2019 était partie pour être une année tranquille pour le régime de Macky Sall, avec un deuxième mandat acquis en février dès le 1er tour avec plus de 58%. Mais alors que le Président nouvellement élu déroulait sur les chapeaux de roue, avec une opposition divisée sur le dialogue national, voilà que le média britannique Bbc vient mettre du sable sur la machine en début juin, avec une enquête sur le dossier Pétro-Tim.
La journaliste Mayéni Jones affirme qu'il y a un scandale à 10 milliards de dollars entre Aliou Sall, le frère de Macky Sall, l'homme d'affaires Frank Timis et la multinationale Bp. Le média soutient qu'Aliou Sall a reçu 250 000 dollars via sa société Agritrans, gérée par l'oncle de la famille Sall, Abdoulaye Timbo.
Le sujet n'est certes pas nouveau puisque des opposants comme Ousmane Sonko ainsi que d'autres figures de l'opposition et de la société civile en avaient déjà parlé, mais la plus value du média ainsi que son aura internationale ont donné plus d'échos à cette affaire. Pour le parti au pouvoir (Apr) et ses alliés, c'est le début de la tourmente.
Le 5 juin, profitant de la prière de korité à la grande mosquée de Dakar, Macky Sall brise le silence. Le chef de l'Etat parle de reportage " orienté". Dans l'après-midi, le gouvernement se mobilise pour porter la réplique. A travers un mémorandum, le gouvernement accuse la BBC d'avancer, " sans aucun fondement, le chiffre surréaliste de 10 milliards de dollars que l'État sénégalais aurait perdus dans une transaction entre deux compagnies privées".
Seulement, les deux sorties ont eu l'effet contraire à celui escompté. En effet, les experts de la communication ont trouvé que le moment (jour de fête) a été mal choisi et que l'expression, "sama rakk" (mon frère), utilisée par Macky Sall est mal à propos. D'où l'idée d'une panique au sommet de l'Etat, sachant que le Président est censé être le dernier à s'exprimer sur ce genre de dossiers sensibles.
Quelques jours après, l'accusé monte au front pour se laver à grande eau. " Je n'ai jamais reçu, directement ou indirectement, un quelconque paiement de la part de Timis Corporation à travers Agritrans", jure-t-il. Mais c'était sans compter la sortie, quelques jours plus tard, d'El Hadji Kassé, sur Tv5. Le ministre conseiller à la présidence donne une version en totale contradiction avec celle de Sall. " D'après les informations que j'ai, cette somme a été virée dans une société Agri-Trans (sic) de M. Sall, pour le paiement d'une mission de consultation dans le secteur agricole".
Une intervention qui vient ajouter à la confusion. Kassé sera finalement limogé le lundi 24 juin. Mais il ne sera pas le seul à quitter son fauteuil, puisqu'Aliou Sall est contraint à démissionner de la Caisse des dépôts et consignations. "Il est de mon devoir de laver mon honneur sali (…). C'est à la fois un problème de justice, de dignité mais aussi de responsabilité", se défend-t-il.
La politique s'invite dans le sport
Après des semaines de polémiques et de pression exercée par la société civile et des opposants politiques, le Procureur se saisit enfin du dossier. Débute alors une longue liste de personnalités auditionnées dans le cadre de l'enquête. Mamadou Lamine Diallo, Abdoul Mbaye, Clédor Sène, Babacar Mbaye Ngaraf, Birahim Seck, Mouth Bane sont tous passés. Seuls Ousmane Sonko et Souleymane Ndéné Ndiaye ont refusé de déférer à la convocation. Si d'aucuns espèrent que l'affaire sera tirée au clair, d'autres parlent de parodie et disent ne rien attendre de la Justice. Le peuple est à l'écoute du doyen des juges.
Quant à Aliou Sall, il traîne le dossier comme un boulet. La Can 2019 a été une occasion d'allier politique et sport avec des maillons de l'équipe nationale sur lesquels il était floqué : "sama 400 mille" ou "sunu 6 000 milliards".
Récemment, lors d'un incident à Guédiawaye, l'histoire des 400 mille a refait surface. Sans oublier le jeune rappeur obligé d'arrêter sa prestation lors d'une finale présidée par le maire de Guédiawaye, Aliou Sall. L'artiste est coupable d'avoir réclamé "ses" 400 mille à Aliou Sall, à travers sa chanson. Comme quoi, le dossier est loin d'être bouclé.
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