La réalisatrice guadeloupéenne Sahar Maldoror est décédée lundi à Paris, à l’âge de 91 ans des suites du coronavirus, ont annoncé ses filles Annouchka de Andrade et Henda Ducados.
La cinéaste était considérée comme ‘’la pionnière du cinéma panafricain’’ et ‘’la voix des persécutés et des insoumis’’, selon un communiqué de presse parvenu à l’APS. Elle a à son actif 40 films qui sont ‘’le reflet d’une vaillante combattante, curieuse de tout, généreuse, irrévérencieuse, soucieuse de l’autre qui porta glorieusement le poétique au-delà de toutes frontières’’.
Sarah Maldoror, qui a étudié le cinéma en 1961 à Moscou où elle a connu le Sénégalais Sembene Ousmane, est considérée comme ‘’une activiste politique’’ aux films ‘’engagés’’.
De ‘’La bataille d’Alger’’ (1965), en passant par ‘’Monagambée (1969), ‘’Des fusils pour Banda’’ 1970) et ‘’Sambizanga’’ (1972), qui retrace le portrait d’une femme angolaise dont le mari a été emprisonné et torturé par la police secrète d’Angola, tous ces films illustrent les luttes de libération en Afrique.
Après son séjour dans l’ex-Union soviétique, elle rejoindra les pionniers de la lutte des mouvements de libération africains, en Angola, en Guinée, en Algérie et en Guinée-Bissau aux côtés de son compagnon Mario de Andrade, poète et homme politique angolais. Ce dernier fut le fondateur du Mouvement pour la libération de l’Angola (MPLA) et son premier président.
Elle est alors considérée par certains comme la première femme cinéaste africaine.
Pour le comédien ivoirien Sidiki Bakaba qui a joué dans l’un de ses films (Un dessert pour Constance, 1981), ‘’Sahar Maldoror était surtout une grande dame anticolonialiste, engagée aux côtés de multiples indépendantistes dont Amilcar Cabral, homme politique Bissau Guinéen’’.
La réalisatrice Sahar Maldoror aimait répéter que ‘’pour beaucoup de cinéastes africains, le cinéma est un outil de la révolution, une éducation politique pour transformer les consciences. Il s’inscrivait dans l’émergence d’un cinéma du Tiers Monde cherchant à décoloniser la pensée pour favoriser des changements radicaux dans la société’’, lit-on dans une note la présentant.
‘’Elle aura fortement contribué à combler le déficit d’images de femmes africaines devant et derrière la caméra’’, avait dit Fréderic Mitterrand, ancien ministre français de la Culture.
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