Les médias sénégalais n'échappent pas aux "pesanteurs sociales" qui contraignent la gent féminine à passer toujours en dernière position, a soutenu le journaliste sénégalais Mame Less Camara, avant d'inviter les femmes reporters sportives à lutter contre les influences sociales qu'elles ont elles-mêmes "transporté" dans les rédactions.
"Les medias sont le reflet de la société dont ils amplifient et diffusent les valeurs. Celles-ci fondent les hiérarchies et indiquent les modèles de comportement. La situation au Sénégal ne fait pas exception à cette règle'', a soutenu M. Camara. Il intervenait, ce week-end à Dakar, au cours d'un séminaire sur le leadership féminin dans les médias, organisé par l'Union des femmes reporters sportives africaines (UFRESA/Sénégal). Ce séminaire (samedi-dimanche) avait pour objectif d'outiller les femmes reporters (28 au total) en leadership, de dégager les freins et obstacles à l'émergence de femme-responsables dans les rédactions.
L'ancienne secrétaire général du Syndicat des professionnels de l'information et de la communication du Sénégal (SYNPICS), Diatou Cissé Badiane, a également présenté une communication au cours de cette rencontre, en même temps que Seynabou Mbaye du Conseil sénégalais des femmes (COSEF). "L'inégalité entre les hommes et les femmes a des ramifications dans les lieux de travail. Les entreprises de presse n'échappent pas à la règle", a fait valoir Mame Less Camara, par ailleurs formateur au Centre d'études des sciences et techniques de l'information (CESTI) de l'université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar.
"Les médias au Sénégal n'échappent pas à l'influence sociale. Dans les rédactions, les femmes transportent leurs configurations sociales telles qu'elles ont été construites dans la société", a-t-il encore soutenu. Selon le journaliste-formateur, les femmes reporters gagneraient "à voir comment lutter contre les pesanteurs sociales et à arrêter de reproduire les mêmes relations sociales avec les hommes à la rédaction". M. Camara a soutenu que les femmes reporters sportives font face à trois défis : celui qu'elles partagent avec tous les journalistes (collecte et diffusion), le défi de leur morphologie et celui de la spécialisation dans le sport où la violence fait office. "Il n'y a pas de supériorité professionnelle d'un sexe sur un autre, (seule) la question de valeur individuelle (...) entre en considération", a dit Mame Less Camara.
Selon lui, "le plus important c'est de s'assumer en tant qu'individu". Il a recommandé aux femmes des médias d'être ponctuelles dans leur lieu de travail, d'être assidues en étant toujours à leur poste et à éviter "les préjugés sympathiques qui en réalité sont des pièges". Pour sa part, Diatou Cissé Badiane a préconisé la création de cercles de réflexion d'échange d'expériences et a sensibilisé les rédacteurs et patrons de presse sur les spécificités du genre qui impactent négativement sur les femmes reporters.
"Il faut renforcer la solidarité entre femmes dans les rédactions, rallier les confrères à notre +cause+, ne jamais transiger sur des principes comme le respect de soi même, savoir assumer sa compétence en s'exprimant et en donnant son point de vue et en se défendant au besoin", a indiqué l'ancienne SG du SYNPICS. "Quand on parle de leadership, il faut un mouvement, sans cela, il n'y a pas de leadership mais des femmes leaders. La mobilisation est importante car elle permet de monter qu'il y a des forces derrière", a pour sa part souligné Seynabou Mbaye du COSEF, qui a axé son intervention sur "comment développer le leadership".
Mme Mbaye a par ailleurs invité à la révision des textes régissent le milieu et a suggéré la révision du cadre juridique, avant d'interpeller les autorités, les invitant à assurer aux reporters une bonne formation doublée d'un renforcement de connaissances.
1 Commentaires
Tess
En Février, 2013 (23:59 PM)Participer à la Discussion