Le nouveau patron de Twitter Elon Musk a annoncé jeudi 24 novembre qu'il allait rétablir dès la semaine prochaine les comptes suspendus sur la plateforme s'ils n'ont pas enfreint la loi, revenant ainsi sur des propos rassurant lors de sa prise de contrôle.
« Le peuple a parlé, l’amnistie commence la semaine prochaine. Vox populi, vox dei », explique, à la façon des latinistes, le patron de Twitter. Mercredi, le nouveau propriétaire avait publié un sondage pour demander à ses abonnés s’il fallait autoriser à nouveau les comptes suspendus avant son arrivée, pour peu qu’ils ne se soient pas livré à des activités illégales ou à du spam flagrant, rapporte notre correspondant à Washington, Guillaume Naudin.
Résultat : plus de 3 millions de votants, dont près des trois quarts pour le rétablissement des comptes controversés. C’est la même méthode qu’il avait utilisée pour rétablir le compte de Donald Trump, qui n’est pour l’instant pas revenu sur le réseau.
Initialement, Elon Musk avait promis la création d’un conseil de modération avec des points de vue très divers pour prendre ce genre de décision. Sa volte-face est dénoncée par de nombreux experts et militants des droits civiques. Ils considèrent qu’elle pourrait ramener sur la plateforme des comptes pratiquant le harcèlement et la désinformation.
Pour expliquer sa décision, celui qui est considéré comme l’homme le plus riche du monde accuse des « militants “sociaux et politiques” » de chercher à « tuer Twitter en asséchant les recettes publicitaires », qui représentent 90% des revenus de l’entreprise. Plusieurs grandes marques, dont Volkswagen, General Motors et General Mills, ont en effet annoncé suspendre leurs dépenses publicitaires sur Twitter depuis son acquisition par M. Musk.
Elon Musk a expliqué à maintes reprises avoir racheté Twitter parce qu'il considère la plateforme comme la « place publique numérique » essentielle à la démocratie dans le monde. Mais il est largement critiqué pour ses décisions impulsives à la tête du réseau social, des licenciements massifs au lancement chaotique de nouvelles fonctionnalités. Il écarte les critiques plusieurs fois par jour sur son compte aux 118 millions d'abonnés à coup de memes (images parodiques), d'émoticônes, de provocations, d'attaques personnelles et de pirouettes.
Mais le milliardaire risque d'être rattrapé par les régulateurs. Twitter doit en effet respecter des lois européennes, dont celle sur les Services numériques (DSA) qui devrait obliger les plateformes à retirer rapidement les contenus illicites et à lutter contre la désinformation.
L'Arcom, le gendarme français des médias, avait rappelé lundi au groupe californien ses « obligations » et lui avait demandé de lui « confirmer » d'ici jeudi être « en mesure » d'y faire face et « de lui faire part de l'évolution à brève échéance des moyens humains et technologiques » qui y sont consacrés.
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