Plus de cinq mois après l’apparition du premier cas de Covid-19 au Sénégal (2 mars 2020), le gouvernement peine toujours à convaincre les compatriotes par sa communication. Ce qui a abouti au relâchement des populations, mais surtout à la multiplication des contaminations, provoquant ainsi l’augmentation des cas de décès. Contacté par Seneweb, Jean Sibadioumeg Diatta, communicant et docteur en science du langage à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, décèle un certain nombre de «péchés» dans la communication des dirigeants.
«Derrière ce relâchement noté chez certains Sénégalais, se cache le fait que le discours de la thèse du complot prospère. Beaucoup de citoyens doutent encore de l’existence même de la Covid-19 et ce, malgré les nombreux morts. C’est, d’ailleurs, un problème que le gouvernement n’a jamais réussi à résoudre, depuis le début de la pandémie», a fait savoir à Seneweb Jean Sibadioumeg Diatta, qui pense que «ce sentiment de doute a malheureusement été conforté par un certain nombre de facteurs notés dans la gestion institutionnelle de la maladie».
En plus clair, il s’agit, selon lui, de l’absence de ce qu’il appelle «la pédagogie par l’exemple». Celle-ci, rappelle-t-il avec insistance, «reste le fondement d’une communication efficace».
L’expert est d’avis que «le fondement de l’efficacité de la communication gouvernementale doit impérativement reposer sur une cohérence d’ensemble entre les discours et les actes, entre les messages et les comportements des émetteurs, entre ce que l’on dit et ce que l’on fait».
Il ajoute, dans la foulée, qu’une analyse situationnelle illustre nettement qu’au moment où l’on impose des règles comportementales à tous les niveaux, l’on est le premier à fouler aux pieds ces mesures.
Ainsi, Jean Sibadioumeg Diatta fait constater, pour le regretter, que «les autorités sont dans les funérailles, les levées de corps, les mariages, les baptêmes. Elles organisent des rencontres politiques, des cérémonies de pose de gazon, etc., sous le regard teinté de multiples interrogations des concitoyens. (Pourtant), ces activités mobilisent des foules, mais aussi des personnes vulnérables. Elles exigent donc des populations ce qu’elles sont incapables de réaliser, alors qu’en matière de communication, le plus compliqué n’est ni le message ni la technique, mais le récepteur».
Citant ainsi Dominique Wolton, notre interlocuteur de préciser que ce récepteur analyse les comportements de l’émetteur et en tire des conclusions qui détermineront sa ligne de conduite.
A ce titre, il pense que le président de la République, Macky Sall, «devrait exiger plus de rigueur, plus de responsabilité, plus de respect des règles à ses collaborateurs et à son entourage, afin que la pédagogie par l’exemple soit la clé de voûte de la stratégie globale de communication dans cette ‘guerre’ contre un ennemi aussi puissant qu’invisible».
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