La très lourde condamnation à 30 de prison de trois jeunes pour avoir fumé du cannabis ne passe pas. De nombreuses voix, notamment de la société civile, s’élèvent pour demander l’abrogation d’une loi jugée archaïque et accusée d’écraser la jeunesse tunisienne.
Le tribunal du Kef a retenu, selon les informations disponibles, un cumul d’infractions énoncées par la loi 52 : consommation de stupéfiants ; en bande organisée ; et facteur aggravant, dans un lieu public en l’occurrence un stade. Chacun des trois jeunes hommes a donc écopé de 30 ans de prison pour un joint.
La démesure de la sanction met en lumière la sévérité de cette loi de 1992, pourtant assouplie en 2017 afin d’introduire des circonstances atténuantes.
A l’origine du texte législatif, l’implication au début des années 1990, du frère du président Ben Ali dans un réseau de trafic de drogue international, connu sous l’appellation de « couscous connection. » Pour se démarquer des actes de son frère et couper court à toute insinuation sur l’implication du régime, l’homme fort de Carthage avait promulgué la très répressive loi 52.
Très vite, elle est utilisée pour incarcérer à tour de bras des voix opposantes. Des dizaines de milliers de jeunes ont vu leurs vies détruites par la prison. La fin de la dictature n’y a rien changé. Aujourd’hui encore, plus de 20% des personnes incarcérées en Tunisie le sont en vertu de cette loi.
Les appels à réformer ce texte d’un autre âge ne cessent de se multiplier ces derniers jours sur les réseaux sociaux. L’affaire doit être jugée en appel en février.
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