Une liste provisoire des acteurs impliqués dans la tentative d’échange de bons procédés entre Donald Trump et les dirigeants ukrainiens, laquelle a donné lieu à une enquête en vue d’une procédure de destitution.
INTERNATIONAL - La chambre des représentants a lancé une enquête en vue d’une procédure de destitution de Donald Trump en raison de ce que les Démocrates considèrent comme un abus de pouvoir et une tentative d’échange de bons procédés: le Président est en effet suspecté d’avoir fait pression sur les Ukrainiens pour qu’ils enquêtent sur ses adversaires politiques, en contrepartie d’un soutien militaire.
L’enquête, confiée aux comités de surveillance du Congrès, des Affaires étrangères et du Renseignement, a permis d’interroger de nombreux témoins qui ont confirmé une tentative d’entente, et dont les déclarations ont conduit les enquêteurs à s’intéresser de plus près aux agissements de Donald Trump.
À mesure que l’enquête progresse, la liste des personnes impliquées dans le scandale s’allonge et les rôles qu’elles y ont joués se chevauchent de plus en plus. La liste qui suit présente les principaux acteurs de l’affaire ukrainienne, leur niveau d’implication et les raisons pour lesquelles ils sont concernés par l’enquête parlementaire.
DONALD TRUMP – PRÉSIDENT AMÉRICAIN
Le président américain fait l’objet d’une enquête du Congrès relative à sa destitution, en raison d’allégations selon lesquelles il aurait demandé à des dirigeants étrangers de se renseigner sur ses adversaires politiques en échange d’un appui militaire, ce qui constitue une entente illégale et un abus de pouvoir.
Lors de son appel téléphonique au président ukrainien, le 25 juillet, Donald Trump lui a demandé une “faveur” consistant à se renseigner sur Joe Biden, candidat aux présidentielles de 2020, et sur son fils, Hunter. Il a également suggéré à son homologue d’enquêter sur une société de cybersécurité qui avait révélé que la Russie avait commandité le piratage les serveurs du Comité national démocrate en 2016.
Le président américain, qui a ajouté que les responsables ukrainiens devraient s’entretenir avec son avocat personnel, a par ailleurs fait savoir qu’il suspendait le versement de près de 400 millions de dollars d’aide militaire, pourtant voté par le Congrès, en faveur de l’Ukraine. Il soutient que cet appel était tout à fait légitime et qu’il n’y avait là aucun ”échange de bons procédés”.
L’enquête actuelle intervient quelques mois à peine après la publication du rapport du procureur Robert Mueller, dont les conclusions ont établi que la Russie était intervenue dans les élections de 2016 en faveur de Donald Trump, et que ce dernier avait à plusieurs reprises tenté d’entraver l’enquête à ce sujet.
VOLODYMYR ZELENSKY – PRÉSIDENT UKRAINIEN
Volodymyr Zelensky, autrefois comédien et acteur, a été élu président de l’Ukraine en avril. C’est lui-même qui a répondu à l’appel de Trump du 25 juillet, au cours duquel le président américain lui a demandé d’enquêter sur son adversaire politique.
Il a alors promis à Donald Trump qu’il se renseignerait sur Joe Biden et sur son fils concernant d’éventuelles affaires de corruption en Ukraine. Il a cependant déclaré par la suite qu’il n’avait fait l’objet d’aucune pression au cours de cet appel, tout en soulignant qu’il n’avait aucunement l’intention de s’immiscer dans la politique ou les élections américaines.
Donald Trump est non seulement accusé d’avoir subordonné l’appui militaire à l’Ukraine à la conduite d’une enquête sur Joe et Hunter Biden, mais aussi d’avoir fait de l’enquête en question une condition pour une éventuelle rencontre avec Zelensky.
NANCY PELOSI – PRÉSIDENTE DE LA CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS
Nancy Pelosi, représentante démocrate de Californie, a annoncé la tenue d’une enquête en vue d’une procédure de destitution à l’encontre de Donald Trump le 24 septembre, suite aux allégations d’un lanceur d’alerte anonyme selon lesquelles le président abusait de ses fonctions en faisant pression sur l’Ukraine pour qu’elle intervienne dans le cadre des élections américaines.
Plusieurs Démocrates avaient exigé que l’on procède à une enquête de destitution après la publication, en avril, du rapport Mueller consacré à l’ingérence russe dans le cadre de l’élection présidentielle de 2016. La présidente de la chambre des représentants avait alors fait valoir qu’une procédure de destitution risquait de diviser encore davantage le pays et de détourner les Démocrates de leur objectif de reconquête du Sénat et de la Maison-Blanche.
Mme Pelosi a récemment déclaré que la chambre des représentants se prononcerait le 31 octobre sur une résolution visant ”à définir la procédure des auditions publiques, autoriser la diffusion des dépositions, et fixer les modalités de transfert des preuves au Comité judiciaire de façon à ce que celui-ci puisse examiner d’éventuels articles de mise en accusation, tout en garantissant au Président et à ses conseillers juridiques le droit à une procédure régulière”.
ADAM SCHIFF – PRÉSIDENT DU COMITÉ DU RENSEIGNEMENT DE LA CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS
Nancy Pelosi a officieusement chargé Adam Schiff (représentant démocrate de Californie) de diriger l’enquête de destitution menée par la chambre et de faire la lumière sur les allégations du lanceur d’alerte. Le président du Comité du renseignement a déclaré que “faire chanter un dirigeant étranger” constitue un délit passible de destitution et que toute tentative d’obstruction à l’enquête en la matière de la part de la Maison-Blanche serait considérée comme une entrave à la justice.
Schiff a également indiqué que les avocats du lanceur d’alerte s’étaient concertés avec les Démocrates en vue de fixer une date pour un éventuel témoignage de l’agent anonyme des services de renseignements devant le Comité. Il a cependant tenu à souligner qu’il était crucial de préserver l’anonymat de l’intéressé tout au long de la procédure d’enquête pour des raisons de sécurité.
Depuis le lancement de l’enquête de destitution, Donald Trump a multiplié les attaques contre Adam Schiff, qu’il accuse de trahison. Les Républicains de la chambre des représentants, indignés par la procédure, ont tenté de censurer le député démocrate sur la base d’allégations de “manœuvres fallacieuses”, mais la majorité démocrate a fait échec à cette initiative.
JOE BIDEN – ANCIEN VICE-PRÉSIDENT, CANDIDAT À LA PRÉSIDENTIELLE DE 2020
Le nom de Joe Biden est au centre des conversations que Donald Trump et ses collaborateurs ont eues avec les dirigeants ukrainiens. Au cours de son appel téléphonique du 25 juillet, le Président a mis la pression sur Zelensky pour qu’il enquête sur l’ancien vice-président, qui se trouve être son rival actuel dans la course à la Maison Blanche en 2020.
Donald Trump y affirmait, sans preuve, que Joe Biden avait usé de ses fonctions officielles, lorsqu’il était vice-président sous le gouvernement Obama, pour bloquer une enquête sur la compagnie gazière Burisma Holding, dont son fils était l’un des administrateurs. Joe Biden aurait menacé de retenir un milliard de dollars de garanties de prêt si l’Ukraine ne limogeait pas Viktor Shokin, alors procureur général.
Il n’existe aucune preuve d’actes répréhensibles commis par les Biden, père et fils, qui ont tous les deux réfuté ces allégations à plusieurs reprises. Joe Biden et d’autres membres du gouvernement Obama ont expliqué qu’à l’instar des dirigeants occidentaux, ils avaient appelé à la révocation de Viktor Shokin car ce dernier refusait d’enquêter sur les cas de corruption, y compris ceux impliquant Burisma.
HUNTER BIDEN – HOMME D’AFFAIRES, FILS DE JOE BIDEN
Hunter Biden a également été accusé par Donald Trump de s’être livré à des activités illégales en Ukraine. Le fils de Joe Biden avait été engagé en 2014 par Mykola Zlochevsky, le propriétaire de Burisma, pour siéger au conseil d’administration de la société, à l’époque où son père était vice-président des États-Unis et supervisait les relations diplomatiques avec Kiev. La société payait Hunter Biden 50 000 dollars par mois pour ses services.
L’actuel procureur général ukrainien a déclaré que le gouvernement auditait toutes les affaires closes ou classées sans suite par les précédents procureurs, y compris 15 affaires impliquant potentiellement Mykola Zlochevsky qui pourraient relever de blanchiment d’argent ou d’abus de pouvoir. M. Zlochevsky a dirigé un temps le ministère de l’Ecologie et des Ressources naturelles.
Hunter Biden affirme qu’il n’a jamais discuté de Burisma avec son père, et rien n’indique qu’il ait commis des actes répréhensibles dans le cadre de ses fonctions au sein de la société.
LE LANCEUR D’ALERTE – UN FONCTIONNAIRE ANONYME
Le lanceur d’alerte anonyme travaille pour les services du renseignement américain. Il a fait un signalement officiel le 12 août en affirmant que des responsables de la Maison Blanche lui avaient dit que Donald Trump avait fait pression par téléphone sur le président ukrainien pour qu’il enquête sur les Biden avant les élections de 2020.
Il a aussi indiqué que la Maison Blanche avait essayé de camoufler l’échange en dissimulant la transcription de l’appel sur un serveur protégé, réservé aux documents hautement confidentiels. Le signalement a été rendu public le 26 septembre.
Donald Trump a exigé à plusieurs reprises de connaître le nom du lanceur d’alerte, et menacé celui qui a divulgué le contenu du signalement de punition semblable à “celle que l’on réservait, au bon vieux temps, quand on était malin, aux espions coupables de trahison”. Suite à ces propos, les Démocrates et les avocats du lanceur d’alerte, craignant pour sa sécurité, ont demandé que son nom soit tenu secret, y compris en cas de témoignage devant le Congrès.
MICHAEL ATKINSON ? INSPECTEUR GÉNÉRAL DU RENSEIGNEMENT AMÉRICAIN
Le directeur par intérim du renseignement national, Joseph Maguire, avait remis à Michael Atkinson le signalement du lanceur d’alerte après l’avoir reçu de la personne qui l’avait soumis.
Après en avoir pris connaissance, M. Atkinson avait écrit une lettre à M. Maguire le 26 août, estimant la plainte “crédible” et “préoccupante”. Il avait aussi indiqué à M. Maguire, qu’il devait transmettre le signalement aux commissions du renseignement du Congrès sous sept jours, comme la loi l’y obligeait.
JOSEPH MAGUIRE – DIRECTEUR PAR INTÉRIM DU RENSEIGNEMENT NATIONAL
Joseph Maguire a témoigné devant la Commission du renseignement de la chambre des représentants au sujet du signalement qu’il a reçu du lanceur d’alerte. Il a indiqué qu’il n’avait initialement pas transféré la plainte au Congrès car ses avocats avaient décrété que Donald Trump ne faisait pas partie de la communauté du renseignement.
Le directeur par intérim a finalement transmis le signalement à la commission, qui l’a déclassifié pour le rendre public. M. Maguire a justifié la décision du lanceur d’alerte de faire un signalement, jugeant l’allégation “sans précédent”.
MIKE POMPEO – SECRÉTAIRE D’ÉTAT AMÉRICAIN
Mike Pompeo, ex-membre de la CIA, participait à l’entretien téléphonique du 25 juillet entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, au cours duquel le président américain a essayé d’obtenir un appui étranger pour remporter l’élection de 2020.
Le nom de M. Pompeo n’est pas directement mentionné dans le signalement du lanceur d’alerte, mais l’avocat personnel de Trump, Rudy Giuliani, a reconnu maintes fois que le département d’État l’avait aidé à organiser des rendez-vous avec les collaborateurs du président Zelensky. Mike Pompeo avait également supervisé le limogeage brutal, en mai, de Marie Yovanovitch, alors ambassadrice des États-Unis en Ukraine.
La chambre des représentants a assigné Mike Pompeo à comparaître, le sommant de fournir des documents liés à la requête de destitution. Le secrétaire d’État a refusé de coopérer, accusant les Démocrates d’intimider les employés du département d’État. Il conteste avec véhémence avoir été témoin d’échange de bons procédés initiés par Donald Trump.
RICK PERRY ? SECRÉTAIRE À L’ÉNERGIE AMÉRICAIN
L’ex-gouverneur du Texas, a été mis en cause dans l’affaire ukrainienne quand Axios a révélé en octobre que, lors d’une conférence téléphonique avec les membres républicains de la chambre des représentants, Donald Trump avait affirmé que M. Perry avait arrangé l’entretien téléphonique du 25 juillet avec Volodymyr Zelensky, pierre angulaire de la procédure de destitution.
Le secrétaire à l’Énergie a également affirmé au Wall Street Journal en octobre que Donald Trump lui avait demandé de parler à son avocat, Rudy Giuliani, des préoccupations du Président en matière de corruption en Ukraine.
Rick Perry a informé M. Trump de sa décision de démissionner de son poste d’ici à la fin de l’année. La chambre des représentants a cité l’ancien gouverneur à comparaître dans le cadre de la procédure de destitution, mais il a refusé de répondre à la convocation.
MIKE PENCE – VICE-PRÉSIDENT AMÉRICAIN
Mike Pence a tout fait pour éviter d’être impliqué dans le scandale ukrainien après la publication d’un rapport alléguant que le vice-président avait rencontré Volodymyr Zelensky le 1er septembre pour lui annoncer que les États-Unis suspendraient l’aide militaire à l’Ukraine si elle ne faisait pas davantage d’efforts pour “lutter contre la corruption”.
Pence a déclaré aux journalistes après sa rencontre avec le président ukrainien qu’ils n’avaient pas parlé de Joe Biden, sur qui Donald Trump avait demandé à Volodymyr Zelensky d’enquêter lors d’une conversation téléphonique en juillet. Le vice-président dit avoir seulement parlé de la volonté de M. Trump de mettre un terme à la corruption en Ukraine et des conditions d’une aide militaire des États-Unis à ce pays.
La chambre des représentants a réclamé que Mike Pence lui remette des documents relatifs aux échanges de Donald Trump avec l’Ukraine, mais le porte-parole du vice-président a rejeté cette nouvelle demande.
JOHN BOLTON ? ANCIEN CONSEILLER À LA SÉCURITÉ NATIONALE DES ÉTATS-UNIS
John Bolton a été conseiller à la sécurité nationale pour Donald Trump jusqu’à sa démission cet été, et la diplomatie informelle menée par Rudy Giuliani l’a apparemment alarmé au point qu’il a ordonné à Fiona Hill, spécialiste de la Russie, d’avertir les avocats de la Maison Blanche du comportement de l’avocat personnel du président Trump, qu’il a qualifié de “grenade prête à exploser”.
Mme Hill, qui travaillait sous la direction de John Bolton, a déclaré aux juristes qu’elle avait informé son supérieur hiérarchique de la politique informelle menée par Rudy Giuliani en Ukraine. Un agent du département d’État aux Affaires étrangères, qui avait travaillé comme conseiller spécial lors de négociations avec l’Ukraine, a témoigné devant la chambre le 30 octobre que John Bolton l’avait prévenu que M. Giuliani “était l’un des principaux conseillers du président sur l’Ukraine.”
La chambre des représentants a invité M. Bolton à témoigner dans le cadre de la procédure de destitution le 7 novembre. L’avocat de l’ex-conseiller a annoncé que son client ne se présenterait pas volontairement, mais qu’il le ferait s’il était assigné à comparaître.
RUDY GIULIANI ? AVOCAT PERSONNEL DE DONALD TRUMP
Rudy Giuliani semble être le moteur des efforts de Donald Trump pour obtenir un compromis avec l’Ukraine, agissant en tant que diplomate officieux, bien qu’il ne soit que l’avocat personnel du Président.
L’ancien maire de New York est en contact direct avec des représentants officiels ukrainiens depuis un certain temps, et il affirme s’être rendu dans le pays pour saboter les débuts de l’enquête sur les ingérences russes dans l’élection présidentielle de 2016 et protéger le directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, aujourd’hui en prison.
Rudy Giuliani a encouragé les allégations infondées selon lesquelles Hunter Biden aurait été impliqué dans une affaire de corruption en Ukraine, à la suite de quoi Joe Biden serait censé avoir fait pression pour obtenir le licenciement d’un procureur afin d’entraver le cours d’une enquête sur cette affaire. M. Giuliani a rencontré Andriy Yermak, l’un des principaux conseillers du président ukrainien, quelques jours seulement après la conversation de Donald Trump avec Volodymyr Zelensky, le 25 juillet.
Giuliani s’est exprimé à de nombreuses reprises sur les chaînes d’actualités pour propager des théories du complot sur l’Ukraine, et souvent révélé inopinément des informations compromettantes. La chambre des représentants l’a assigné à comparaître dans le cadre de la procédure de destitution, mais il a refusé de témoigner.
WILLIAM BARR ? PROCUREUR GÉNÉRAL DES ÉTATS-UNIS
William Barr était chargé de superviser la publication du rapport du procureur Robert Mueller sur l’enquête concernant les ingérences russes dans l’élection présidentielle de 2016. Un résumé de la conversation téléphonique entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky en juillet révèle que le président des États-Unis a aussi demandé à son homologue ukrainien de s’entretenir avec M. Barr dans le cadre de l’examen de cette enquête par le procureur général.
Le Ministère de la Justice a déclaré que le service en charge des affaires criminelles avait étudié la conversation téléphonique de Donald Trump et décidé de ne pas le poursuivre pour potentielle violation de la loi sur le financement des campagnes électorales après que le président avait demandé à M. Zelensky d’enquêter sur Joe Biden.
La chambre des représentants dit attendre le témoignage de William Barr dans le cadre de la procédure de destitution, bien que le procureur général soit resté muet quant à son éventuelle implication.
IOURI LOUTSENKO ? EX-PROCUREUR GÉNÉRAL D’UKRAINE
Nommé procureur général d’Ukraine en 2006, Iouri Loutsenko a officié dans le gouvernement de Petro Poroshenko. C’est à lui que Giuliani s’est adressé lorsqu’il a débuté sa mission auprès de l’Ukraine avec, pour visée, une enquête sur la famille Biden.
Il a été limogé en août par l’actuel président, Volodymyr Zelensky. Il y a quelques semaines, les autorités ukrainiennes ont annoncé avoir ouvert une enquête criminelle à son encontre pour abus de pouvoir au sein de la sphère politique.
L’ex-procureur est également impliqué dans le renvoi de Marie Yovanovitch en mai. Il avait injustement accusé l’ambassadrice d’avoir interféré dans les élections américaines de 2016. Il prétendait qu’elle lui avait remis une liste d’individus “à ne pas poursuivre en justice” et qu’elle avait empêché l’Ukraine de fournir des preuves d’actes de corruption relatifs à l’élection. Il a ensuite reconnu avoir lui-même demandé cette liste d’individus “à ne pas poursuivre en justice”.
Loutsenko a d’abord adopté une position ferme vis-à-vis du groupe gazier Burisma, mais fini par clore toutes les enquêtes liées à celui-ci et à son dirigeant, Mykola Zlochevsky. Dans sa période d’échanges avec Rudy Giuliani, cette année, M. Loutsenko avait tenté de relancer la surveillance de Burisma, tout en soulignant qu’il n’y avait pas de preuve de faute commise par Hunter Biden, lequel siégeait au conseil d’administration du groupe.
VIKTOR SHOKIN ? EX-PROCUREUR GÉNÉRAL D’UKRAINE
Procureur général d’Ukraine en 2015 sous l’ancien président, Petro Poroshenko, M. Shokin aurait été critiqué pendant son mandat pour avoir refusé de poursuivre des enquêtes pour corruption visant des politiciens de haut rang. Congédié en mars 2016, il a été remplacé par Iouri Loutsenko.
Joe Biden était chargé de la gestion des relations avec l’Ukraine lorsqu’il était vice-président du gouvernement Obama. Aux côtés d’autres dirigeants, il avait encouragé le président Poroshenko à licencier M. Shokin, qui négligeait de poursuivre en justice des membres de l’élite politique pour corruption.
Donald Trump s’est appuyé sur les relations de Joe Biden avec l’Ukraine pour émettre des allégations infondées selon lesquelles l’ancien vice-président aurait appuyé le renvoi de M. Shokin au profit d’un groupe gazier ukrainien qui employait son fils.
LEV PARNAS et IGOR FRUMAN ? ASSOCIÉS DE RUDY GIULIANI
Hommes d’affaires américains nés en ex-URSS, MM. Parnas et Fruman ont tous deux prêté main forte à Rudy Giuliani en Ukraine, où ils entretenaient aussi des intérêts financiers vis-à-vis d’une entreprise du secteur de l’énergie.
Les deux hommes ont été arrêtés pour financement électoral frauduleux dans le cadre de la campagne de Donald Trump. L’argent avait été versé l’an dernier, par de pseudo-donateurs, à un comité d’action politique visant à faire réélire l’actuel président. Les deux hommes seraient aussi impliqués dans le renvoi de l’ambassadrice Marie Yovanovitch.
ANDRIY YERMAK ? ASSISTANT DE VOLODYMYR ZELENSKY
Ami proche et assistant personnel du président Zelensky, M. Yermak est également responsable des négociations internationales. Il s’est entretenu avec Rudy Giuliani en Espagne une semaine après l’échange téléphonique entre Trump et Zelensky dans lequel le premier exhortait le nouveau chef d’État à appeler Giuliani afin d’organiser des rencontres avec des élus ukrainiens de haut rang.
La plainte du lanceur d’alerte nous apprend que plusieurs élus américains ont déclaré que le rendez-vous entre MM. Giuliani et Yermak s’était fait “dans la foulée” de l’appel Trump-Zelensky.
THOMAS ULRICH BRECHBUHL ? CONSEILLER DU DÉPARTEMENT D’ÉTAT AMÉRICAIN
Brechbuhl a été nommé en mai 2018 par son ami Mike Pompeo, l’actuel secrétaire d’État. Selon la plainte du lanceur d’alerte, il aurait écouté l’appel passé par Donald Trump (le département d’État démente cette allégation).
Il y a quelques semaines, les Démocrates de la chambre des représentants ont émis une assignation à comparaître à son encontre, pour une déposition à huis-clos prévue le 6 novembre, après qu’il avait décliné de participer volontairement à un entretien. Cette assignation a été annoncée au même moment que celles envoyées à Russell Vought et Michael Duffey, du Bureau de la gestion et du Budget.
KURT VOLKER ? EX-ENVOYÉ SPÉCIAL AMÉRICAIN POUR L’UKRAINE
Volker officiait comme envoyé spécial du département d’État pour l’Ukraine jusqu’à sa démission, le 27 septembre, suite à l’apparition de son nom dans la plainte du lanceur d’alerte.
Selon cette même plainte, M. Volker aurait organisé la rencontre entre Rudy Giuliani et Andriy Yermak, et essayé de conseiller les représentants ukrainiens sur la façon de collaborer avec Donald Trump et son avocat personnel.
Volker a été le premier témoin entendu par la chambre dans le cadre de l’enquête relative à la procédure de destitution. Dans sa déposition à huis clos, il a déclaré ne pas être au courant des tentatives de Donald Trump visant à contraindre l’Ukraine à enquêter sur Joe Biden. Les textos envoyés à deux autres diplomates que M. Volker a fournis au Congrès contredisent cependant la version de l’ex-ambassadeur, car ces messages témoignent de son évidente inquiétude liée à la suspension de l’aide militaire promise par Donald Trump tant que l’Ukraine n’enquêterait pas sur ses adversaires politiques.
BILL TAYLOR – EX-AMBASSADEUR AMÉRICAIN EN UKRAINE
Après avoir démissionné de son poste d’ambassadeur, M. Taylor a été nommé chargé d’affaires en Ukraine. Il a livré un témoignage explosif devant les membres de la commission, confirmant que Trump avait bien demandé une contrepartie à l’Ukraine lors de son coup de fil du 25 juillet.
L’ambassadeur américain par intérim est l’un des trois diplomates qui ont évoqué la conversation avec l’Ukraine dans des textos publiés par les trois comités de la chambre des représentants. M. Taylor est le seul du groupe, composé également de Kurt Volker et Gordon Sondland, à avoir ouvertement désapprouvé la suspension de l’aide militaire à l’Ukraine dans le but de contraindre le pays à interférer dans les élections américaines.
En réaction au témoignage de Bill Taylor, Trump a comparé l’enquête visant à le destituer à un lynchage, puis traité tous les “anti-Trump” de “déchets humains”. De nombreux sénateurs républicains ont remis en cause l’intégrité de M. Taylor, alors que ce dernier a toujours été considéré comme un diplomate respecté qui a notamment servi sous la présidence de George W. Bush.
GORDON SONDLAND – AMBASSADEUR AMÉRICAIN AUPRÈS DE L’UNION EUROPÉENNE
Gordon Sondland, donateur républicain et propriétaire d’un groupe hôtelier, n’avait aucune expérience en politique étrangère quand Donald Trump l’a nommé ambassadeur auprès de l’Union européenne en juin 2018. Il est partie prenante dans la combine imaginée par Trump pour faire pression sur l’Ukraine afin que celle-ci enquête sur les Biden.
L’ambassadeur est l’un des trois diplomates du groupe dont Bill Taylor a parlé aux enquêteurs. Dans un texto daté du 9 septembre, M. Taylor lui fait part de sa consternation à l’égard de la contrepartie exigée par le Président et qui implique le département d’État, inquiétude balayée par M. Sondland.
Les Démocrates de la chambre ont assigné l’ambassadeur à témoigner dans l’enquête visant à destituer Donald Trump. Ses avocats ont indiqué que leur client s’exécuterait, malgré l’interdiction qui lui en a été faite par la Maison-Blanche.
MARIE YOVANOVITCH – EX-AMBASSADRICE AMÉRICAINE EN UKRAINE
Marie Yovanovitch a été congédiée de son poste d’ambassadrice à Kiev pour avoir, selon les Républicains et Iouri Loutsenko, sapé les efforts déployés afin obtenir de l’Ukraine qu’elle enquête sur les opposants politiques de Donald Trump.
Le licenciement est intervenu lorsqu’elle a insisté pour que les enquêtes demandées par Rudy Giuliani à l’Ukraine soient relayées par les canaux habituels de la politique étrangère. Lors de sa conversation téléphonique avec l’Ukraine, Donald Trump a dénigré l’ex-ambassadrice, qu’il a traitée de “calamité” avant d’affirmer qu’on entendrait “bientôt parler d’elle”.
Marie Yovanovitch a comparu le 11 octobre devant les enquêteurs de la Chambre. Elle leur aurait déclaré que Donald Trump avait fait pression sur le département d’État pour qu’il la licencie “brutalement” et qu’il s’agissait là d’une “campagne concertée contre elle”, en réaction à son refus de fermer les yeux sur la diplomatie parallèle menée par Rudy Giuliani.
FIONA HILL – EX-CONSEILLÈRE À LA MAISON BLANCHE SUR LES QUESTIONS RUSSES
Jusqu’à sa démission, en juillet, Fiona Hill était la principale conseillère sur la politique russe auprès du Conseil national de sécurité. Elle a été citée dans les textos échangés par Gordon Sondland, Kurt Volker et Bill Taylor, fournis aux enquêteurs de la Chambre.
Elle s’est entretenue avec les membres de la chambre le 14 octobre lors d’une séance à huis clos. D’après le New York Times, elle a déclaré aux parlementaires que selon elle, Gordon Sondland, en tant qu’ambassadeur américain auprès de l’Union européenne, représentait un risque pour la sécurité nationale, du fait de son inexpérience.
À en croire les informations révélées par NBC News le 28 octobre, Fiona Hill aurait appris dès le mois de mai l’existence de pressions exercées par Gordon Sondland et Rudy Giuliani à l’encontre du président ukrainien nouvellement élu, Volodymyr Zelensky. Elle aurait alors informé son supérieur, John Bolton, alors conseiller à la sécurité nationale, de cette diplomatie parallèle, qu’il a par la suite décrite comme une sorte de “trafic de drogue”.
LE LIEUTENANT-COLONEL ALEXANDER VINDMAN ? DIRECTEUR DES AFFAIRES EUROPÉENNES À LA MAISON-BLANCHE
Alexander Vindman est actuellement le principal expert sur l’Ukraine au Conseil de sécurité nationale, et le premier témoin possédant une excellente connaissance de l’appel téléphonique passé par Donald Trump le 25 juillet à comparaître devant la commission d’enquête parlementaire. De nombreux Républicains avaient rejeté les allégations du lanceur d’alerte parce que cet agent des services de renseignement a reconnu ne pas avoir été directement témoin de l’appel avec l’Ukraine.
Or M. Vindman, qui travaillait sous les ordres de Fiona Hill jusqu’à la démission de cette dernière, a déclaré aux parlementaires le 29 octobre qu’il avait entendu la conversation entre Trump et Zelensky en temps réel et qu’il en avait, par deux fois, fait état à ses supérieurs, car il estimait de son devoir de partager ses inquiétudes au sujet de cette tentative d’”échange de bons procédés”. Il aurait également indiqué que le résumé de l’appel fourni par la Maison-Blanche comportait des omissions importantes qui, sans en changer le contenu au fond, soulevaient des questions quant à la façon dont il avait été géré.
Plusieurs alliés de Donald Trump ont remis en cause le patriotisme d’Alexander Vindman sous prétexte que ce vétéran de la guerre en Irak et récipiendaire de la Purple Heart avait quitté l’Ukraine pour les Etats-Unis lorsqu’il était enfant. Donald Trump a également rejeté son témoignage, prétextant que ce témoin est “anti-Trump”. Un certain nombre de parlementaires républicains ont toutefois défendu la réputation de l’ancien combattant.
Cet article, publié sur le HuffPost américain, a été traduit par Damien Allo, Claire Bertrand, Iris Le Guinio, Laura Pertuy, Catherine Biros et Bamiyan Shiff pour Fast ForWord.
2 Commentaires
Les Pères fondateurs ont délibérément rendu difficile la destitution.
Ils ne voulaient tout simplement pas que la destitution soit utilisée comme un outil politique – ce qui est exactement ce que les Démocrates tentent de faire en ce moment.
La Constitution des États-Unis stipule donc que le président ne peut être démis de ses fonctions qu’après avoir d’abord été destitué par la Chambre des représentants, puis condamné pour « trahison, corruption ou autres crimes et délits graves » par le Sénat, ce qui ne sera pas fait.La condamnation nécessite un vote des deux tiers du Sénat. A l’heure actuelle, ce sont les Républicains qui détiennent la majorité au Sénat, et donc les Démocrates sont totalement incapables de réunir deux tiers des votes. Cela veut dire à 100% que le président ne sera pas condamné. Donc il ne sera pas démis de ses fonctions.
Et les démocrates le savent très bien. Pourquoi vont il dans cette procédure alors,Parce que tout ceci n’est que du théâtre. C’est destiné à ternir le CV de Trump. C’est le va-tout du camp Démocrate qui n’a ni candidat puissant, ni argument solide pour convaincre les Américains de voter pour l'enquête du procureur Mueller n'a rien donné et cette procédure va droit dans le mur.
Malheureusement les journalistes sérieux n'existe plus pour informer juste et vrai
Aida Sarr
En Novembre, 2019 (20:26 PM)Le dernier mot n'et pas encore dit! Attendons de voir la reaction de certains Senateurs et membres republicains de la Chambre des representants, apres avoir ete suffisament edifie par les resultats des audiences qui seront tenues prochainement par le comite du renseignement de la chambre des representants.
C'est garanti qu'il y aura des defections de la part des republicains qui sont deja tres mal a l'aise pour defendre donald sur le fond. Ils ne font qu'attaquer les democrates sur la forme.
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