Un rapport d’étape, présenté mardi, sur la gestion de la crise liée au nouveau coronavirus en France est critique avec les autorités, accusées notamment d’avoir péché en matière de communication au risque d’entamer la confiance des citoyens au moment où une “deuxième vague” épidémique submerge le pays.
La version définitive de ce rapport dirigé par le professeur de médecine Didier Pittet, commandé fin juin par Emmanuel Macron, sera remise en décembre, en vue d’une communication à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) début 2021.
Dans ses conclusions, le document examine certaines données en France, en termes sanitaires et économiques notamment, en les comparant avec d’autres pays.
Ses auteurs ont ainsi mesuré le nombre de jours passés au-dessus du seuil d’un décès lié au COVID-19 par million d’habitants. Il a été dépassé pendant 44 jours en Allemagne, 56 en Suisse, 68 en France, plus de 90 jours au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne et en Suède et plus de 180 jours aux Etats-Unis.
Le rapport note un “déploiement heurté du processus de gestion de crise notamment au niveau interministériel” ainsi que “des difficultés d’articulation” entre les agences régionales de santé et les préfectures.
Il relève la mauvaise communication qui a entamé la confiance des Français dans les autorités médicales, scientifiques et politiques.
“La confiance a été ébranlée au début de la crise par les polémiques sur les masques et, dans une moindre mesure, sur les tests”, écrivent les auteurs. Les discours officiels “sont apparus contradictoires au point d’être perçus par une partie de la population comme mensongers”.
Sont pointés “un manque de pédagogie sur la pertinence des mesures mises en oeuvre, un appel réduit à la responsabilité des citoyens et une communication insuffisamment tournée vers les jeunes”.
Des remarques qui prennent une couleur particulière alors que l’exécutif prépare de nouvelles mesures anti-pandémie à la veille d’une intervention télévisée d’Emmanuel Macron.
Parmi les propositions, les auteurs demandent un changement de communication autour de l’idée de “vivre durablement avec le virus” et de “mieux asseoir la légitimité des décisions en matière sanitaire”.
Ils prônent “une politique volontariste” pour accroître la couverture vaccinale contre la grippe saisonnière, dont la campagne commence ce mardi, et demandent de préparer la mise en oeuvre d’un éventuel vaccin anti-COVID-19.
Ils préconisent aussi “une étude approfondie sur la question des reports de soins”.
Ce rapport “est pris très sérieux” par Emmanuel Macron, a fait savoir l’Elysée. Il servira “à la fois pour la poursuite de la gestion de la crise et s’il en arrivait d’autres, pour l’anticipation et la prévention”, ajoute la présidence.
Elizabeth Pineau
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