Des magistrats italiens ont rendu publics, jeudi, de nouveaux documents sur les "parties fines", impliquant parfois des mineures, auxquelles aurait participé Silvio Berlusconi. Aux yeux de l'opposition de centre gauche, ces nouveaux documents rendent "intenable" la position du chef du gouvernement, qui doit, selon elle, démissionner, faute de quoi ses alliés conservateurs devront le presser de quitter le pouvoir pour le bien du pays. Les 227 pages de nouveaux documents ont été envoyées par des magistrats milanais au Parlement, mercredi soir, et des extraits ont été communiqués à des médias italiens, qui en font leurs choux gras jeudi.
Selon ces documents, une deuxième femme participant à ces soirées était mineure au moment des faits, en plus de la danseuse marocaine Ruby, au centre de l'enquête, qui avait 17 ans lors de certaines soirées. Ces documents montrent en outre qu'une collaboratrice de Silvio Berlusconi, sous le coup d'une enquête pour avoir procuré des prostituées pour ces soirées, est, en privé, en train de se retourner contre le chef du gouvernement. Cette femme, Nicole Minetti, lit-on dans ces pages, a fait des remarques particulièrement désobligeantes sur l'apparence physique et l'âge du Cavaliere lors de conversations téléphoniques enregistrées par la police.
"Rien à dire"
À ce jour, les magistrats ont adressé plus de 600 pages de documents au Parlement à l'appui de leur demande de perquisition du bureau du comptable de Berlusconi, qu'ils soupçonnent d'avoir été chargé de payer les prostituées et de leur faire des cadeaux. Interrogé au sujet des nouvelles fuites, Silvio Berlusconi n'a pas changé d'attitude. "Je n'ai rien à dire. C'est (cette enquête) scandaleux", a-t-il dit mercredi soir.
Des extraits des comptes rendus d'interrogatoires policiers des jeunes femmes et de conversations téléphoniques décrivant les "soirées" sont parus dans les médias deux jours seulement après que les avocats de Berlusconi eurent assuré qu'il ne s'agissait que de dîners entre amis. Dans ces comptes rendus, reproduits par au moins deux agences de presse italiennes et plusieurs journaux, une femme prénommée Maria déclare aux juges qu'en juin 2010 un collaborateur de Silvio Berlusconi l'a invitée à une soirée à la villa du président du Conseil, près de Milan.
"Après le dîner, le président du Conseil a déclaré maintenant, nous allons passer au bunga-bunga" - terme que les participants utilisent pour décrire les "parties fines". Maria dit avoir fait une danse du ventre, pendant qu'une autre jeune femme déambulait dans la pièce en soutien-gorge et petite culotte. Une Brésilienne en string a dansé "une version hard de la samba" sous les yeux des invités, a-t-elle expliqué. "Les autres filles ont, elles aussi, dansé, en exhibant leurs seins et leurs fesses, et elles sont passées près du président du Conseil, qui a caressé leurs parties intimes", déclare Maria aux magistrats, citée par les agences de presse et les journaux.
"Sultan" contre "magistrats gauchistes"
Les juges milanais affirment que Silvio Berlusconi a rémunéré des prostituées pour qu'elles participent à ses soirées. Parmi elles figure Ruby, qui dit avoir reçu 7.000 euros après avoir participé à une soirée, mais qui dément avoir eu des relations sexuelles avec le Cavaliere. Ce dernier dément toute malversation et assure n'avoir jamais eu de relations sexuelles tarifées. Il se dit victime de magistrats gauchistes qui veulent l'anéantir politiquement. Lors d'une perquisition au domicile d'une des femmes faisant l'objet d'une enquête, les policiers ont mis la main sur une somme d'argent et des bijoux reçus, selon elle, en cadeau de Silvio Berlusconi. La police a retrouvé d'autre part un carnet dans laquelle la jeune femme, qui était mineure au moment de certaines des soirées, notait ses visites à la villa et le montant qu'on lui donnait.
Des bijoux et de l'argent ont également été retrouvés dans les appartements milanais de certaines jeunes femmes logées gratuitement. L'une des femmes politiques les plus en vue de la Péninsule, Rosy Bindi, a estimé, jeudi, que Silvio Berlusconi se comportait comme un "sultan" qui avilit les femmes. La présidente du Parti démocrate (opposition de gauche) et vice-présidente de la Chambre des députés a prédit que les affaires de moeurs finiraient par faire tomber Berlusconi. "Les femmes italiennes paient le prix fort dans ce scandale. L'image d'elles qui circule, c'est celle de femmes dont la valeur se réduit à leur corps et qui deviennent des marchandises négociables, à la disposition du sultan, de l'empereur", a-t-elle déclaré. "Les femmes seront un facteur-clé dans la fin de la Lune de miel de Berlusconi avec notre pays", a-t-elle ajouté.
3 Commentaires
Mameediarra
En Janvier, 2011 (12:48 PM)Action
En Janvier, 2011 (12:54 PM)Yass
En Janvier, 2011 (20:12 PM)Participer à la Discussion