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Washington sanctionne le chef de la diplomatie iranienne

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Trump et les sanctions contre l'Iran

Le président iranien Hassan Rohani a estimé jeudi que Washington avait exprimé sa “peur” et son “impuissance” en imposant des sanctions contre Mohammad Javad Zarif, chef de la diplomatie iranienne, avec qui l'Union européenne a d'ores et déjà annoncé qu'elle continuerait de travailler. Au lendemain de l'annonce de Washington de sanctions contre le diplomate en chef iranien, l'UE a regretté cette décision et insisté sur “l'importance de maintenir des relations diplomatiques” avec Téhéran.

Voix de l'Iran sur la scène internationale, M. Zarif est le principal interlocuteur des Européens, de la Chine et de la Russie, toujours parties prenantes à l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien violemment dénoncé par les États-Unis, qui s'en sont retirés en mai 2018. Les États-Unis “ont peur des interviews données par notre ministre des Affaires étrangères”, a pour sa part fustigé M. Rohani dans un discours télévisé, en référence à des entretiens donnés par M. Zarif à la presse internationale lors d'une récente visite au siège des Nations unies, à New York.

“Nos ennemis sont si impuissants qu'ils ont perdu la capacité d'agir et de penser de manière sensée”, a poursuivi le président iranien, accusant les États-Unis d’enfantillages. M. Zarif avait déjà répliqué sur Twitter en estimant que Washington tentait de réduire l'Iran au silence, tandis que les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, ont qualifié d'"absurde" l'imposition de ces sanctions.

Escalade des tensions

Les sanctions contre M. Zarif, nouvelle étape dans la campagne américaine de pression maximale sur Téhéran, ne sont pas une surprise. En annonçant fin juin imposer des sanctions "dures" contre le Guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, le président américain Donald Trump avait prévenu que le ministre iranien des Affaires étrangères subirait bientôt le même sort. Les sanctions prévoient le gel de tous les actifs que M. Zarif possèderait aux États-Unis et interdisent toute transaction avec lui, a précisé le Trésor américain dans un communiqué.

Washington cherchera aussi à empêcher les voyages de M. Zarif à l'étranger, même si l'administration américaine ne l'empêchera pas de participer aux activités de l'ONU à New York. Disant regretter la décision de Washington, Carlos Martin Ruiz de Gordejuela, un porte-parole de la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini, a souligné que l'UE continuerait de travailler avec M. Zarif “en sa qualité de diplomate le plus haut placé de l'Iran”.

L'UE, dont trois pays sont toujours parties à l'accord de 2015 (Royaume-Uni, France, Allemagne), tente de sauver ce pacte qui mettait le programme nucléaire iranien sous un strict contrôle international en échange de la levée des sanctions économiques. L'accord est fragilisé depuis le retrait en mai 2018 de Washington qui le juge totalement insuffisant et a rétabli des sanctions économiques contre Téhéran.

Depuis, la tension n'a fait qu'augmenter. L'Iran s'est affranchi début juillet de certains engagements pris dans le cadre de l'accord et menace de poursuivre son désengagement graduel du pacte si les autres États parties ne l'aident pas à contourner les sanctions américaines, qui asphyxient son économie. Et depuis mai, des sabotages et attaques de navires dans le Golfe, imputées par les États-Unis à Téhéran, qui dément ainsi que la destruction d'un drone américain par l'Iran ont encore fait monter la pression.

“Ça suffit”

Pour un haut responsable de l'administration Trump ayant requis l'anonymat, “Zarif est le visage du régime qui répand à l'étranger la propagande et les campagnes de désinformation favorables au programme nucléaire de Téhéran, à ses missiles balistiques et à ses réseaux terroristes”. “Cela fait bien trop longtemps qu'on lui permet de se faire passer pour un représentant raisonnable et crédible de l'Iran”, a-t-il ajouté, en référence à l'image de modéré de M. Zarif, aidée par son anglais courant, son humour et ses études aux Etats-Unis.

“Aujourd'hui, le président Trump a décidé que ça suffit”, a-t-il affirmé. Tout en annonçant les sanctions contre M. Zarif, Washington, dans un mouvement apparemment contradictoire, a prolongé pour 90 jours des autorisations-clés pour trois projets en cours dans le cadre du programme nucléaire civil iranien. “Il s'agit d'une prolongation de courte durée”, a relativisé John Bolton, conseiller à la sécurité nationale du président Trump. “Nous regardons de très très près ces activités nucléaires”.



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