Depuis le début du confinement lié à la pandémie de Covid-19, les violences domestiques et conjugales ont fortement augmenté en France. Face à l'urgence, les autorités ont multiplié les points d’accueil pour vaider les victimes. Mais ces dispositifs restent expérimentaux et les associations continuent de s'inquiéter pour les victimes qui ont du mal à se signaler.
"J'aurais voulu me donner la mort pour être en paix", confie Mathilde, dans un sanglot. Pendant plus de quatre ans, cette jeune femme a subi les assauts sexuels et les insultes de son mari.
Comme elle, de nombreuses femmes sont à la merci de leur conjoint. Entre inactivité, promiscuité et anxiété générale, le confinement est un facteur aggravant pour les violences domestiques et conjugales. La semaine dernière, la secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, indiquait une augmentation de 32 % des signalements de violences conjugales en France depuis le 17 mars.
Face à l’urgence, les autorités ont annoncé la mise en place de "points d’accompagnement éphémères" dans des centres commerciaux pour accueillir les victimes et le déblocage d’un million d’euros pour venir en aide aux associations de terrain.
L'alerte peut également être lancée en pharmacie. Le pharmacien peut emmener la victime dans un lieu plus intime de l'officine pour la rassurer et recueillir les informations nécessaires afin de prévenir la gendarmerie. Si tel n'est pas son souhait, il peut lui proposer la "remise discrète" des coordonnées des forces de l'ordre (appel au 17, SMS au 114), des services d'accompagnement (appel au 3919 pour les violences faites aux femmes, du lundi au vendredi de 9 h à 22 h, les samedi, dimanche et jours fériés de 9 h à 18 h ; appel au 119 pour les enfants en danger 7j/7, 24h/24) ainsi que l'adresse de la plateforme de signalement des violences sexuelles et sexistes et son tchat, disponible 24 heures sur 24.
Des dispositifs expérimentaux
Les associations restent néanmoins inquiètes : les structures d’accueil ne sont pas toujours disponibles, ou souvent trop exposées, comme dans les supermarchés. "Il faut du courage à ces dames qui sont dans un centre commercial pour oser quitter la queue qui normalement amène à la grande surface. On peut comprendre que certaines personnes aient des retenues", explique à France 24 Franck Debec, directeur du CIDFF 95, association d'aide aux victimes du Val d'Oise.
"C’est pour ça que notre affichage indique aussi bien notre adresse que nos coordonnées téléphoniques." Mais même la prise de contact par téléphone reste compliquée en ces temps de confinement. La présence des enfants et du conjoint dans la maison peut être un frein.
Les associations dénoncent enfin une forme d’inertie dans les tribunaux. "Une femme qui voudrait divorcer devra attendre la fin du confinement pour constituer un dossier, rencontrer un avocat et déposer une demande", souligne Christelle, cheffe d’une structure d’accueil pour les femmes victimes de violences.
Toutes ces structures, aussi expérimentales soient elles, permettent néanmoins de ne pas rompre le dialogue, comme le souhaitent les associations, qui s’attendent à une explosion des demandes à l’issue du confinement.
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