Signé: Mamadou Jean-Charles TALL
Monsieur le Président de la République,
Quand les journalistes de Charlie Hebdo ont été assassinés, vous vous êtes rendu à Paris pour exprimer votre solidarité à leur famille, leur pays et, au-delà, à l'être humain, face à la barbarie. Des critiques s'étaient élevées contre votre déplacement. Elles me semblaient vaines et éloignées de l'objet principal : témoigner notre solidarité d'êtres humains chaque fois que ce qui fait de nous des humains est agressé par la bêtise et l'ignorance.
Aujourd'hui, la décision de monsieur le préfet de Dakar d'interdire la marche de solidarité avec le Kenya, sous le prétexte que l'itinéraire entre dans le domaine universitaire donne raison aux détracteurs qui affirmaient que plus qu'un acte de solidarité humaine, votre déplacement à Paris était plus une forme d'allégeance à la France et à ses réseaux néo-coloniaux.
L'information qui a été faite le lundi13 avril n'a reçu de réponse que le jeudi 16. Rien n'empêchait monsieur le Préfet de Dakar de prendre contact avec les organisateurs pour leur signifier qu'il ne pouvait autoriser que le parcours relevant de sa responsabilité et qu’ils devaient prendre contact avec le Recteur de l’Université pour le parcours intérieur à l’UCAD.
Monsieur le Préfet de Dakar aurait pu contacter les organisateurs pour aménager le parcours avec eux. La mesure d’interdiction systématique des manifestations est en train de transformer cette disposition fondamentale de la Constitution en une coquetterie politique vide de sens.
Mais au-delà de ce fait, ce qui m’indigne, c’est que l’on puisse opposer ce genre d’argument à une manifestation de solidarité humaine qui n’aurait eu pour objectif que de renforcer l’esprit de solidarité des Sénégalais envers d’autres frères humains, face à l’innommable. Vous nous privez d’une occasion de sensibiliser les jeunes à ce qui peut arriver à l’intérieur de nos propres frontières artificielles si nous manquons de vigilance, si nous refusons d’étudier, par nous-mêmes, les textes sacrés qui guident notre vie spirituelle, si nous laissons des ignares interpréter pour nous et nous dicter une conduite.
J’attendais de vous, monsieur le Président, que, spontanément, vous acceptiez de nous rejoindre, sans folklore, sans publicité, sans les media. Juste pour montrer que les 147 jeunes tués à Garissa comptent, chacun, autant dans votre cœur que chacun des dessinateurs de Charlie Hebdo, que les policiers tués par ces fous du Diable dans les rues de Paris.
Votre administration s’est employée à gâcher ce moment de solidarité avec des arguments indignes de notre pays. La teranga, ce n’est pas seulement « bien recevoir les gens », c’est également une manière de leur montrer que « eux c’est nous et nous c’est eux ». Dans ce combat pour la solidarité humaine, votre administration a raison de ne pas vouloir entrer dans l’espace universitaire. A la maternelle des Droits de l’Homme, elle ne mériterait même pas l’encre pour lui décerner un zéro pointé.
Respectueusement,
Mamadou Jean-Charles TALL
7 Commentaires
Anonyme
En Avril, 2015 (17:59 PM)Ccitoyen
En Avril, 2015 (18:12 PM)Layesa
En Avril, 2015 (18:29 PM)Walay
En Avril, 2015 (18:35 PM)Anonyme
En Avril, 2015 (21:19 PM)Anonyme
En Avril, 2015 (03:56 AM)Atypico
En Avril, 2015 (09:33 AM)Participer à la Discussion