Elle n’est plus à présenter dans la presse sportive. Sa voix porte et compte. Elle a une voix radiophonique incontestable et captivante. Elle, c’est Ndèye Dom Thiouf, une journaliste sportive propulsée par la radio Sud Fm. Aujourd’hui, avec une vingtaine d’années d’expérience avec une présence effective et active à la RTS, Dom peut être bien considérée comme une pionnière. D’autant plus qu’elle a dans son compte la couverture de 8 Coupes d'Afrique des Nations pour couvrir le Sénégal et le football africain, la Coupe du monde 2022 au Qatar et bien d'autres compétitions… Ndèye Dom Thiouf a voyagé un peu partout à travers le continent et le monde pour couvrir le sport ; spécialité : le football. La journaliste a fini par forcer le respect dans ce milieu machiste.
"Tout a commencé à l'école primaire, en séance d'éducation physique et aux compétitions interscolaires. C'est naturel pour moi parce que j'ai grandi avec cette fibre sportive. Quand j'ai commencé mes études en journalisme, je me suis spécialisée en sport. J'étais un peu inquiète parce qu'il n'y avait pas beaucoup de femmes. Mais je me suis dit que j'allais réussir, peu importe s'il y avait des femmes ou pas, ça n'a jamais été un obstacle pour moi. C'était un choix depuis toute petite", dit-elle.
La journaliste n’avait pas de difficulté pour évoluer sur un terrain dominé par des hommes. Bien au contraire. Elle en profite pour adresser une motion de reconnaissance à ses mentors à savoir Abdoulaye Dabo ou encore Babacar Khalifa Ndiaye. "C'est même une chance" d'avoir connu ces gens, dit-elle fièrement. Toutefois, elle est consciente que certaines de ses consœurs rencontrent parfois des difficultés pour s'intégrer dans ce milieu masculin, avec toutes les dérives possibles. "Je suis dans des associations, je vois donc des femmes qui disent vivre des difficultés. Moi, je n'ai pas eu ce genre de problèmes parce que je fais en sorte que la question ne se pose même pas de savoir si je suis un homme ou une femme. La seule question qui se pose concerne mes compétences. J'encourage toutes les femmes à miser sur leurs compétences" répond la dame.
"La compétence n'a pas de sexe"
Elle fait partie de celles qui ont balisé la voie avant les années 2000 et juste après, le constat est toujours limpide : les hommes continuent de dominer le milieu sportif. "On s'en rend compte lors des compétitions internationales. On est entouré d'hommes", confirme la journaliste qui a parcouru le monde pour couvrir les grandes compétitions sportives.
La dominance des hommes est une force chez elle. Mieux, c’est même une source de motivation et de détermination. Ndéye Dom le répète, la compétence n'a pas de sexe. Donc, si un homme peut être un excellent journaliste sportif, une femme peut l’être également. "Si les hommes travaillent pour avoir une voix reconnue et respectée, les femmes ont également ce devoir. La compétence n'a pas de sexe. C'est valable dans tous les secteurs. Il faut travailler, préserver, aller chercher cette expérience qui fait de nous un modèle", réaffirme-t-elle avec fermeté.
Une croix sur les cérémonies familiales
La journaliste sportive invite les femmes à s'approprier le directoire des équipes sportives. Si elle constate qu'il y a une certaine avancée, dans le monde du basket, où des femmes dirigent des équipes, elle se désole qu'aucun club, dans le monde du football professionnel sénégalais, ne soit dirigé par une femme.
Elle se préoccupe des conditions de femmes dans le milieu sportif, d’une manière large. Elle rêve de changer la donne. Pour lui, on peut s’imposer si on a la volonté et si on est endurant.
"Le sport est très exigeant. Si tu es une femme et que tu veux y réussir, il faut avoir une réelle volonté et un sacré caractère pour continuer. Beaucoup vont abandonner en cours de route, et c'est compréhensible. Mais il faut cette volonté pour poursuivre le chemin et faire preuve d'organisation pour juguler la vie ménagère et les voyages pour les compétitions, aller au stade les week-ends, etc », affirme-t-elle.
Toutefois, le journalisme sportif a ses contraintes : les tâches ménagères. Gérer le foyer et faire le travail est un sacré casse-tête, surtout s'il faut s'absenter durant des semaines, voire des mois pour couvrir des compétitions. Pour les mères, c'est un sacrifice. "C'est très difficile, mais il faut une organisation personnelle. Mais je le redis, c'est très difficile. Les contingences domestiques sont très lourdes. Parfois, tu es obligée de faire une croix sur des événements ou de s'absenter parce que tes enfants sont malades, ou ton mari", déclare la mère de famille, sans oublier d’exhorter les acteurs des médias à prendre en compte ces contraintes des femmes.
L'argent, un complément pour arriver au bonheur
Un des grands noms du journalisme sportif, Ndèye Dom Thiouf n'a aucun regret. Elle se considère comme une privilégiée de vivre sa passion, de faire un travail qu'elle a choisi depuis sa tendre enfance. Côté financier, pour elle, l'argent seul ne fait pas le bonheur. "Certains nous disent que tu ne peux devenir milliardaire (comme journaliste sportive). Mais je pense que la richesse d'un homme, ce n'est pas seulement l'argent. L'argent ne fait que compléter. Mais cette richesse, ce sont les valeurs, l'expérience que tu gagnes, la connaissance… c'est plus important que l'argent".
Un joli message qui confirme encore que vivre de sa passion n'a pas de prix et que tous les secteurs sont ouverts à tous les genres.
4 Commentaires
Lebaolbaol Tigui
En Mars, 2024 (20:14 PM)Lebaolbaol Tigui
En Mars, 2024 (20:14 PM)Amad
En Mars, 2024 (22:17 PM)Participer à la Discussion