Ce samedi 16 mars, les Slovaques se rendent aux urnes pour le premier tour de l'élection présidentielle. Ce vote pourrait finalement porter à la tête de l'Etat une avocate libérale environnementaliste, critique d'un gouvernement mis à mal par l'affaire du meurtre en 2018 d'un journaliste d'investigation, Jan Kuciak.
Les sondages donnent à Zuzana Caputova, 45 ans, cheffe adjointe du parti Slovaquie progressiste, non représenté au Parlement, une avance à deux chiffres sur Maros Sefcovic, 52 ans, vice-président de la Commission européenne soutenu par le parti au pouvoir Smer-SD. Appuyée par le président sortant Andrej Kiska, Mme Caputova appelle à « lutter contre le mal » et veut rétablir la confiance dans l'Etat. Elle pourrait également bénéficier d'un coup de pouce de dernière minute, après l'annonce jeudi de l'inculpation d'un homme d'affaires, soupçonné d'avoir des liens avec le Smer-SD, pour avoir ordonné l'assassinat du journaliste Jan Kuciak l'an dernier, un crime qui a provoqué une crise politique dans ce pays de 5,4 millions d'habitants, membre de l'Union européenne et de l'Otan.
Cependant, les électeurs pourraient aussi interpréter cette inculpation comme un signe du bon fonctionnement du gouvernement. « Caputova attire ceux qui ont horreur de la corruption et qui sont mécontents de ce qu'ils considèrent comme un gouvernement qui pense plus à lui-même qu'aux intérêts des citoyens », a déclaré à l'AFP Kevin Deegan-Krause, expert de l'Europe centrale à la Wayne State University à Détroit. De son côté, « Sefcovic lance un appel à ceux qui sont satisfaits du progrès d'un pays qui, selon de nombreux indices, s'est porté pas mal du tout au cours de la dernière décennie », a-t-il encore ajouté. Onze autres candidats participent à cette élection, mais personne ne semble en mesure de l'emporter au premier tour. Le deuxième est prévu le 30 mars.
Un homme d'affaires inculpé
Le 14 mars, à deux jours du scrutin, le parquet a relancé l'affaire Kuciak en inculpant l'homme d'affaires Marian Kocner, accusé d'avoir ordonné le meurtre du journaliste. Avant sa mort, Jan Kuciak s'apprêtait à rendre public un rapport sur les liens présumés entre des hommes politiques slovaques et la mafia italienne ainsi que sur des fraudes autour des fonds européens. Dans ses articles, il a parlé entre autres de Marian Kocner, propriétaire de plusieurs sociétés immobilières.
La forte vague d'indignation qui a déferlé sur le pays a provoqué la démission du Premier ministre Robert Fico qui reste cependant chef du parti Smer-SD (populiste de gauche) au pouvoir et proche allié de l'actuel Premier ministre Peter Pellegrini. En 2018, quatre personnes ont été inculpées pour ce meurtre. « Avec cette annonce, les autorités ont peut-être voulu montrer à quel point l'Etat fonctionnait efficacement, afin d'aider Sefcovic à gagner des points », estime Grigorij Meseznikov, analyste basé à Bratislava. Mais « cela pourrait aussi être considéré comme une légitimation de Mme Caputova qui symbolise le changement », a-t-il ajouté.
(avec AFP)
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