Alors que la centrale de Tchernobyl a été libérée des forces russes au début du mois d’avril, Valery Semenov, lui, ne pourra jamais oublier ce qu'il a vécu. Cet ingénieur en chef de la centrale ukrainienne a été détenu pendant 45 jours par des soldats russes. Au micro de BFMTV, l’homme a accepté de revenir sur cette prise d'otage. “Je ne sais pas comment j’ai tenu. J’ai puisé dans mes réserves”, avoue-t-il.
Le 1er avril, les Russes ont officiellement quitté la centrale de Tchernobyl qu’ils occupaient depuis le début de l’invasion de l’Ukraine le 24 février dernier. En quittant la centrale, les Russes se sont livrés au “pillage de locaux, vol des équipements et d’autres objets précieux”. Ils ont également fait sauter un pont et ont posé de nombreuses mines et des pièges autour du site nucléaire.
Le départ des forces russes a été vécu comme une libération pour Valery Semenov, au sens propre du terme. Cet ingénieur en chef de Tchernobyl a été pris en otage par les envahisseurs dès le premier jour. Au micro de BFMTV, l’homme se souvient de l’arrivée des chars russes. “Sur une caméra, j’ai vu un tank arriver”, explique-t-il. Il a ensuite repéré neuf personnes habillées en noir tentant d’entrer dans la centrale.
Une fois à l’intérieur, l’armée russe a pris en otage 200 employés et 150 personnes en charge de la sécurité. “Ces 25 premiers jours, je n’ai dormi que 3 heures par nuit en position assise. Je devais être partout à la fois pour assurer la sécurité de la centrale”, raconte Valery Semenov. Les conditions de vie étaient, comme on peut se l’imaginer, très précaires.
“J’ai puisé dans mes réserves”
“Je ne sais pas trop comment j’ai tenu, mes collègues m’ont beaucoup aidé, j’ai puisé dans mes réserves. Mes 30 années à la centrale m’ont préparé à ce que je viens de vivre”, ajoute Valery Semenov. “Je connaissais parfaitement tous les gens sous mes ordres, ils sont presque ma famille. Cela m’a aidé.”
Le 9 mars, une panne d’électricité est survenue dans la centrale de Tchernobyl, le risque nucléaire était donc bien réel. Conscient du danger, l’ingénieur a négocié avec les Russes pour pouvoir raccorder le système électrique de la centrale au réseau biélorusse. “Aucun des envahisseurs n’a réussi à rentrer dans la pièce de commandement spécial”, affirme-t-il. “Aujourd’hui, je ne sais même pas comment c’est possible, ils auraient pu faire un acte de sabotage, mais on ne les a pas laissé faire. Je n’aime pas trop me mettre en avant, mais à chaque fois, je me mettais en travers de leur chemin pour les dissuader d’entrer, je montais la garde.”
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L'homme se souvient également de la libération de la centrale par l’armée ukrainienne. “Quand ils ont hissé le drapeau (ukrainien), c’était vraiment incroyable, on avait les larmes aux yeux, mais c’est quand ils ont parlé ukrainien via la communication interne que c’était vraiment fou”, confie-t-il. “Je n’ai même pas de mots pour décrire ce que j’ai ressenti, je me sentais reboosté psychologiquement."
L'homme conclut en assurant que la situation est stable dans la centrale. “La station est aussi sûre qu’avant. Seuls quelques éléments techniques ont été endommagés par les Russes. Les équipements eux n’ont pas été touchés. On a tenu grâce au personnel et à la fiabilité des équipements."
4 Commentaires
Deugg Sandey
En Avril, 2022 (06:06 AM)Reply_author
En Avril, 2022 (09:00 AM)Participer à la Discussion