En ne proposant, jusqu'en 2007, que des concessions perpétuelles, la municipalité a provoqué la saturation des cimetières et l'envolée des prix.
Entre 2008 et 2017 les prix des emplacements funéraires dans les cimetières de la capitale ont littéralement explosé, révèle un rapport de la chambre régionale des comptes. À ce titre, une concession perpétuelle de 2 m² acquise dans un des quatorze cimetières intra-muros coûte aujourd'hui 15.528 euros, contre 11.086 euros en 2008 ; soit une évolution de 40%. Sur cette même période, les prix des concessions extra-muros ont augmenté dans les mêmes proportions. Ainsi, une concession perpétuelle de 2m² dans les cimetières de Bagneux, Saint Ouen, la Chapelle et Ivry passait de 5542 à 7760 euros et celle des cimetières de Pantin et de Thiais de 2770 à 3872 euros.
Pour les auteurs du rapport, cette situation s'explique par le fait que, jusqu'en 2007, seules les concessions funéraires perpétuelles étaient proposées et vendues aux familles. C'est-à-dire des concessions «éternelles». «En 2002 la collectivité avait envisagé de mettre un terme à la vente de ces concessions […] La Ville a sollicité en 2007 l'avis du comité parisien d'éthique funéraire. Celui-ci ayant rendu un avis défavorable, elle a renoncé à supprimer les concessions perpétuelles», explique l'étude. Conséquence directe: 97% des concessions sont perpétuelles et les cimetières parisiens sont désormais saturés. Comme ces derniers sont cernés par les habitations, ils ne peuvent plus être agrandis. Donc les prix explosent.
Des concessions à durées variables
Toutefois, une concession perpétuelle peut arriver à échéance s'il est avéré que la sépulture est en état d'abandon, après trente ans. Dans ce cas, la municipalité peut récupérer l'emplacement afin de le remettre sur le marché. Par ailleurs, si la procédure de 2007 a échoué elle a tout de même rendu possible la vente de concessions à durée limitée. «Désormais la Ville de Paris propose dans tous les cimetières, intra-muros et extra-muros, des concessions décennales, trentenaires, cinquantenaires et perpétuelles», souligne le rapport. Ainsi depuis 2010, les concessions décennales représentent - en fonction des années - 45 à 50% des ventes. Mais la situation reste critique.
«Compte tenu de l'augmentation attendue de la mortalité à Paris et de ses conséquences pour le nombre d'inhumations, la Ville devra adopter une programmation des reprises de concessions à moyen terme pour l'ensemble de ses cimetières pour pouvoir faire face au besoin de nouveaux emplacements dans les prochaines décennies», suggère ainsi la chambre régionale des comptes. Par ailleurs, si la ville procède chaque année à des centaines de reprises, celles-ci ne permettent pas toujours la réattribution de nouvelles concessions. En effet, plusieurs cimetières parisiens font l'objet de protections, au titre des monuments historiques. Et la démolition de monuments - a fortiori remarquables - est compliquée.
2 Commentaires
Anonyme
En Octobre, 2018 (16:40 PM)Anonyme
En Octobre, 2018 (20:45 PM)Participer à la Discussion