L'application TikTok accumule les polémiques dans le monde, de son interdiction pour les ados en Australie aux accusations d'espionnage aux Etats-Unis, en passant par l'Union européenne, où une enquête vient d'être ouverte après des soupçons d'ingérence étrangère en Roumanie.
. Campagne d'influence en Roumanie
Les autorités roumaines soupçonnent le candidat d'extrême droite Calin Georgescu, arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle en novembre à la surprise générale, d'avoir bénéficié d'une campagne de soutien illicite orchestrée par Moscou, notamment sur TikTok, propriété du groupe chinois ByteDance.
La Commission européenne a annoncé mardi l'ouverture d'une enquête qui portera notamment sur les systèmes de recommandation de TikTok, soupçonnés d'avoir été utilisés pour une "manipulation coordonnée".
Elle examinera aussi la gestion par la plateforme des "publicités politiques et des contenus politiques sponsorisés".
En cas d'infractions avérées, la Commission peut, en vertu du règlement sur les services numériques (DSA), infliger au contrevenant des amendes pouvant atteindre jusqu'à 6% de son chiffre d'affaires annuel. En cas de violations graves et répétées, les plateformes peuvent même théoriquement se voir interdire toute activité en Europe.
. Sur la sellette aux Etats-Unis
Aux Etats-Unis, une loi votée en avril oblige le propriétaire chinois de TikTok à céder d'ici le 19 janvier ce réseau social - accusé de permettre aux autorités chinoises de collecter indûment des données sur des utilisateurs américains -, faute de quoi la plateforme sera interdite sur le territoire.
L'application, qui revendique 170 millions d'utilisateurs actifs dans ce pays, a saisi lundi la Cour suprême des Etats-Unis pour demander la suspension de l'application de cette loi.
Elle dénonce "une restriction massive et sans précédent de la liberté de parole" et a contesté à plusieurs reprises avoir transmis des informations au gouvernement de Pékin.
Pour préserver leurs données, le gouvernement fédéral américain, la Commission européenne ainsi que le parlement et gouvernement britanniques avaient déjà interdit en 2023 le téléchargement et l'utilisation de TikTok sur les appareils professionnels de leurs employés.
. Interdite aux ados en Australie
Le réseau social, qui compte plus d'1 milliard d'utilisateurs actifs dans le monde, est particulièrement plébiscité par les jeunes, séduits par ses formats vidéos ultra-courts qui défilent en continu.
L'application surpasse tous ses concurrents par sa capacité à capter l'attention. En 2024, les utilisateurs d'Android l'utilisaient en moyenne pendant 34 heures chaque mois, selon un rapport de We Are Social.
Mais ce succès fulgurant s'accompagne de critiques.
Ses détracteurs accusent TikTok de cantonner ses utilisateurs dans des silos de contenus, via un algorithme opaque, et de favoriser la diffusion de la désinformation et de contenus illégaux, violents ou obscènes, en particulier auprès des jeunes.
En Australie, le Parlement a ainsi voté fin novembre une loi interdisant l'accès aux réseaux sociaux pour les moins de 16 ans, l'une des mesures les plus strictes au monde en la matière.
TikTok avait déjà été dans la tourmente au printemps dernier lorsque l'entreprise avait lancé en France et en Espagne une fonction de sa nouvelle application TikTok Lite, qui récompensait les utilisateurs pour le temps passé devant les écrans, déclenchant l'ouverture d'une enquête par Bruxelles.
La Commission européenne avait alors estimé que le mécanisme posait "des risques graves pour la santé mentale des utilisateurs".
"Le temps de cerveau disponible des jeunes Européens n'est pas une monnaie d'échange pour les réseaux sociaux", avait fustigé sur X le commissaire européen au Numérique de l'époque, Thierry Breton.
Le réseau social avait ainsi dû rétropédaler et annoncé le retrait définitif de ce programme de récompenses.
. Menace pour l'ordre public ?
TikTok a été interdit à plusieurs reprises, de façon définitive ou temporaire, lors d'événements violents.
L'application a ainsi été suspendue temporairement par le gouvernement français en mai en Nouvelle-Calédonie lors d'émeutes meurtrières contre un projet de réforme électorale.
Au Népal, TikTok, accusé de perturber "l'harmonie sociale", a été interdit entre novembre 2023 et août 2024.
Cette suspension, condamnée par les défenseurs de la liberté d'expression, faisait également suite à une manifestation antigouvernementale dont le leader était populaire sur TikTok.
Le réseau social est par ailleurs interdit depuis 2020 en Inde, après des affrontements meurtriers à la frontière avec la Chine.
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