Les pays les plus riches du monde se réunissent aujourd’hui à Heiligendamm en Allemagne pour dresser un état des lieux de notre planète et proposer des solutions. Cette année encore l’Afrique figure à l’agenda de la réunion du G8 et plusieurs chefs d’Etat africains, dont le Président Abdoulaye Wade, ont été invités à y participer.
Il y a deux ans, au sommet de 2005 de Gleneagles, le G8 avait promis d’augmenter son aide de 50 milliards de dollars à l’horizon 2010. Sur ce montant, 25 milliards étaient destinés au continent africain. Deux ans après, les membres du G 8 sont bien loin du compte. A ce rythme, les promesses ne seront simplement pas tenues. Selon le dernier rapport d’Oxfam « Le Monde attend toujours », publié il y a un mois, le G8 pourrait manquer son objectif de près de 30 milliards de dollars. En effet, malgré les intentions affichées, le montant de l’aide accordée au continent africain stagne depuis 2005.
Cette situation ne saurait perdurer. Les statistiques que nous lisons tous les jours sont particulièrement déprimantes. Chaque jour, 50.000 personnes meurent dans le monde de maladies que l’on peut prévenir. Près de 80 millions d’enfants ne verront jamais l’intérieur d’une salle de classe. Notre région, l’Afrique de l’ouest et centrale, est particulièrement touch é e. Seul 56% de nos enfants finissent l’école primaire. Dans certains pays, une personne sur deux boit une eau impropre à la consommation. Beaucoup de pays font des efforts pour investir dans l’éducation et la santé, mais ils ne pourront atteindre les objectifs du Millénaire pour le Développement sans une hausse significative de l’aide notamment celle du G8.
Il est vrai que des initiatives ont été annoncées. Depuis 2005, le G8 a annulé une partie importante de la dette et notre sous-région en a profité. La semaine dernière, le gouvernement allemand a annoncé une hausse annuelle de 750 millions d’euros de son aide à partir de 2008 et pour une p ériode de quatre années. Cette initiative allemande fait suite à la d écision prise par les Etats-Unis d’accroitre leur aide en direction du continent africain pour l’éducation et la lutte contre le Sida. Ces mesures constituent des pas dans la bonne direction et devraient inspirer d’autres pays, mais elles ne suffisent pas.
Il est donc clair que les pays riches doivent faire plus en matière d’aide. Cependant, ce serait une grave erreur de croire qu’une hausse de l’aide suffirait à sortir notre continent du piège mortel de la pauvreté et de la marginalisation économique. Il convient aussi et surtout de faire en sorte que des règles équitables soient mises en place en ce qui concerne le commerce mondial. L’Union européenne, dont une bonne partie des pays du G8 sont membres, est en train de pousser à la signature, par les pays ACP et notamment ceux de notre sous-r égion, des Accords de Partenariat Economique avant le 31 décembre 2007. Ces accords constituent une véritable menace pour l’avenir des économies de la sous-région dans la mesure où ils ne visent qu’à l’ouverture des marchés des pays ACP pour les produits européens.
L’Afrique n’a pas besoin d’un accord commercial avec l’Europe, mais d’un véritable accord de développement qui renforce l’intégration. Il est encore temps d’arrêter ce processus et de le réorienter dans ce sens.
Nous espérons que le sommet Heiligendamm va marquer un départ vers une nouvelle ère, une ère ou les promesses seront tenues. Les populations africaines et celles de notre région en particulier, la plus pauvre du monde, n’en peuvent plus d’attendre. Le G 8 doit maintenant de passer à l’acte. Les discours ne suffisent plus.
* Natasha Kofoworola Quist est directrice régionale de Oxfam GB pour l’Afrique de l’Ouest. Oxfam intervient dans la lutte contre la pauvreté dans 9 pays de la sous-région.
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