Dans une tournée frénétique des grandes matinales médiatiques américaines, Mike Pompeo s'était ensuite employé à souligner, sans contredire ouvertement le président américain, que Washington respecterait le «cadre de la loi». «Les Américains doivent savoir que nous les défendrons toujours et nous le ferons en respectant le droit international et la Constitution américaine», a-t-il lancé sur CNN. Sur ABC, il a renchéri : «Toute cible que nous pourrions frapper serait une cible légale», sans préciser les sites déjà identifiés. Menace «immorale» Viser des sites culturels constituerait un «crime de guerre», ont réagi non seulement le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif mais aussi, aux États-Unis, experts juridiques, anciens diplomates et membres de l'opposition démocrate.....targeted 52 Iranian sites (representing the 52 American hostages taken by Iran many years ago), some at a very high level & important to Iran & the Iranian culture, and those targets, and Iran itself, WILL BE HIT VERY FAST AND VERY HARD. The USA wants no more threats!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) January 4, 2020
International
Trump réaffirme ses menaces sur les sites culturels iraniens
Le président américain a menacé sur Twitter de frapper 52 sites culturels iraniens. Ces représailles pourraient constituer des crimes de guerre.
Cinquante-deux objectifs, comme les cinquante-deux otages de l'ambassade américaine pris en otage en 1979 à Téhéran. Donald Trump a réaffirmé dimanche 5 janvier au soir sa menace de frapper cinquante-deux sites culturels iraniens, malgré le tollé provoqué en Iran comme aux États-Unis, où de nombreuses voix l'accusent de vouloir perpétrer un crime de guerre.
Son chef de la diplomatie, Mike Pompeo, avait pourtant passé la matinée à marteler que les États-Unis respecteraient «le droit international» en cas de représailles contre Téhéran. Mais loin de se rétracter, le président américain a revendiqué ses propos dans la soirée. «On leur permet de tuer les nôtres. On leur permet de torturer et de mutiler les nôtres. On leur permet d'utiliser des bombes pour faire exploser les nôtres. Et on n'a pas le droit de toucher leurs sites culturels ? Ca ne marche pas comme ça», a-t-il déclaré à des journalistes à bord de l'avion présidentiel Air Force One.
La polémique est née d'un tweet dans lequel Donald Trump menaçait de viser 52 sites si la République islamique réagissait militairement pour venger la mort du puissant général Qassem Soleimani, tué vendredi en Irak par une frappe américaine. Ces 52 sites sont «de très haut niveau et très importants pour l'Iran et pour la culture iranienne», avait-il souligné.
S’il venait à passer à l’acte, Trump s’exposerait effectivement à l'accusation de crime de guerre. Depuis 2017 et le vote de la résolution 2347 à l'ONU, attaquer des sites du patrimoine culturel ou religieux «peut constituer, dans certaines circonstances et conformément au droit international un crime de guerre». Auparavant, les biens et des sites culturels étaient déjà protégés depuis 1954 par la Convention de La Haye, et depuis 1977 par les Conventions de Genève, sans que leur destruction ne constitue un crime de guerre.
Des internautes postaient des images de lieux historiques emblématiques de l'Iran, qui compte une vingtaine de sites classés au patrimoine mondial par l'Unesco, dont l'ancienne ville de Bam ou le vieux bazar de Tabriz.
Pour Nicholas Burns, ambassadeur américain à l'Otan sous le président républicain George W. Bush, la menace de Donald Trump «est immorale et va à l'encontre des valeurs américaines». Aujourd'hui professeur à l'université de Harvard, il a souligné que l'administration Trump avait soutenu une résolution destinée à empêcher le groupe État islamique (EI) de détruire des sites du patrimoine mondial, comme la cité antique de Palmyre, en Syrie.
Mohammad Javad Zarif a justement établi un parallèle entre les menaces de Donald Trump et l'EI. «Un rappel à ceux qui hallucinent en rêvant d'imiter les crimes de guerre de l'EI en ciblant notre héritage culturel : durant des millénaires au cours de notre histoire, des barbares sont venus et ont ravagé nos villes, rasé nos monuments et brûlé nos bibliothèques, a-t-il tweeté. Où sont-ils aujourd'hui? Nous sommes toujours là.» D'autres comparaient ces menaces à la destruction, par les talibans en mars 2001, des bouddhas géants de Bamiyan en Afghanistan.
La sénatrice Elizabeth Warren, bien placée dans la primaire démocrate devant désigner le candidat qui défiera Donald Trump lors de la présidentielle de novembre, a répondu directement au message du président sur Twitter : «Vous menacez de commettre des crimes de guerre. Nous ne sommes pas en guerre avec l'Iran. Les Américains ne veulent pas d'une guerre avec l'Iran.»
Mais un ancien haut responsable américain s'est montré plus sceptique. «Il me semble difficile de croire que le Pentagone fournisse à Trump des cibles qui incluraient des sites culturels iraniens, a tweeté Colin Kahl, ancien conseiller sur les questions de sécurité du vice-président démocrate Joe Biden. Trump se fiche peut-être des lois de la guerre mais pas les responsables et avocats du (ministère de la Défense)... Or viser des sites culturel constitue un crime de guerre.»
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