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Washington en faveur de la levée des brevets sur les vaccins anti-Covid

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Washington en faveur de la levée des brevets sur les vaccins anti-Covid
Les États-Unis ont annoncé mercredi 5 mai qu'ils étaient favorables à la levée des brevets sur les vaccins anti-Covid, un geste significatif à l'heure où les pays pauvres manquent cruellement des précieuses doses, seules armes contre la pandémie qui poursuit ses ravages, notamment en Inde.

 
« Il s'agit d'une crise sanitaire mondiale, et les circonstances extraordinaires de la pandémie du Covid-19 appellent à des mesures extraordinaires », a souligné la représentante américaine au Commerce Katherine Tai. 

« L'administration croit fermement aux protections de la propriété intellectuelle, mais pour mettre fin à cette pandémie, elle soutient la levée de ces protections pour les vaccins contre le Covid-19 », a justifié Katherine Tai, précisant que Washington participait « activement » aux négociations menées à l'Organisation mondiale du Commerce pour permettre la levée de ces brevets.

 
Le patron de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a salué peu après sur Twitter une « décision historique ».


Pour l'heure, la fracture se creuse entre les nations déshéritées à la peine et les pays riches, où les campagnes de vaccination -bientôt élargies aux États-Unis aux adolescents et au Canada aux enfants dès 12 ans-, permettent une levée progressive des restrictions sanitaires.

Exhortés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à la solidarité dans ce domaine, les membres du G7 (États-Unis, Japon, Canada, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie) ont discuté mercredi à Londres des moyens d'augmenter leur assistance financière ou de partager leurs doses excédentaires pour aider les États pauvres.

 
Exposé à des cas potentiels de Covid-19, le chef de la diplomatie indienne, Subrahmanyam Jaishankar, a été contraint mercredi de participer virtuellement à cette réunion. L'Inde, qui subit une deuxième vague dévastatrice, a dénombré 3 780 morts et 382 000 contaminations supplémentaires en 24 heures, soit plus de 222 000 décès et près de 20,3 millions de cas au total, un bilan que certains experts jugent largement sous-évalué.

Des milliards de dollars débloqués en Inde

Cette situation est notamment attribuée à des rassemblements religieux, comme l'immense pèlerinage hindou Kumbh Mela qui a drainé des millions de personnes, et à des meetings politiques autorisés ces derniers mois, ainsi qu'à l'inaction du gouvernement de Narendra Modi. Les hôpitaux sont submergés et à court de réserves d'oxygène, de médicaments, de lits, malgré l'aide internationale qui afflue.

La levée temporaire des brevets sur les vaccins est notamment réclamée par l'Inde et l'Afrique du Sud pour pouvoir accélérer la production, mais certains pays dont la France y sont opposés. Paris plaide plutôt pour des dons en faveur des pays démunis.

 
Les puissants laboratoires pharmaceutiques sont globalement opposés à la suspension de leur brevet, arguant que cela dissuade la recherche coûteuse.

Dans ce contexte, Katherine Tai reconnaît que les tractations à l'OMC « prendront du temps étant donné la nature consensuelle de l'institution et la complexité des questions en jeu ». « Le but (...) est de fournir le plus de vaccins sûrs et efficaces au plus grand nombre de personnes le plus rapidement possible », a insisté l'ambassadrice américaine.

En Inde, la Banque centrale a annoncé 6,7 milliards de dollars de prêts bon marché au secteur de la santé. Vétuste et sous-financé, il peine à surmonter l'afflux de malades, certains trouvant la mort aux portes mêmes des hôpitaux.

Quant à la Malaisie, confrontée également à une nouvelle vague, elle va renforcer les restrictions dans sa capitale Kuala Lumpur où seuls les commerces essentiels seront autorisés à ouvrir et les restaurants fermés.

Discussions dans l'UE sur les voyages

Réunis à Londres depuis lundi pour leur première rencontre en personne en deux ans, les ministres des Affaires étrangères des États du G7 ont repris leurs discussions pour se pencher notamment sur la façon de parvenir à une distribution plus juste des vaccins.

Covax, le système de partage avec les pays pauvres, qui se fournit principalement en sérums d'AstraZeneca, patine en effet : il n'a livré que 49 millions de doses dans 121 pays et territoires, contre un objectif de deux milliards en 2021.

 
En revanche, aux États-Unis, le pays le plus endeuillé par la pandémie, Joe Biden voudrait qu'au moins 70% des adultes - contre 56% actuellement- aient reçu une première injection d'ici à la fête nationale du 4 juillet.

Le Canada a lui approuvé mercredi le vaccin de Pfizer-BioNTech pour les adolescents de plus de 12 ans.

Dans l'Union européenne, plus d'un quart de la population s'est vu administrer au moins une dose de vaccin et plus de 9% de ses habitants sont désormais entièrement vaccinés selon un comptage de l'AFP. Le gouvernement allemand a quant à lui décidé d'alléger pour les personnes ayant reçu deux doses les nombreuses interdictions en place depuis plusieurs mois. Le Parlement se prononcera en principe jeudi et vendredi sur ce texte, qui pourrait entrer en vigueur dès ce week-end.
 

Les ambassadeurs des 27 États membres de l'Union européenne devaient par ailleurs examiner mercredi une proposition de la Commission en faveur de l'entrée dans l'Union aux voyageurs en provenance de pays tiers ayant reçu les doses nécessaires de vaccins.

Le lobby pharmaceutique « déçu »

La décision des États-Unis de soutenir la suspension temporaire des brevets des vaccins anti-Covid « est décevante », a déclaré mercredi la Fédération internationale de l'industrie pharmaceutique (IFPMA) dans un communiqué. « Nous sommes totalement en phase avec l'objectif que les vaccins anti-Covid-19 soient rapidement et équitablement partagés dans le monde. Mais comme nous n'avons de cesse de le dire, une suspension est la réponse simple mais fausse à un problème complexe », poursuit le communiqué du lobby pharmaceutique.

La pandémie a fait plus de 3,2 millions de morts dans le monde depuis que le bureau de l'OMS en Chine a fait état de l'apparition du Covid-19 fin décembre 2019, selon un bilan établi par l'AFP mercredi.




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