A la tête du département de la Pêche depuis novembre, Alioune Ndoye a intérêt à revoir sa communication à la lumière des manifestations violentes à Mbour et à Saint-Louis en l'espace de deux mois.
Le nouveau ministre de la Pêche et de l’Economie maritime, Alioune Ndoye est au creux de la vague. Son département est secoué par une série de manifestations violentes de pêcheurs dont la dernière en date est celle du mardi 4 février à Guet-Ndar (Saint-Louis) qui a fait 15 blessés du côté des forces de l’ordre et des dégâts matériels importants estimés à plusieurs millions.
En moins de deux mois, le maire de Dakar-Plateau -nommé à ce poste le 2 novembre 2019 en remplacement d’Aminata Mbengue Ndiaye promue présidente du Hcct- a essuyé deux manifestations violentes (à Mbour le 23 décembre 2019 et à Guet-Ndar le 4 février 2020).
Si l'on se fie aux différentes réactions du nouveau ministre, un défaut de communication serait le dénominateur commun des deux mouvements d'humeur aux conséquences fâcheuses. En effet, à Mbour comme à Guet-Ndar, une absence criarde de communication entre la tutelle et les acteurs de la pêche artisanale sénégalaise a été à l'origine des échauffourées. Même si cela ne peut en rien servir de caution à la furie incendiaire des pêcheurs, une bonne communication aurait peut-être pu prévenir ces dérives.
Manque d’anticipation
A Mbour le 23 décembre dernier, le ministre pointait une « désinformation » visant à « embrigader une jeunesse » et saboter le projet de construction d'un quai de pêche. « Des gens sont partis désinformer la population, c'est ça la vérité. On leur a fait croire qu'il s'agit de la construction d'une usine de farine de poisson au profit d'investisseurs chinois. Ce qui est absolument faux », regrette Alioune Ndoye qui avoue ainsi que la communication qui devait accompagner le projet, a échoué.
Devant l'ampleur des dégâts, le ministre va jouer au « médecin après la mort » pour expliquer le bien fondé de l'initiative. « Ce projet sera accompagné de la construction d'une nouvelle route d'accès au quai. Il y a autant d’avantages détaillés. Mieux, ce projet n’empêchera pas les pirogues d’être arrimées sur ce site », renseigne Alioune Ndoye.
On peut en dire autant sur le processus de renégociation des licences de pêche (expirées depuis le 31 décembre 2019) avec la République islamique de Mauritanie et dont les lenteurs ont déclenché les émeutes de mardi dernier. Les pêcheurs qui n’ont eu aucune information sur ces lenteurs ainsi que sur les raisons de l'arraisonnement de trois pirogues au large des côtes mauritaniennes, ont déversé leur courroux dans la vieille ville.
Des événements regrettables qu’une bonne communication entre la tutelle et les pêcheurs concernés pouvait prévenir.
Ndoye hérite d’un département à problèmes
Alioune Ndoye sait sans doute qu’il est à la tête d’un département à problème. Les relations entre pêcheurs de Guet-Ndar et autorités mauritaniennes sont très heurtées ces dernières années, surtout depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle réglementation mauritanienne qui oblige les pêcheurs sénégalais à débarquer leurs prises en Mauritanie. Des heurts s'en étaient suivis, suite à la mort d’un jeune pêcheur sénégalais tué par les garde-côtes mauritaniens en janvier 2018.
C’est dans ces conditions de crise permanente entre les autorités mauritaniennes et les pêcheurs sénégalais confrontés à la raréfaction des ressources halieutiques à cause de la surpêche qu’Alioune Ndoye hérite du département. Un dossier brûlant qui appelle le ministre à davantage communiquer pour éviter tout dérapage.
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