L'accusée Fily Danfakha, poursuivie pour infanticide, a été acquittée au bénéfice du doute mercredi par la Cour d’assises de Kaolack siégeant à Tambacounda (est), a constaté l'APS.Les faits reprochés à la mise en cause remontent au 2 juillet 2013. Ce jour-là, des éléments du commissariat urbain de Tambacounda sont informés qu’une femme venait d’accoucher au quartier Saré Guilél, dans la commune de Tambacounda, et que le nouveau-né était décédé, suite à cette délivrance. Sur les lieux, les enquêteurs avaient pu constater les faits et identifier la mère, par le pagne ensanglanté qu’elle portait encore autour de la taille.
Le corps du nouveau-né avait été acheminé à l’hôpital pour autopsie, alors que la mère qui saignait abondamment, parce qu’ayant accouché sans assistance dans sa chambre, était transportée chez le gynécologue pour recevoir les premiers soins. Face aux enquêteurs, la jeune dame, la vingtaine, avait nié le chef d’infanticide qui lui était reproché. Décrivant les circonstances de sa grossesse, elle a dit qu’après le décès de son premier mari, elle s’était remariée avec le frère cadet de ce dernier qui vivait en Espagne depuis 5 ans, mais qu’elle n’avait jamais vu ce dernier. Vu qu’elle avait du mal à subvenir à ses besoins, elle revendait des feuilles de menthe, communément appelées ‘’nana’’. C’est dans ces circonstances qu’elle a eu une liaison avec un sexagénaire nommé Tidiane Ndoye, laquelle a entraîné sa grossesse.
Elle a raconté selon l’ordonnance de renvoi que ce dernier avait refusé de prendre en charge les frais médicaux et les tickets d’hôpital. Elle a expliqué que c'est pour cette raison qu'elle n’a jamais passé de visite prénatale, faute d’argent, et avait à terme accouché seule dans sa chambre d’un garçon. Entendue, sa copine Ramatoulaye Niakhasso avait déclaré, indique la même source, que Fily et Tidiane s’étaient donné rendez-vous dans sa chambre où elle les a accueillis, à une date dont elle ne se souvenait pas. Quelques mois après, son amie lui avait révélé qu’elle attendait un enfant de Tidiane Ndoye. Devant les enquêteurs, ce dernier avait nié catégoriquement être l’auteur de cette grossesse et avoir jamais eu de relations charnelles avec cette femme.
Interrogée au fond, Fily, déjà mère de deux enfants, avait soutenu avoir mis au monde un enfant mort-né. Quant à son beau-père Lamine Keïta, il avait déclaré ne rien savoir du chef d’infanticide reproché à sa belle-fille. Devant la barre, Fily a indiqué n’avoir pas caché sa grossesse, parce qu’elle en a informé son beau-père et sa copine Ramatoulaye, ainsi que sa coépouse. A la question de savoir pourquoi à défaut d’aller à l’hôpital, elle n’a pas tiré des leçons de ses enfantements précédents lors desquels elle avait été assistée à domicile par une vieille dame, par exemple en liant le cordon ombilical comme elle avait vu faire la bonne dame, elle n’a pas voulu répondre. Mais pour l’avocat général, si Fily avait envie de voir son enfant rester en vie, elle aurait fait le ‘’minimum de soins nécessaires’’, comme nettoyer le nouveau-né, couper le cordon, etc.
Il a relevé des contradictions dans ses déclarations où tantôt elle disait que c’est faute de moyen qu’elle n’était pas partie pour des visites, tantôt qu’elle n’avait pas trouvé la sage-femme, parce qu’étant partie un jour férié. Sur sa double déclaration à l’enquête préliminaire et devant le juge d’instruction à propos de l’état de l’enfant à la naissance (mort-né ou vivant), elle a avoué avoir ‘’fait une erreur’’. ‘’C’est ce qu’on appelle un mensonge’’, lui a rétorqué l’avocat général Soyibou Sy. Mettant en doute sa version selon laquelle son beau-père était au courant de sa grossesse, l’avocat général indique qu’il ne l’aurait pas gardé sachant qu’elle était enceinte d’un homme autre que son fils. Il a également soupçonné dans le fait d’informer sa copine, un ‘’moyen de défense’’ ou un ‘’mode opératoire’’.
Evoquant sa ‘’mauvaise foi’’ se traduisant par le ‘’refus d’aller voir les experts en la matière’’, il a estimé que son petit commerce pouvait lui rapporter de quoi payer un ticket d’hôpital. Tout en concédant des ‘’circonstances atténuantes’’ à l’accusée qu’elle présente comme une ‘’femme très brave’’ et une ‘’femme soumise’’ qui a accepté de se marier avec le jeune frère de son défunt mari, bien que ne l’ayant jamais vu, ni parlé avec lui au téléphone. ‘’Mais est-ce une raison pour tuer un enfant ?’’, s’est-il interrogé, même s’il estime que cette dame peut bénéficier d’une ‘’compréhension’’. Il en a profité pour suggérer que la loi ‘’inquiète au moins’’ les hommes qui entretiennent des relations avec des femmes pour ensuite fuir leurs responsabilités, les poussant à commettre ce genre d’acte.
L’avocat général a tout de même requis cinq ans de travaux forcés contre Fily Danfakha. Le conseil de l’accusée Me Bamar Faye a, dans sa plaidoirie, sollicité l’acquittement de sa cliente. Le procès-verbal d’enquête, a-t-il dit, note qu’elle a soutenu avoir informé ses beaux-parents de sa grossesse. D’ailleurs, a-t-il ajouté, elle n’aurait pu la cacher. Pour Me Faye, on n’est pas en présence d’un ‘’cas classique’’ d’infanticide où l’enfant est jeté dans une poubelle ou ailleurs. En outre, ‘’aucune violence n’a été exercée sur le nouveau-né’’, a-t-il ajouté, s’étonnant de ce que l’avocat général ait conclu qu’ ‘’elle a voulu tuer son enfant parce qu’elle n’a pas agi comme une sage-femme’’. ‘’ Elle n’a aucune notion scientifique’’ parce qu’illettrée, a-t-il dit, non sans ajouter que ‘’même le médecin légiste n’est pas sûr de son fait’’,
quand il conclut que l’absence de ligature peut être la cause d’une l’hémorragie qui peut avoir causé la mort de l’enfant. La défense a estimé qu’il était plus approprié de parler de ‘’négligence ou d’ignorance’’, rappelant qu’on est dans une zone connue pour un fort taux de mortalité infantile et où même des enfants nés dans un hôpital peuvent rendre l’âme. ‘’Fily est victime de Tidiane Ndoye, mais aussi de son mari’’, a-t-il conclu, invitant les maris expatriés à avoir à l’esprit le ‘’sacrifice’’ de leurs épouses laissées au pays. La Cour d’assises l’a suivi dans sa requête, acquittant au bénéfice du doute l’accusée. ADI/ASG
3 Commentaires
Douteux
En Juin, 2014 (10:57 AM)En plus l'adultère est un délit au sénégal et la dame a eu des enfants avant, elle devait savoir si l'enfant était mort dans son ventre ou pas. La justice ne peut pas comme ça traduire une personne à la Cour d'Assises sans avoir des "indices graves et concordantes", sinon c'est elle qui aura tord en gardant en prison une femme, loin de ses enfants et de sa famille, pour ensuite ....douter ! Doute de quoi? de l'enquete de police? du travail du magistrat instructeur? le mort du bébé?. S'il y a "doute" sur le culpabilité d'une personne traduite devant une Cour d'Assises, il y' a forcément "doute" sur le travail des enquêteurs. Ce qui est inadmissible !!!
L'evangile
En Juin, 2014 (11:27 AM)Soyez tous bénis vous et vos familles dans le puissant nom de Jésus Christ
Esprit Libre
En Juin, 2014 (12:26 PM)nous sommes des etres en chair et en os, le mari expatrié ne me dira pas qu'il est resté chaste durant tout les 5 ans de son séjour en extérieur
ce que je reproche à la femme, c'est le fait de ne pas aller accoucher dans un centre de santé car le mal étant fait, il ne reste plus qu'à faire face à la médisance des gens comme disent les wolofs, bou ndokh touroo ane bakh dess
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