L‘exécutif fait bloc derrière la ministre de la Justice Nicole Belloubet, confrontée à un mouvement de revendication des surveillants pénitentiaires qui dure depuis deux semaines et dont l‘impact inquiète le contrôleur général des prisons. Pour Adeline Hazan, il est en effet urgent de sortir de ce conflit pour éviter que la situation ne devienne explosive dans les établissements pénitentiaires. “On est au bord de l‘explosion”, a-t-elle déclaré sur CNEWS.
“On a des appels de médecins qui disent qu‘ils ne peuvent plus rentrer dans les prisons pour soigner les détenus. Les détenus ne peuvent pas sortir en promenade, ne peuvent plus sortir de leur cellule, acheter de la nourriture (...), prendre de douche, voir leur famille.” “A mon avis, s‘il n‘y a pas de sortie de crise immédiate, il peut se passer n‘importe quoi dans les prisons”, a-t-elle ajouté. “Je commence à avoir du mal à comprendre ce que veulent les syndicats de surveillants.”
La direction de l‘administration pénitentiaire faisait cependant état vendredi matin d‘une diminution du nombre d’établissements touchés, sur les 188 que compte la France. La DAP mentionnait ainsi en début de matinée “40 établissements sans prise de service normale, contre 72 hier à la même heure”, une vingtaine de piquets au lieu de 84 jeudi et une diminution des interventions de gendarmes et policiers pour débloquer les accès ou suppléer les gardiens.
Mais selon la DAP, la mobilisation des surveillants semble désormais prendre la forme de congés maladie pour tenter de contourner les sanctions, notamment pécuniaires, que le ministère de la Justice a demandé à l‘administration d‘appliquer. “Les surveillants ont un statut spécial lié à la nature de leur fonction (...) Dans ce statut spécial, il n‘y a pas le droit de grève”, a souligné la garde des Sceaux sur Europe 1. “Ce sont jusqu’à présent des sanctions avec sursis.”
“Les arrêts maladie massifs sont considérés comme un arrêt concerté de travail”, a également averti Nicole Belloubet. “Nous opérerons vis-à-vis de ces arrêts de maladie massifs comme si c’était un arrêt concerté de travail.”
MACRON ET PHILIPPE SOUTIENNENT BELLOUBET
Deux des trois syndicats représentatifs des gardiens, le SNP Force ouvrière et la CGT pénitentiaire ont refusé jeudi de signer un nouveau projet d‘accord du ministère de la Justice. L‘Ufap-Unsa Justice, majoritaire, consulte pour sa part sa base mais a aussi appelé à poursuivre le mouvement. “Nous faisons des propositions très sérieuses en matière de sécurité, en matière indemnitaire, en matière de prise en compte de la profession”, a dit Nicole Belloubet.
Elle a souligné que le gouvernement proposait notamment, pour la première fois, un alignement de la prime de sujétion spéciale des surveillants de prison sur celle des policiers. “Donc j‘espère qu‘il y aura une prise de responsabilité, une prise de conscience, et que les surveillants pénitentiaires reprendront leur travail. C‘est indispensable pour la sécurité de notre société”, a-t-elle ajouté.
Le chef de l‘Etat et le Premier ministre ont réitéré jeudi leur soutien à Nicole Belloubet et ont appelé les gardiens de prison à la responsabilité. En marge de ses voeux aux agriculteurs à Saint-Genès-Champanelle, en Auvergne, Emmanuel Macron s‘est dit certain qu‘elle trouverait une solution négociée avec les syndicats. “Le Premier ministre comme moi-même avons pleine confiance et soutenons pleinement l‘action de la ministre”, a-t-il ajouté. De son côté, Edouard Philippe a jugé jeudi “tenables”, sur son compte Facebook, les propositions du gouvernement.
Le secrétaire général de la CFDT (qui n‘est pas un syndicat représentatif dans l‘administration pénitentiaire), a pour sa part estimé sur RTL que les propositions du ministère de la Justice constituaient des “avancées significatives”. “Mais il faut reconnaître qu‘on est dans une situation (...) où la nation a une demande accrue à l’égard de ses agents (...) et donc on a des gens qui sont à bout”, a dit Laurent Berger. Emmanuel Jarry, avec Brian Love, édité par Yves Clarisse
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