La démocratie a vacillée ce vendredi matin ! Elle a failli quitter le Sénégal pour de bon. L'Apr, le parti présidentiel a dû sortir un communiqué en catastrophe pour éteindre le feu, allumé par un thuriféraire. Alors que les Sénégalais s'étripent sur un éventuel 3e mandat de Macky Sall, voilà que Serigne Mbacké Ndiaye décide de ramener le pays aux temps de Senghor avec une proposition visant à faire sauter le verrou limitant les mandats présidentiels à deux. "Je propose la non limitation des mandats pour la présidence de la République comme pour les députés, les maires, les présidents de Conseil départemental", martèle-t-il.
Une idée jugée tellement ringarde que la mouvance présidentielle s'en est démarquée totalement en la qualifiant de "tentative de manipulation de l'opinion pour jeter le discrédit sur le travail du président Macky Sall". L'argumentaire qui la sous-tend n'en est pas moins biscornu : "de 1960 à nos jours, nous n'avons connu cette limitation qu'à partir de 1993 et cette décision était dictée par deux faits conjoncturels : le discours de la Baule qui imposait aux Africains, certains Africains devrais-je dire, ‘'limitez vous à deux mandats''; le lendemain sombre des élections de 1988 très mouvementées qui poussaient le Président Abdou Diouf à prendre l'initiative d'une concertation avec l'opposition. C'est ainsi qu'est né le code consensuel dénommé code Kéba Mbaye".
Depuis, surnommé "Ndiaye illimix" sur les réseaux sociaux, il reçoit une pluie de quolibets. Abdou Mbow lui rappelle qu'il n'est ni porte-parole de l'Apr, ni celui de Benno Bokk Yaakaar encore moins du pôle des représentants de la majorité au dialogue. Par conséquent, il ne peut se prévaloir d'aucun titre pour faire cette proposition, d'autant plus que, même s'il est parmi les plénipotentiaires, il a reçu un mandat avec une position nette et claire sur toutes les questions.
Ndiaye illimix
Mais, Serigne Mbacké n'en a cure. Avant même cette polémique, il "avait déjà porté la réplique à ses détracteurs. "Depuis que j'ai lancé cette idée, les valets de l'impérialisme, ces représentants de l'Occident et de certains Lobbies ainsi que ceux qui sont pressés de prendre le pouvoir se ruent sur les brancards en brandissant, non pas des arguments, mais des injures. Cela ne me dérange point car la violence tant verbale que physique est l'arme des faibles", rétorquait-il.
Venant de Serigne Mbacké Ndiaye, ce n'est pas du tout étonnant. L'ancien "mégaphone" de Wade est un coutumier des faits. Sa posture et ses déclarations dangereuses lors de la présidentielle de 2012 sont restées encore fraiches dans les mémoires. Si Wade avait suivi son porte-parole dans sa turpitude et sa façon peu amène de protéger ses privilèges, le pays allait sombrer dans le chaos.
Socialiste par adhésion, libéral par intérêt
On se rappelle qu'au lendemain de la proclamation des résultats du premier tour de la présidentielle de 2012, celui qui déclarait que "nous irons tous en prison si Wade perd", avait convié la presse nationale et internationale au palais de la République pour déclarer son candidat (Abdoulaye Wade) vainqueur au premier tour, avant de se raviser. Il récidive lors de la soirée électorale du second tour, le 25 mars 2012.
Alors que la défaite de Wade était évidente au vu des tendances issues des urnes, Serigne Mbacké Ndiaye déclare que les résultats détenus par le palais donnent Wade vainqueur au second tour. Mais, le Pape du Sopi passe-outre la déclaration de son porte-parole et décide d'appeler Macky Sall pour le féliciter.
Malgré tous ces épisodes qui ont fortement écorné son image, le Khombolois de 64 ans continue d'investir les médias pour défendre, cette fois-ci, Macky Sall. Il faut dire que le socialiste par adhésion devenu libéral par intérêt, est un adepte du retournement de veste selon ses intérêts du moment. Opérant de déroutants virages, parfois à 360°. Compagnon d'Abdourahim Agne (Parti de la réforme) et protégé de Mamadou Diop Le Maire au Parti socialiste à ses débuts, il a quasiment fait le tour des chapelles politiques du pays : du Ps au Pds en passant par l'Afp, l'Urd et le Pr.
Vieux jet-seteur
Celui qui fut un fervent courtisan de Wade avait pourtant été un de ses plus redoutables détracteurs. Il était, en effet, la principale figure de l'initiative pour le départ de Wade (Idewa), avant de rejoindre les prairies bleues avec, à la clé, une nomination comme Pca de la caisse nationale de crédit agricole (Cnca). Puis porte-parole de la présidence de la République. Ayant pris goût aux délices du pouvoir, Serigne Mbacké Ndiaye n'arrive plus à s'en départir et est prêt à tout, même à brûler le pays (présidentielle 2012), pour garder ses privilèges si juteux.
C'est ainsi qu'il a commencé à théoriser sa si "fabuleuse" idée de non-limitation des mandats. En effet, il implorait Wade, à l'époque, de rester au pouvoir "jusqu'en 2019". Qu'il prône une présidence illimitée pour son allié, Macky Sall ne surprend guère alors.
Tout comme sa carrière politique, la vie de Serigne Mbacké Ndiaye est du reste très atypique : virées nocturnes en boîte "avec (ses) enfants pour danser le Youza", féru attitré de soirée salsa, squatteur de l'émission La mou saaf de Sidate sur la Rfm…Le ‘'vieux baol-baol'' est un jet-seteur et ses frasques alimentent les rubriques people des sites de buzz en s'affichant parfois avec sa ravissante troisième épouse Lota Ndiaye ou encore aux côtés de Coumba Gawlo Seck dansant le "Youza". Une vie dorée que Serigne Mbacké Ndiaye ne troquerait pour rien au monde. Il a donc intérêt que ses généreux donateurs restent au pouvoir… le plus longtemps possible !
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