La Cour d’assises de Saint-Louis (nord) a acquitté Pape Edouard Keïta pour démence, lundi, premier jour de sa troisième session de l'année 2013.
L'accusé comparaissait pour l’enlèvement suivi de la mort d’un jeune "talibé" (coranique) jeté sur le fleuve. La Cour d'assises a ordonné le suivi médical régulier de M. Keïta.
Le jour des faits survenus au quartier Darou de Saint-Louis en octobre 2009, Pape Edouard Keïta a fait irruption au "daara" (école coranique) de Serigne Djibrilou Baldé, non loin de son domicile, pour prendre un "talibé", le battre et le jeter dans le fleuve, selon l'accusation.
Les sapeurs-pompiers parviendront, au lendemain des faits, à trouver le corps légèrement coincé dans la mangrove, des blessures sur la bouche, les yeux, le nez et les oreilles. Une expertise médicale a conclu à une mort causée par des traumatismes multiples et par noyade.
Devant la Cour d'assises, l'accusé soutiendra ne s’être souvenu à aucun moment des faits qui lui sont reprochés.
Il dit se rappeler toutefois avoir été, en compagnie de sa mère, chez le marabout dont le "talibé" a été tué, pour se faire soigner de maux de tête. Ce dernier lui aurait donné une potion faite avec une poudre, qui l’aurait plongé dans un état second, selon ses dires.
Un examen psychiatrique fait quatre jours après les faits avait relevé chez lui des anomalies mentales.
Le marabout niera avoir remis à M. Keïta une potion aux conséquences décrites par l'accusé. Il dira aussi avoir été saisi par la mère de ce dernier, pour des difficultés dans son ménage.
L'avocat général Salobé Gningue a estimé que l’accusé se réfugiait derrière sa folie pour échapper à la loi. "Aucun des membres de sa famille n’a évoqué cette maladie brandie comme une arme de défense", a soutenu M. Gnignue.
A son avis, l'expertise médicale en rajoute à la confusion et ne dit pas si au moment des faits l’accusé jouissait ou pas de toutes ses facultés mentales. Il a demandé la condamnation de l'accusé à 20 ans de travaux forcés.
Les avocats de ce dernier, Alioune Abatalib Guèye, Mounir Balal et Mamadou Ciré Bâ disent regretter les faits et affichent leur "scepticisme", face au réquisitoire de l'avocat général.
Selon eux, le rapport d’expertise ordonné par le juge d’instruction est assez révélateur de l’état mental de leur client qui n’avait aucun intérêt à tuer ce jeune "talibé". Seule la démence peut expliquer un tel comportement, estiment les avocats de M. Keïta, qui ont demandé son renvoi sans peine ni poursuite.
Une plaidoirie à laquelle est favorable la Cour d’assises, qui a acquitté Pape Edouard Keïta. Il recouvre la liberté, après quatre ans environ passés dans les liens de prévention.
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Paranoya
En Juillet, 2013 (14:28 PM)Participer à la Discussion