Deux Britanniques ont développé, mercredi, une forte réaction allergique après avoir reçu une injection du nouveau vaccin contre le Covid-19 de Pfizer et BioNTech. Un phénomène rare, mais qui existe pour tous les vaccins, rappellent les scientifiques.
À peine commencée, la campagne britannique de vaccination contre le Covid-19 a rencontré, mercredi 9 décembre, son premier hic. Deux personnes travaillant pour le National Health Service (le Système de santé publique au Royaume-Uni) ont eu une réaction allergique après avoir reçu une première injection du vaccin développé par Pfizer en collaboration avec BioNTech. Ils ont tous les deux pu être traités rapidement et se portent bien, ont précisé les autorités britanniques.
Dans la foulée, l'Agence britannique de régulation du médicament a publié une mise en garde, déconseillant aux personnes ayant des antécédents de crises allergiques aiguës de se faire vacciner.
Un effet secondaire rare
"C'est un conseil approprié. Nous savons maintenant que les deux personnes concernées avaient des antécédents et portaient sur elles des produits pour faire face à des fortes réactions allergiques", note Louisa James, chercheuse en immunologie à la Queen Mary University de Londres, contactée par France 24. Elles avaient avec elle de l'Anapen, un traitement d'urgence à base d'adrénaline administré par injection en cas de choc anaphylactique [réaction allergique exacerbée].
D'après le site Allergy UK, une personne sur 1 000 risque de subir un choc anaphylactique après avoir été exposé à un allergène auquel elle est sensible. Ce type de crise "affecte le système cardiovasculaire, respiratoire, gastrique et entraîne des éruptions cutanées graves. La pression sanguine peut baisser et la personne peut avoir des difficultés à respirer", explique Saad Shakir, directeur de l'Unité de recherche sur la sécurité des médicaments, une ONG britannique de santé, contacté par le site Science Media Center. Sans intervention rapide, une anaphylaxie peut même être mortelle.
Mais, en l'occurrence, les deux personnes concernées ne semblent pas avoir eu une réaction allergique aussi violente. "A priori, il s'agirait plutôt d'une réaction anaphylactoïde ou pseudo-anaphylactique, qui entraîne des symptômes similaires mais moins sévères", précise Saad Shakir.
Ce type de risque est connu pour des allergies à certains aliments ou médicaments… Mais aussi pour les vaccins. "Des cas de réactions allergiques fortes ont été rapportés pour tous les vaccins, mais ils restent rares", précise Nilsson Lennart, un chercheur du centre d'allergie de Linköping (Suède) et l'auteur d'une étude sur les vaccins et les allergies publiée en 2017, contacté par France 24. Il ajoute que les cas de choc anaphylactique ont une fréquence de 1,5 pour un million de dose en général pour les vaccins.
Trouver la cause
Ce risque est largement accepté par l'industrie pharmaceutique. Pfizer savait d'ailleurs qu'il existait pour son vaccin contre le Covid-19. "Les données publiées par le laboratoire indiquent qu'environ 0,6 % des patients ont eu une forme de réaction allergique après l'administration de la molécule durant les tests cliniques de phase III", souligne Stephan Evans, chercheur en pharmacoépidémiologie au département de statistique médicale de l'École d'hygiène et de médecine tropicale à Londres.
Pour ce vaccin, il faut maintenant déterminer ce qui entraîne la réaction allergique. Il s'agit en effet d'une technologie vaccinale entièrement nouvelle et il n'existe donc aucun point de comparaison. "On sait que ce type d'effets secondaires peut être lié à des ingrédients utilisés pour stabiliser le vaccin, comme le polyéthylène glycol [qui sert à épaissir ou gélifier certains fluides dans des médicaments ou des cosmétiques]", souligne Louisa James, de la Queen Mary University de Londres.
C'est une piste sérieuse car les données rendues publiques par Pfizer indique que son vaccin contient effectivement cette substance. Mais il est encore bien trop tôt pour le dire, et il faudra d'abord en savoir plus sur le profil allergique des deux Britanniques qui ont dû être soignés après avoir eu une injection du vaccin de Pfizer.
En attendant, les scientifiques ne pensent pas que ce premier couac de l'histoire des vaccins contre le Covid-19 devrait inquiéter le grand public. "Après tout, il existe aussi un risque d'avoir une réaction allergique violente en mangeant de la pâte à tartiner", note Stephen Evans, le chercheur de la London School of Hygiene & Tropical Medicine. Et avec la pâte à tartiner, le seul bénéfice est un petit plaisir coupable. Avec ce vaccin, l'avantage est d'être protégé contre une maladie à l'origine de la pire crise sanitaire depuis un siècle.
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