Délibérés prorogés, procès renvoyés, séjour carcéral des prisonniers prolongé pour une durée incertaine, détenus en attente d’un jugement… Voilà des dégâts collatéraux nés des récentes affectations dans la magistrature. Les cabinets d’instruction ne sont pas épargnés…
Les affectations survenues dans le secteur de la justice sont durement ressenties sur le fonctionnement de la machine judiciaire. En effet, suite à la dernière réunion du Conseil supérieur de la magistrature, des magistrats ont été affectés, les compositions ont changé, tout est chamboulé… Les nouveaux juges tombent sur des dossiers qu’ils sont obligés de renvoyer afin de s’en imprégner davantage. Ce qui n’est pas sans conséquence sur la marche du secteur de la justice, considéré comme le bras séculier de l’Etat. Dame justice fonctionne au ralenti depuis que ces mesures sont intervenues. Dans les changements de composition au niveau des différentes juridictions, les affaires (nouvelles et anciennes) sont systématiquement renvoyées. Les détenus sont obligés de prolonger leur séjour carcéral pour une durée incertaine.
Chamboulement dans les cabinets d’instruction
Un avocat se désole de la situation qui sévit actuellement au palais de justice. «Cela fait deux audiences successives que mon dossier est renvoyé. Le premier report était dû au changement de l’équipe de magistrats. Voilà que l’on nous sert la même explication. Au même moment, mes clients restent en prison sans connaître leur sort.» Le prolongement du séjour carcéral des détenus, des prisonniers qui devaient connaître leur sort sont maintenus dans le suspens le plus total. «Les personnes qui en tirent profit sont celles qui ne sont pas dans les liens de la détention, c’est-à-dire qui avaient comparu libres à leur procès», explique un avocat. Exemple : le délibéré de l’affaire Bougane Guèye Dany contre le journal l’Observateur a été prorogé au 16 avril prochain. Le patron du groupe de presse D-Media avait porté plainte contre les responsables du groupe Futurs medias (Alassane Diop et autres) qui, selon lui, l’accusent d’avoir bénéficié d’un marché publicitaire de deux milliards de la Lonase, alors que l’ex-patron de la Loterie nationale, Baïla Wane, est en prison pour détournement présumé. «Même les cabinets d’instruction de Dakar qui ont connu un chamboulement ces derniers jours ne sont pas épargnés. Cette situation concerne tous les cabinets sauf celui du doyen des juges», confie un magistrat.
Délibérés prorogés, procès renvoyés…
Hormis les délibérés prorogés, aucune audience publique ne s’est tenue au Tribunal correctionnel de Dakar, mardi dernier ! Même les audiences publiques de flagrants délits ne sont pas épargnées. Dans la foulée, le procès qui devait opposer Pierre Goudiaby Atépa au journaliste El Malick Seck a subi un report dans les mêmes circonstances jusqu’au 07 mai. Le dernier a accusé le second d’avoir détourné près de quatre milliards destinés à l’équipement des hôpitaux de Ziguinchor et Fatick, sous le régime libéral. Il en est de même pour le procès pour diffamation et dénonciation calomnieuse entre Wal Fadjri et Ben Bass Diagne. Le procès devant opposer la notaire Nafissatou Diop à l’administrateur du site d’information Dakar’Actu, Serigne Diagne, est renvoyé au 06 avril 2013. Bien d’autres affaires liées aux litiges fonciers, blanchiment de capitaux et autres l’ont été également dans ce sens !
Toujours à l’affût !
En dehors des auxiliaires de justice, usagers de la justice et prisonniers qui en sont victimes, les journalistes sont aussi concernés par les effets collatéraux. Depuis plusieurs jours, le menu n’est pas assez fourni. Ces jours-ci, les confrères rentrent souvent bredouilles. Poussant même un esprit taquin dans les rangs des chroniqueurs judiciaires à prier pour que les gens fassent des infractions afin de leur permettre d’alimenter leurs pages faits-divers. «Aujourd’hui, c’est nase. Toujours à l’affût, mais rien», déplore un confrère. «Attendons la semaine prochaine avec l’ouverture des assises pour au moins être sûr d’avoir quelque chose de consistant», estime un «rat du Tribunal».
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