J.B., un entraîneur âgé de 28 ans, comparaît mercredi devant le tribunal correctionnel de Turnhout (province d’Anvers) pour répondre du viol d’une patineuse de 14 ans. Sa victime, que nous appellerons Lena pour préserver son anonymat, âgée de 16 ans aujourd’hui, a dévoilé son histoire à nos collègues d’HLN. “Il était drôle, gentil et je le respectais énormément. Mes parents s’entendaient bien avec lui aussi. Tellement bien qu’il venait manger chez nous tous les mercredis. À la longue, il faisait juste partie de la famille.” Mais il a rapidement insisté pour faire plus que s’embrasser.
“Oui, j’étais amoureuse de lui”, admet Lena, “follement, même”. “Mais il oublie de mentionner qu’il en a profité et m’a forcée à faire des choses que je ne voulais pas. Il a envoyé des films pornos que je devais regarder ‘pour apprendre’, et ensuite je devais lui faire ce que je voyais dans ces vidéos. Si je ne faisais pas exactement ce qu’il demandait, il menaçait que je ne sois plus acceptée nulle part comme patineuse. Et le pire, c’est que ça s’est produit. Quand tout a été dévoilé, tout le petit monde du patinage a pris son parti et j’ai été surveillée de partout. Il m’a tout pris.”
Le patinage, sa vie
Lena est montée sur la glace pour la première fois à l’âge de 5 ans. Depuis, sa vie n’a plus tourné qu’autour d’une chose: le patinage artistique. Elle semblait être un grand talent, a été sélectionnée pour l’équipe nationale à l’adolescence et s’est entraînée six jours par semaine. Elle a fait la connaissance de J.B. il y a deux ans, quand il a été recruté comme entraîneur par le club où elle s’entraînait.
Invité à Noël et à une communion
“On a eu un déclic directement”, explique Lena. “Mes parents s’entendaient bien avec lui aussi. Tellement bien qu’il venait manger chez nous tous les mercredis. À la longue, il faisait juste partie de la famille. Il a été invité à la fête de communion de ma soeur cadette et a même célébré Noël avec notre famille. Mais ce que mes parents ne savaient pas, c’est que J. et moi nous envoyions de plus en plus souvent des messages. Ils ont peu à peu pris un ton affectueux. Il a envoyé qu’il me trouvait sexy et qu’il m’aimait. Et moi, à 14 ans, je suis tombée sous le charme. Un soir, après un souper chez nous, je l’ai raccompagné jusqu’à la porte d’entrée. Et là, où personne ne pouvait le voir, il m’a embrassée pour la première fois, avant de refermer la porte derrière lui et de partir. C’était mon tout premier baiser.”
Dans des endroits isolés
Lena ne savait pas quoi en penser. Elle n’avait jamais eu d’amoureux. Un SMS de son entraîneur est arrivé le même soir. Il voulait la revoir, le plus tôt possible. Mais Lena s’est vite rendu compte que cette “relation” ne ressemblait en rien aux histoires qu’elle avait entendues de ses camarades de classe au sujet de leur petit copain. Alors qu’eux allaient au cinéma et marchaient main dans la main à travers la ville, Lena et son entraîneur ne se sont vus qu’après l’entraînement, dans sa voiture, garée dans les endroits les plus reculés et sombres.
“Pour apprendre”
Il a rapidement insisté pour faire plus que simplement s’embrasser. Il disait être un homme expérimenté, et qu’elle pouvait essayer “toutes ces choses” sur lui, car avec un garçon de son âge, ce serait gênant. Lena a hésité car elle ne se sentait pas prête à aller plus loin. Il a insisté. Il lui a envoyé des films pornos “pour l’inspiration”. “Pour apprendre”, qu’il disait. Après quoi il a demandé à Lena de lui faire les choses qu’elle avait vues. En cas de refus, il a dit que la relation n’avait plus de sens pour lui et a menacé que Lena et sa jeune soeur n’auraient plus jamais leur place comme patineuses. “Après, j’ai réalisé que rien de tout ça n’était acceptable. Mais à ce moment-là, je suis tombée amoureuse. J’étais amoureuse.”
Les parents furieux
La relation n’a été dévoilée qu’après quelques mois, quand Lena s’est confiée à sa tante. “Ma mère et mon père étaient furieux. J’ai dû aller chez le médecin pour un dépistage d’IST. Et ce médecin a averti la police quand elle a su que c’était un homme de 27 ans.”
Audition filmée
La police a immédiatement pris l’affaire au sérieux. Lena a été convoquée pour une audition vidéo et a dû raconter dans les moindres détails ce qu’il s’était passé entre eux. J.B. a ensuite été arrêté et a passé cinq jours en prison. Lors d’une perquisition, des photos de Lena nue ont été trouvées sur l’ordinateur de l’intéressé. Outre du viol d’une enfant de moins de 16 ans, il a donc été accusé de possession de pédopornographie. Il doit répondre de ces allégations aujourd’hui devant le tribunal de Turnhout. Lena espère qu’il écopera d’une peine adéquate. “Car après son arrestation, il a crié sur tous les toits que j’étais amoureuse de lui et que j’avais inventé le reste de l’histoire pour attirer l’attention.”
Parias
Le monde du patinage a choisi son camp à lui. J.B. a pu continuer à travailler comme entraîneur et du jour au lendemain Léna n’était plus la bienvenue à la patinoire. Dans son club, comme dans les autres. Comme patineuse, mais aussi comme spectatrice. “Peu après son arrestation, nous voulions aller voir une compétition à Deurne”, relate la mère de la jeune fille. “J’ai reçu un petit mail de l’organisation qui disait texto: ‘Nous préférons que vous ne veniez pas, pour éviter les problèmes’. Ils ont tout couvert. J’espère qu’il n’a pas fait d’autres victimes entre-temps.”
“Il connaissait son âge”
La mère de Lena connaît la version des faits qui circule dans la sphère du patinage. “Je le sais bien: Lena était amoureuse de lui. Mais ce n’est quand même pas une excuse? Il y a plus d’adolescentes qui tombent amoureuses de leur entraîneur ou de leur professeur. Ce n’est pas punissable. Mais en tant qu’adulte avec une fonction d’autorité, répondre à ces avances, en profiter et menacer de conséquences si la fille ne fait pas ce que vous voulez: ça, c’est punissable. Sur Facebook, j’ai lu que “de nos jours, les adolescentes font souvent plus âgées que leur âge”, et qu’“un homme ne peut pas voir qu’une telle fille est mineure”. Mais J.B. était l’entraîneur de Lena. Il savait très bien qu’elle avait à peine 14 ans.”
“Il ne minimise pas”
Me Karolien Van de Moer, l’avocate de J.B. n’a pas voulu faire beaucoup de commentaires sur le fond, hier. “Je plaiderai l’affaire devant le tribunal, pas à l’avance dans les médias. Tout ce que je peux dire, c’est que mon client ne minimise absolument pas les choses. Il montre un sentiment de culpabilité et est préparé à prendre ses responsabilités.”
Abandonnée par la fédé
La famille de Lena ne se sent pas soutenue par la fédération belge de patinage artistique. Leur avocate a envoyé plusieurs e-mails à la fédération ces derniers mois, mais ils sont tous restés sans réponse. Une lettre recommandée est même retournée à l’expéditeur, non lue. Le président, Peter Riskin, n’a souhaité répondre à nos collègues que par écrit: “Après que notre fédération a été informée par la police, nous avons pris un certain nombre de mesures préventives. Celles-ci reposent sur une prudence générale, tant pour le coach concerné que pour les patineuses qu’il accompagne. Une fois que le juge aura statué sur ce dossier, nous étudierons le verdict et réévaluerons la situation. En attendant, notre fédération continuera de surveiller le respect des mesures imposées.”
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