Loquace lors de son premier interrogatoire il y a un mois, Salah Abdeslam donnera-t-il de nouvelles réponses ? Le principal accusé au procès des attentats du 13-Novembre a commencé à être de nouveau interrogé mardi, cette fois sur son rôle dans les préparatifs des attaques jihadistes.
Celui qui a boudé l'audience toute la semaine dernière en raison, selon sa défense, de "difficultés" liées au changement d'escorte policière a pris place dans le box des accusés à l'ouverture des débats, en début d'après-midi.
Chemise à petits carreaux gris clair, gel dans les cheveux, masque sombre sur le visage, il s'est levé à l'appel du président de la cour d'assises spéciale de Paris, Jean-Louis Périès.
Les bancs de la grande salle du palais de Justice sont clairsemés pour ce deuxième interrogatoire, au cours duquel la cour doit le questionner sur toute la logistique mise en place par la cellule jihadiste dès le mois d'août 2015.
Le 9 février, pour son premier interrogatoire sur le fond du dossier, le seul membre encore en vie des commandos qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis, resté mutique pendant les cinq ans d'enquête, s'était longuement expliqué.
Devant une salle d'audience pleine, le Français de 32 ans avait même devancé de quelques semaines le calendrier de la cour d'assises spéciale de Paris, en laissant entendre qu'il avait fait "marche arrière" et renoncé à actionner sa ceinture d'explosifs le soir des attentats.
Les interrogatoires sur ces ultimes préparatifs et la soirée du 13 novembre 2015 ne sont prévus qu'à la fin du mois de mars.
Les questions au principal accusé devraient être nombreuses, son nom étant apparu dans chacun des exposés des enquêteurs belges auditionnés depuis Bruxelles sur les différents actes préparatifs des attaques.
Chauffeur de convois?
Il est notamment reproché à Salah Abdeslam d'avoir loué sous sa vraie identité plusieurs voitures, qui ont servi à trouver des planques en Belgique et aux déplacements d'une cache à une autre. Il est également soupçonné de deux déplacements en France pour rechercher des explosifs.
Enfin, il est imputé à Salah Abdeslam cinq convois à travers l'Europe pour aller chercher les futurs auteurs des attentats arrivés de Syrie et les acheminer jusqu'en Belgique.
Le principal accusé conteste certains de ces trajets, notamment celui ayant permis le rapatriement du "trio" de terroristes du Bataclan en septembre 2015.
Face aux enquêteurs belges, ses avocats ont mis en doute la "solidité" des investigations, reposant essentiellement sur la téléphonie.
L'accusation se base notamment sur l'absence d'activité de sa ligne habituelle lors des différents allers-retours et sur l'hypothèse qu'il ait utilisé à chaque fois un téléphone dédié, avec lequel il était en contact avec un coordinateur resté en Belgique.
Mais sans ces échanges, sans contrôles d'identité sur les trajets, quels sont les "éléments objectifs" pour dire qu'il a été à cinq reprises le chauffeur du convoi, ont demandé les avocats de Salah Abdeslam, Mes Olivia Ronen et Martin Vettes.
Outre Salah Abdeslam, la cour d'assises spéciale doit également interroger mardi Mohammed Amri. Viendront ensuite les tours de leurs coaccusés. Deux d'entre eux, le Belgo-Marocain Mohamed Bakkali et le Suédois Osama Krayem, ont jusque-là exercé leur droit de se taire.
Deux autres phases d'interrogatoires sont attendues avant la fin du procès, prévue le 24 juin.
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