Plus de 30 victimes de violences policières, une quinzaine d’arrestations et d’interpellations, un cyber-harcèlement en toute impunité, entre autres, c’est ce qu’ont vécu les journalistes sénégalais dans l’exercice de leurs fonctions entre 2021 et 2024.
C’est une révélation du nouveau rapport de Reporters sans frontières (RSF) intitulé « le journalisme sénégalais à la croisée des chemins » publié, ce jeudi 6 juin.
Plus de 70 entraves au travail des journalistes ont été répertoriés en trois ans.« Le Sénégal a été une locomotive de la liberté de la presse en Afrique de l’Ouest. Mais, nous avons remarqué dans le monitoring de la documentation des exactions de la presse, qu’entre 2021 et 2024, il y avait eu une succession de violations, des atteintes en termes d’interpellations, d'arrestations, de violences policières en plein exercice de leurs fonctions, entre autres. Ce sont pratiquement des années de braise pour la liberté de la presse dans ce pays », a déclaré le responsable RSF Afrique subsaharienne, Sadibou Marong, lors de la conférence de presse tenue, ce jour.
En effet, dans un contexte de troubles socio-politique et de période électorale, depuis mars 2021, « la polarisation des médias s'est accentuée, et le monde politique s'est illustré par des ingérences inquiétantes, allant jusqu'à des coupures abusives des réseaux sociaux et des suspensions de licences de médias », a énoncé ledit rapport.
En outre, ces ingérences politiques ont souvent abouti à des campagnes de désinformation. «Le contexte électoral aussi «a vu fleurir des contenus se présentant comme des médias pour influer sur la campagne en faveur d’un bord politique. Alors qu’il existe fréquemment une proximité entre patrons de presses et personnalités politiques, l’absence de garde-fous pour garantir l’indépendance éditoriales des rédactions», lit-on dans le document.
«La suppression des peines privatives de liberté pour les infractions de presse»
L’organisation non gouvernementale (ONG) Reporters sans frontières compte ainsi sur les nouvelles autorités pour redorer le blason du journalisme sénégalais.
« L'arrivée du Président Bassirou Diomaye Faye, qui avait promis notamment de supprimer les peines d'emprisonnement pour les infractions de presse et de protéger le travail des journalistes, est une opportunité pour mener des réformes de fond pour garantir le droit à l'information au Sénégal », a dit M. Marong.
Sur ce, l’ONG a fait des recommandations aux nouvelles autorités et aux acteurs du paysage médiatique sénégalais. Ainsi, elle suggère, entre autres avis, une suppression des peines privatives de liberté pour les infractions de presse. « La privation des peines de liberté doit pouvoir avoir lieu dans ce pays d’autant plus que nous sommes avec des autorités qui l’ont elle-même déjà dit dans leur livre programme. Mais, il faut également qu’il y ait davantage de responsabilité dans le travail des journalistes », a dit le responsable RSF Afrique subsaharienne. Une meilleure protection des lanceurs d’alerte et une meilleure transparence des médias et de leur financement figurent parmi les recommandations.
Évoquant l’actualité sur le redressement fiscal des entreprises de presse, Sadibou Marong suggère ‘’des stratégies inclusives bénéfiques et transparentes’’. Ceci, en intégrant « la dimension de la précarité des reporters qui sont les premiers producteurs de l’information mais également il faut que les autorités puissent travailler de concert avec tout le patronat de presse ».
2 Commentaires
Beuggeudeuggeu
En Juin, 2024 (17:55 PM)Participer à la Discussion