Les protagonistes du dossier du Sahara occidental se sont retrouvés pendant deux jours à Genève sous l’égide des Nations unies. Un rendez-vous pour remettre sur les rails un processus au point mort depuis 2012. Si la rencontre s’est déroulée sans heurts, aucune véritable avancée n’a été effectuée. Seul annonce, une prochaine réunion se tiendra lors du premier trimestre 2019.
De nos envoyées spéciales à Genève,
Un rendez-vous « sans pression », c’est ainsi que cette table ronde de Genève était présentée dès son annonce par des sources diplomatiques qui prévenaient : il ne faut pas en attendre beaucoup. Et elles avaient raison. L’émissaire des Nations unies pour le Sahara occidental, Horst Kohler, en charge du dossier depuis un peu plus d’un an n’avait pas mis la barre très haute. Son objectif était avant tout de réunir autour d’une même table les acteurs du dossier. Mission réussie puisque pendant deux jours à Genève le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie se sont retrouvés et ont discuté.
A la conférence de presse finale, le mot « succès » est revenu plusieurs fois de la part de l’ONU, du Maroc et du Front Polisario. Pour Horst Kohler tout d’abord, ces deux jours de réunion ont été intenses. « Ma conviction demeure qu’une solution pacifique à ce conflit est possible », a déclaré l’ex-président allemand. « D’après nos discussions, il est clair pour moi que personne ne gagne à maintenir le statu quo ».
Des bonnes volontés affichées
Toutes les parties ont d’ailleurs signé le communiqué final. Elles reconnaissent « que la coopération et l'intégration régionale, plutôt que la confrontation, étaient les meilleurs moyens de relever les nombreux et importants défis auxquels la région est confrontée ». Et en conférence de presse, le Maroc et le Front Polisario ont salué la sincérité des échanges, un certain engagement, la bonne atmosphère et les volontés de part et d'autre.
Des déclarations pleines de bonnes intentions même si la réalité de ces deux jours de discussions n’a pas été si simple. Effectivement, à Genève, les délégations sont venues. Après quelques rebondissements protocolaires, une fois que les questions du plan de table et les étiquettes ont été réglées, tous ont bien accepté de s’asseoir autour de la table. Chaque pays a même dressé son bilan de la situation, mais tout le monde a convenu que personne n’était d’accord. Et les protagonistes se sont séparés, deux heures plus tôt que prévu.
La résolution 24.40 des Nations unies
La question du statut du Sahara occidental n’a pas été évoquée, tout comme le partage des richesses ou bien la situation des réfugiés. C’est la résolution 24.40 du Conseil de sécurité de l’ONU qui a finalement retenu toute l’attention des participants. Une résolution, vraisemblablement libre d’interprétation, puisque Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères, estime qu’elle ouvre la voie à une autonomie du Sahara occidental, quand Khatri Addouh, président du Parlement de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) y a salué l’engagement des Nations unies pour un référendum d’autodétermination.
Si tous les participants ont été invités à s’exprimer, les sujets qui fâchent n’ont donc pas été abordés. C’est d’ailleurs au moment où les gages de bonne volonté ont été évoqués que les choses se sont tendues. Le Front Polisario a évoqué la libération des prisonniers politiques sahraouis, la possibilité que des observateurs des droits de l’homme des Nations unies puissent se rendre au Sahara occidental ou encore que le CICR procède à la recherche des personnes disparues durant le conflit armé qui s’est achevé en 1991. Des propositions balayées d’un revers de main par Nasser Bourita qui a demandé que l’on fasse table rase du passé pour se concentrer sur l’avenir.
Pas de tiret à part Maroc-Algérie
Enfin dernier aspect de cette réunion, de nombreux observateurs attendaient de savoir si les tensions bilatérales entre le Maroc et l’Algérie allaient s’inviter à la réunion de Genève. Le Maroc estime que dans ce dossier du Sahara occidental, son voisin a une « responsabilité flagrante » et qu’il soutient le Front Polisario. Une problématique qui empoisonne les relations entre les deux pays. Mais si les avantages économiques de travailler ensemble ont été mis en avant lors de cette réunion, notamment par Horst Kohler, il n’a pas été question de leur relation bilatérale. Le chef de la diplomatie marocaine a d’ailleurs déclaré en conférence de presse « que ce n’était pas le lieu ». Quant à la délégation algérienne, elle ne s'est pas du tout exprimée publiquement durant ces deux jours.
Finalement, le but de cette rencontre était de pouvoir en prévoir une autre. C’est chose faite puisque les délégations se sont engagées à se revoir, sur le même format, durant premier trimestre 2019. C’est-à-dire avant que le Conseil de sécurité des Nations unies se penche sur le renouvellement du mandat de Mission de l’ONU au Sahara fin avril prochain, mais probablement après le prochain sommet de l’Union africaine prévu fin janvier à Addis-Abeba, en Ethiopie, où le Maroc et la RASD siégeront dans le même hémicycle.
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