Le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication a organisé une rencontre, ce mercredi 13 octobre. Il était question de revenir sur les différents dossiers qui secouent le monde de la presse sénégalaise et d'en dresser l’état des lieux. Le Synpics en a profité pour annoncer la tenue des assises des médias, à partir du 15 novembre.
C’est par la voix de son secrétaire général Ahmadou Bamba Kassé, que le Synpics a rappelé la situation difficile dans laquelle se trouvent les employés d’Excaf Telecom. Le puissant groupe sénégalais qui possède, en plus du marché de la TNT, deux chaînes de télévision et une radio, peine à rémunérer ses agents. Ces derniers cumulent des arriérés de salaire allant de 6 à 9 mois.
Malgré ces conditions de travail pénibles, les travailleurs de cette entreprise ne semblent pas vouloir bouger le petit doigt pour changer les choses. Bamba Kassé se désole de leur mutisme. «La direction avait pris des mesures pour payer au moins trois mois d’arriérés. Nous les avons encouragés à aller dans ce sens. Mais nous remarquons que le problème est toujours présent. Le comble dans tout ça, c’est que nos camarades du groupe ne revendiquent pas leurs dus».
Deuxième dossier évoqué par le Synpics, celui des jeunes reporters du quotidien «le Témoin». Il y a quelques semaines, Seneweb vous faisait part du lancement officiellement leur mouvement d’humeur. Ils revendiquent la non-régularisation de leur statut au sein de l’entreprise et s’insurgent contre les sommes mensuelles dérisoires qu’ils perçoivent.
Concernant le premier point, bon nombre d’entre eux étaient considérés comme des stagiaires, depuis quatre ans. Bamba Kassé a tiré à boulets rouges sur le directeur du quotidien. «Comment peut-on regarder dans les yeux un journaliste et lui payer moins qu’un gardien, avec tout le respect que j’ai pour le métier de gardiennage. Après ça, il se mue en donneur de leçons (allusion aux chroniques de Mamadou Oumar Ndiaye dans son journal)».
Il poursuit : «Comment peut-on mettre des jeunes en position de stage pendant quatre ans ! Si c’était vos enfants, vous n’auriez pas accepté cela», peste Bamba Kassé qui se dit prêt, au nom du Synpics, à accompagner ces jeunes dans leur lutte.
Pour le cas D-Media, le Synpics félicite la direction pour les règlements des émoluments qui se font désormais à temps. Mais le syndicat souhaite que le groupe fasse preuve de transparence envers ses employés. On rappelle que les comptes de l’entreprise sont bloqués par le fisc.
«Il faudrait que la direction de D-Media mette à la disposition de son personnel le fond de ce dossier. Cette démarche vise à informer les acteurs du groupe. Aussi, les représentants du personnel doivent être régulièrement consultés afin de suivre l’évolution de la situation», a fait part le secrétaire général du Synpics.
Le syndicat a rappelé le rôle important que joue l’Etat dans le monde de la presse, surtout en tant que régulateur. Mais le Synpics propose des alternatives aux mesures jugées parfois trop sévères. «Après avoir constaté qu’il y a des dettes fiscales, l’Etat peut demander à ces entreprises de les échanger contre l’ouverture de leur capital à leur personnel», propose Ahmadou Bamba Kassé.
«90 % des médias ne respectent pas la Convention collective»
Les remous au sein de ces entreprises sont souvent provoqués par des difficultés financières. Une problématique qui repose le débat de la précarité des médias sénégalais. Une situation qui s’est accrue avec la Covid-19.
Toutefois, l’Etat du Sénégal a tenté de soutenir tant bien que mal ces entités. D’après Bamba Kassé, aucun média ne paye les impôts sur les salaires depuis plus d’un an. L’objectif de cette mesure était de permettre à ces entreprises de presse d’avoir des ressources. «Vous ne pouvez pas bénéficier d’un tel système et ne pas reconnaître les droits des travailleurs», regrette le secrétaire général du Synpics.
Le ministère du Travail aurait procédé à la prospection de 15 médias sénégalais. Même si les conclusions ne sont pas encore disponibles, Bamba Kassé affirme avoir eu vent des résultats : «Les quelques indiscrétions que nous avons nous renseignent que 90 % des médias ne respectent pas la Convention collective. Et ce sont ces mêmes médias qui vont se ruer sur les conventions octroyées par l’Etat.»
Pour tenter de trouver des solutions efficaces aux problèmes récurrents dans le monde de la presse, des assises des médias du Sénégal seront organisées à partir du 15 novembre prochain. Ces rencontres se veulent être des moments d'échanges entre les acteurs des médias, dans le but d’apporter des solutions concrètes.
Le secrétaire général a, par ailleurs, déploré le manque de soutien à la presse de la part des hommes politiques. «Il faut que nous (journalistes) soyons conscients que sur certaines luttes, on n’aura l’appui d’aucun acteur politique. Nous devons nous mobiliser et essayer de leur faire face».
4 Commentaires
Mor
En Octobre, 2021 (09:36 AM)Participer à la Discussion