Comme si les malheurs d'un Bac aussi tordu que le jeu de pourriture des autorités sur la crise du secteur de l'Education ne suffisaient pas à leurs malheurs, les candidats aux postes, actuellement très rémunérateurs, de la Fonction publique classique devront encore souffrir du climat d'incertitudes qui plane sur tous les secteurs de la vie publique. Excepté le cas notoire du Centre de formation judiciaire (Cfj) dont la dernière promotion est sortie cette année, ça ne recrute pratiquement plus dans le cadre des hauts fonctionnaires de l'Etat. Encore qu'il faille un peu s'arrêter sur le cas du Cfj pour signaler que la réduction drastique de la coopération française, depuis le départ de la ‘très regrettée’ Louis Avon, a porté un sérieux coup à la qualité de la formation de nos juges avec des stages étrangers réduits à leur strict minimum, une crème de la magistrature qui a quitté la formation au profit d'intérêts plus substantiels. Si bien que dans l'Administration de la justice, des voix autorisées n'hésitent pas à voir, plutôt que la corruption, dans certaines curieuses décisions de la nouvelle génération une ‘formation au rabais’ que ne cessent d'aggraver, par ailleurs, les crises cycliques qui gangrènent l'Education de manière globale.
Pour en revenir aux concours administratifs, il y a lieu de relever que le dernier recrutement auquel l'Ecole nationale d'administration (Ena) a procédé remonte aux postes de l'année budgétaire 2004, qui plus est organisé en 2005 pour cause de retards, la session 2005 elle-même, encore moins celle de 2006, n'étant pas encore à l'ordre du jour. De sorte qu'à la faveur de ces chevauchements ‘sessionnels’ des recrutements, les chances des candidats, tant professionnels que directs, sont sérieusement obérées par la limite d'âge et, dans une moindre mesure, par le ‘boostage’ à retardement du nombre de postulants aux responsabilités publiques.
Rançon des lenteurs insupportables d'une machine administrative de plus en plus grippée par les soubresauts et autres intempéries de la conjoncture politique, le directeur de l'Ena se voit toujours obligé de s'époumoner derrière une autorisation primatoriale, condition sine qua non pour ouvrir ses portes à ceux qui désirent entrer dans cette prestigieuse pépinière des cadres de l'Afrique occidentale française. L'attente est en effet tellement longue que l'expédient trouvé pour tromper l'impatience des ‘goorgorlus’ et autres ambitieux pressés de devenir inspecteurs des impôts, des douanes, du trésor ou autres administrateurs civils, consiste à leur conseiller de se munir d'ores et déjà des éléments du dossier de candidature qui ne tombent pas sous le coup de la fameuse péremption ou prescription de temps. Et dire que l'organisation du concours en tant que tel génère beaucoup de revenus liés aux droits élevés d'inscription, lesquels peuvent avoisiner les 10 000 F par candidat, pour une moyenne d'environ 6 000 déclarations, compte non tenu des nombreux rejets de dossiers pour non conformité aux textes.
Les enseignants, du fait sans doute de leur grand nombre, paient le plus lourd tribut de ce blocage de l'Ena consécutif au défaut de l'arrêté primatorial devant préciser les conditions et définir les modalités d'organisation du concours d'entrée à l'Ena. Pourtant ils ne sont pas mieux lotis que leurs concitoyens qui aspirent au très prisé contrôle des comptes publics. Depuis 2003 en effet la Cour des comptes, qui a pourtant grand besoin de ressources humaines, n'arrive pas à ouvrir ses portes pour défaut de locaux où mettre ses nouvelles recrues. Les crédits sont disponibles mais ce corps du ministère de l'Economie et des Finances souffre d'une exiguïté quasi-endémique.
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