je vais subir une mastectomie, une chimio, alors autant rester maître du truc. Le cancer n’aura pas ma peau. Il va me faire une année compliquée, mais il ne m’aura pas !

J’ai commencé la chimio début décembre. J’ai été très bien entourée, au centre François-Baclesse de Caen, par les pharmacies, et par mes proches. C’est fatigant, douloureux, violent. Malgré tout, j’ai eu de la chance, parce que ça ne m’a pas rendue malade. Après, la grosse difficulté, ce sont les cheveux… Entre Noël et le Jour de l’an, ils sont tombés par poignées.

« Ma féminité en a pris un coup »

J’ai pris rendez-vous chez le coiffeur, maman est venue avec moi. Le coiffeur m’a dit que j’avais un crâne magnifique ! (Rire.) J’ai acheté une perruque, mais ce n’était pas moi. Alors j’ai acheté foulards et bonnets, et tous les jours, je me faisais un nouveau look, avec maquillage, vernis…

Avec la mastectomie, ma féminité en avait pris un coup. Donc pas question de laisser la maladie prendre le dessus, de rester en jogging, pas maquillée.

La dernière chimio était en mars. J’ai eu six cures espacées de 3 semaines. Il y avait toujours quelqu’un avec moi : mes parents, ma grand-mère, mes frères… C’est très important. Mes cheveux repoussent. Avant, ils étaient raides. Là, ils sont ondulés : j’espère que ça va durer !

Je dois prendre des anticorps jusqu’à février et une hormonothérapie pendant deux à cinq ans. Le risque de récidive est plus important les cinq premières années.

Aujourd’hui, les cheveux d’Élise ont repoussé. (Photo : Ouest-France)

« Ça peut arriver avant 50 ans »

J’ai passé une mammographie la semaine dernière, j’en ai pleuré. Mais le plus dur est fait. Depuis septembre, j’ai repris mon travail en mi-temps thérapeutique. C’est important : je fais partie des actifs, je ne suis plus une malade. C’est fatigant, mais même les bouchons, on les apprécie !

Aujourd’hui, je savoure, je prends le temps, je profite. Mon projet : la reconstruction mammaire en début d’année. C’est important pour moi : je me reconstruis, je tourne une page, je continue d’avancer.

Ce cancer n’est pas génétique dans mon cas. Alors on l’a appelé « pas de bol ». J’ai envie de donner un sens à quelque chose qui n’en a pas, à ce « pas de bol ». Je voudrais m’investir pour aider les femmes de 25-40 ans touchées par ce cancer. Je vais peut-être intervenir dans des groupes de parole à Baclesse. On va voir. Le dépistage est bien fait à partir de 50 ans, mais malheureusement, ça peut arriver avant… Alors si je peux passer un message, c’est : « Palpez-vous les seins ! Et surtout, ne faites pas l’autruche… »

Dimanche, je vais participer aux Elles de l’Orne. Avec ma mère, ma grand-mère, des amies… Je suis très heureuse de savoir que plus de 3 000 femmes seront là ! »

Un enjeu de santé publique. En France, le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme. C’est aussi la première cause de mortalité par cancer, avec près de 12 000 décès par an. Pourtant, s’il est détecté tôt, ce cancer est guéri dans 9 cas sur 10. Grâce au dépistage précoce, la moitié des cancers du sein sont décelés alors qu’ils mesurent moins de 2 cm ! Plus d’infos sur cancerdusein.org.